Le ROI du Social Media
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LE ROI DU SOCIAL MEDIA
Entreprise :
Mission : Assistant Social Media Lead
Maître d’Apprentissage : Sébastien PETIT
Professeur Tuteur : Thierry SAINT LUC
Mémoire « Master en Management »
PGE3 2012 / 2013
Réalisé par Thibaut Hamon
Déposé le : 27/06/2013
Exp
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Pro
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Altern
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Mémoire – Le ROI du Social Media
1
Remerciements
Je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m'ont apporté leur
aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce mémoire.
Je tiens à remercier Sébastien Petit, qui, en tant que maître d’apprentissage, s'est toujours
montré à l'écoute et disponible tout au long de la réalisation de ce mémoire.
Mes remerciements s’adressent également à mon professeur tuteur Thierry Saint-Luc pour
m’avoir guidé dans mon travail et aidé à trouver des solutions pour avancer.
J'exprime ma gratitude à tous les experts Social Media : Thomas Felpeto de Twitter, Olivier
Godest de Brainsonic, Thomas Reddon de Facebook et Olivier Sinson de LinkedIn,
rencontrés lors des recherches effectuées et qui ont accepté de répondre à mes questions.
Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m'ont
soutenu et encouragé au cours de la réalisation de ce mémoire.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Table des matières Introduction ................................................................................................................................ 4
Partie 1 : Cadre de l’étude, contexte et problématique .............................................................. 6
Panorama des réseaux sociaux : un écosystème en perpétuelle évolution ............................. 6
Un quatuor de tête bien ancré ............................................................................................. 7
Définition des termes .............................................................................................................. 9
Le ROI ................................................................................................................................ 9
Le Social Media ................................................................................................................ 10
Marques et réseaux sociaux : une copie à revoir .................................................................. 11
Partie 2 : Le ROI du Social Media aujourd’hui : Constat, prise de conscience et critiques .... 17
Pour les annonceurs : une réflexion de plus en plus aboutie ................................................ 17
Pour les plateformes : un modèle économique en mutation ................................................. 21
Communauté d’experts : points de vue divergents sur le rôle du Social Media .................. 24
Calculer le ROI des médias sociaux est une absurdité...................................................... 24
Le calcul du ROI passe par d’autres indicateurs ............................................................... 25
Calculer un ROI Social Media devient une réalité ........................................................... 27
Partie 3 : Le ROI du Social Media, un concept en pleine mutation ......................................... 29
Légitimer le Social Media par le ROI .................................................................................. 29
Désacraliser le calcul du ROI ............................................................................................... 30
Le ROI c’est avant tout le RONI .......................................................................................... 31
Tout n’est pas qu’une question de ROI ................................................................................ 32
Un juste milieu à trouver ...................................................................................................... 32
Recommandations dans le calcul du ROI pour une entreprise comme Microsoft ................... 34
Recueillir des données financières ....................................................................................... 34
Contourner ce calcul par des approches connues ................................................................. 36
Quelles tendances dans la mesure du ROI Social Media demain ? ...................................... 38
Les technologies mobile feront le lien entre le monde online et celui offline .................. 38
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Les nouvelles technologies connecteront les clients à plusieurs écrans. .......................... 39
Les données clients aideront dans la prédiction d’achats des consommateurs. ................ 39
Le Social Media fera partie intégrante de l’entreprise qui abandonnera une organisation
en silo. ............................................................................................................................... 39
Bibliographie : .......................................................................................................................... 41
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Introduction
Qualifiés de phénomène durant ces cinq dernières années, force est de constater que les
réseaux sociaux s’imposent de plus en plus dans le quotidien des gens et entre même
aujourd’hui dans l’inconscient collectif. Les plus sceptiques ne peuvent que l’admettre
aujourd’hui : on ne parle plus d’un simple phénomène. Les réseaux sociaux font partie
intégrante de ce que l’on appelle les médias sociaux. Oui, ceux-ci sont donc placés à côté des
médias traditionnels que sont la presse écrite, la radio ou encore la télévision. C’est donc
naturellement que les entreprises se sont posé la question de se servir de ce nouveau média
pour communiquer. De plus, les marques peuvent enfin toucher du doigt un rêve jusqu’ici
inaccessible : cibler au maximum les consommateurs selon leur profil, leurs centres d’intérêt
et donc adapter au cas par cas le message proposé. En quelque sorte un marketing direct
touchant une masse d’utilisateurs. Car c’est aussi tout l’intérêt des réseaux sociaux. Ces
derniers ne cessent de croître et ont atteint pour le plus populaire d’entre eux, Facebook, 1
milliard d’utilisateurs.1 Les marques se sont alors ruées sur la poule aux œufs d’or sans
forcément se soucier des spécificités et des codes liés à ce nouveau média. Avant de se lancer,
elles n’ont même pas cherché à connaître quel serait leur retour sur investissement. Ce n’est
que depuis un peu moins de 3 ans qu’outre Atlantique les premiers experts se sont posé la
question du réel intérêt pour une marque d’investir les réseaux sociaux. Faut-il y rechercher
un retour sur investissement financier ? N’ont-ils qu’un intérêt en termes d’image et de
notoriété de marque ? C’est bien là tout le problème et les raisons qui m’ont poussé à le
choisir sont multiples. D’une part par sa forte controverse, sa complexité à trouver une
réponse unique et acceptée par l’ensemble des experts, les avis étant très divergents. D’autre
part car il devient urgent pour les entreprises de justifier ces investissements toujours plus
importants sous peine de les voir disparaître à terme. Une réelle prise de conscience s’est
effectuée et cette question du ROI représente aujourd’hui un de leurs objectifs stratégiques
prioritaires. Ce sujet est donc pertinent pour l’ensemble des entreprises quelques soient leur
secteur d’activité et leur cible marketing. Cela veut donc dire qu’il l’est également pour
l’entreprise dans laquelle je travaille actuellement, Microsoft. Si nous avons beaucoup avancé
dans ce domaine cette année au sein de la filiale France, beaucoup de questions restent en
suspens. C’est pourquoi la problématique de mon mémoire sera centrée sur cette entreprise :
1 latribune.fr, 04/10/12, Facebook : 1 milliard d'utilisateurs, soit 16 fois la France,
http://www.latribune.fr/technos-medias/20121004trib000722917/facebook-1-milliard-d-utilisateurs-soit-16-fois-
la-france.html
Mémoire – Le ROI du Social Media
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En 2013, est-il envisageable et comment de définir un ROI lié à l’activité du Social
Media dans une entreprise de l’envergure de Microsoft ?
Pour y répondre, mon mémoire s’articulera en 3 grandes parties. La première s’intéressera à
l’écosystème que représentent les réseaux sociaux aujourd’hui et comment les marques se les
sont appropriés dans un premier temps. Elle sera aussi l’occasion de définir les termes
essentiels à ma problématique. La deuxième partie rentrera dans le vif du sujet en synthétisant
ce qu’il est possible de faire en terme de ROI sur les réseaux sociaux en 2013 grâce à la prise
de conscience des différents acteurs ainsi que par ce qui est dit par la communauté d’experts
sur ce sujet. Dans la troisième partie, en me servant du travail effectué auparavant je
développerai ma propre prise de position sur la question, donnerai des solutions et introduirai
une série de recommandations. La conclusion de ce travail sera justement l’occasion de
développer ce point et de se projeter dans un futur proche.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Partie 1 : Cadre de l’étude, contexte et problématique
Panorama des réseaux sociaux : un écosystème en perpétuelle évolution Depuis leur avènement, les médias sociaux sont en constante évolution. Chaque année, de
nouveaux acteurs apparaissent tandis que d’autres disparaissent. La fréquentation des réseaux
sociaux dominants comme Facebook ou Twitter explose chaque année et l’on peut se
demander où s’arrêtera cette folle progression. Si la description qui en sera faite aujourd’hui
ne sera pas exhaustive, elle en présentera les grandes lignes ainsi que les grandes tendances à
venir.
En 2013, les experts du Social Media s’accordent à dire que les médias sociaux sont découpés
en 4 grandes catégories. On retrouve tout d’abord les réseaux sociaux dit de publication. Ce
segment regroupe donc les blogs, un outil de publication permettant à quiconque (particulier,
groupe d’individus, entreprise…) d’échanger, commenter et partager du contenu, selon sa
propre ligne éditoriale. Cette simplicité et liberté d’usage impliquent pour l’auteur d’assumer
la responsabilité des propos publiés sur son blog, même s’il est possible de rester anonyme.
On y retrouve Overblog, Wordpress et Wikipédia pour les plus gros acteurs. Vient ensuite le
segment qui a énormément progressé ces derniers mois : celui du partage. On y retrouve les
réseaux sociaux du type Pinterest, Instagram ou encore Vine qui bénéficient d’un incroyable
engouement de la part des utilisateurs. Les communautés de partage de contenu ne s’arrêtent
pas aux photos. L’écosystème de ce type de réseau s’étoffe de mois en mois et propose
aujourd’hui une offre très complète. On peut partager des documents avec Slideshare et des
vidéos avec YouTube, Dailymotion et Vimeo. La forte progression du taux d’équipement des
ménages en smartphone a fait apparaître un certain nombre de services qui rentrent dans la
troisième catégorie de médias sociaux : la discussion. Des acteurs comme SnapChat et
WhatsApp ont vu leur utilisation exploser en 2013. Enfin, le quatrième pilier du panorama des
réseaux sociaux est celui du réseautage. LinkedIn et Viadeo ne cessent de progresser de par le
monde et se sont véritablement imposés en tant que leader sur le marché des réseaux sociaux
professionnels.
D’autres tendances sont à mettre en avant. Les plateformes asiatiques connaissent une
progression fulgurante et plus seulement sur leur marché domestique. En grande partie par le
biais des applications mobiles, les plateformes chinoises tentent de s’imposer sur les marchés
occidentaux, parfois en copiant des concurrents leaders sur le marché. (Ex : Weibo s’inspire
fortement des nouveautés de Twitter) On remarque également la disparition de plateformes
importantes comme Netlog ou Posterous soit pour cause de rachat, soit par faute de remise en
Mémoire – Le ROI du Social Media
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question. Même s’ils sont encore très importants aujourd’hui, on décèle un léger
essoufflement des jeux sociaux dont Zynga, leader historique, peine à se remettre en
question2. Les usages sociaux liés aux services de géolocalisation ont également de plus en
plus de mal à séduire, les utilisateurs semblent lassés. Enfin, la vente directe sur le réseau
social semble aussi montrer des signes de faiblesse, le social commerce n’étant pas
véritablement dans une bonne dynamique en 2013. Enfin, avant de se concentrer sur les 4
acteurs majeurs du marché, il est important de rappeler l’existence de certains réseaux sociaux
auxquels nous ne penserions pas forcément en tant que tel. Les forums, par exemple, qui sont
des espaces d’échanges dédiés. Les discussions y sont archivées et il existe autant de forums
que de sujets, thématiques et passions. Les principaux forums français sont doctissimo.fr,
aufeminin.com, commentcamarche.net etc. Les forums sont encore en 2013 très appréciés des
internautes. On retrouve également les agrégateurs d’actualité comme Digg permettant aux
internautes de partager des actualités qu’ils ont trouvées en ligne, de les commenter ou de
voter pour les contenus qu’ils préfèrent. Enfin, ils ont été parmi les premiers à apparaître (et
l’on disait à ce moment-là qu’ils seraient adoptés en masse) mais force est de constater que
s’ils existent toujours aujourd’hui, les mondes virtuels comme Second Life ou Habbo, des
environnements personnalisés en 3D, qui permettent aux utilisateurs de jouer et se retrouver
virtuellement via leurs avatars n’ont pas envahi le quotidien des gens.
Un quatuor de tête bien ancré
Depuis maintenant près de deux ans, trois plateformes se dégagent nettement, que ce soit en
nombre d’utilisateurs ou en termes d’activité. Il s’agit de Facebook, de Twitter et de LinkedIn.
La première, qui a véritablement lancé cette ère des réseaux sociaux peut se vanter de son
milliard d’utilisateurs. Cependant, être leader peut aussi devenir une position inconfortable car
étant en première ligne des critiques faites aux réseaux sociaux, notamment en ce qui
concerne la protection des données privées. Constatant une concurrence toujours plus forte
s’organiser, Facebook a fait de l’innovation une de ses marques de fabrique pour faire évoluer
constamment sa plateforme. Celle-ci se traduit par des améliorations d’interfaces, de moteur
de recherche et d’applications mobiles à destination des utilisateurs. Facebook pense
également aux annonceurs, et c’est ici ce qui nous intéresse, en faisant évoluer son modèle
publicitaire et en proposant des outils pour améliorer le ROI des marques. C’est d’une
manière générale la tendance qui domine pour les réseaux sociaux dit « matures ».
2 Frédéric Cavazza, 10/04/2013, Facebook et Zynga s’éloignent à mesure que les jeux sociaux gagnent en
maturité, http://www.marketingvirtuel.fr/2013/04/10/facebook-et-zynga-seloignent-a-mesure-que-les-jeux-
sociaux-gagnent-en-maturite/
Mémoire – Le ROI du Social Media
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La seconde, Twitter, a connu une progression fulgurante en France depuis un an et se
démarque de Facebook dans son usage. Celle-ci s’explique dans le fait que la plateforme
profite directement de l’intérêt grandissant des médias traditionnels. En effet, ces derniers
l’intègrent de plus en plus dans l’expérience proposée aux consommateurs, notamment dans
les émissions de télévision. Twitter en profite donc pour enrichir son offre (rachat de Vine,
Twitter Music) pour consolider son leadership. A l’instar de Facebook, elle base une partie de
son modèle économique sur la publicité et la possibilité pour les marques de promouvoir leur
compte. L’offre proposée est donc en constante évolution.
La dernière plateforme à s’être imposée massivement auprès des utilisateurs est LinkedIn, le
réseau social professionnel par excellence. En effet, après avoir éclipsé Viadeo (170 millions
de membres pour LinkedIn vs 50 pour Viadeo), rien ne semble l’arrêter. LinkedIn présente un
avantage certain comparé à Facebook et Twitter. Son modèle économique est basé en grande
partie sur l’abonnement proposé à l’utilisateur et sur le ciblage de profil à destination des
entreprises souhaitant recruter. Un modèle économique clair et vertueux, qui permet donc à
LinkedIn de ne pas dépendre seulement de la publicité. Un atout certain quand on voit la
difficulté qu’ont encore aujourd’hui Facebook et Twitter à rassurer complètement sur le
modèle publicitaire.
Le dernier réseau que j’ai choisi d’intégrer comme réseau social majeur est Google +. Ce
dernier est soumis à de nombreuses critiques quant à sa réelle utilisation et il a beaucoup été
décrit comme un réseau fantôme. Cependant, force est de constater que les usages évoluent
car il est passé au début de l’année 2013 deuxième réseau social en terme d’utilisateurs actifs.
Google+ est donc à l’affut d’un relâchement de son concurrent principal Facebook et fait tout
pour proposer une meilleure expérience et des services enrichis pour l’utilisateur. De ce fait,
Google ne propose pour le moment pas de publicité sur sa plateforme afin de proposer une
navigation des plus fluides aux utilisateurs.
Si j’ai pris le temps de décrire plus longuement ces 4 réseaux, c’est parce qu’ils représentent
aujourd’hui les plus aboutis en nombre d’utilisateurs et d’usages. Mais ce sont aussi les
plateformes les plus en avance dans la compréhension des attentes des marques en termes de
ROI, à l’exception de Google+. Elles tentent de leur proposer des outils toujours plus
performants répondant à cette problématique. Tout au long de ce mémoire, j’appuierai
principalement ma réflexion via ces plateformes, les plus récentes pouvant tout de même
venir compléter un propos.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Avant de rentrer plus dans le vif du sujet, il me semble important de définir les deux
principaux termes de ma problématique afin de délimiter ma réflexion.
Définition des termes Il convient ici de définir les termes importants de ma problématique afin de définir le cadre de
mon mémoire. Il ressort naturellement deux mots : ROI et Social Media.
Le ROI
Le ROI est un acronyme anglais qui signifie Return On Investment ou retour sur
investissement. La notion de ROI est au cœur de la mesure de la rentabilité des actions
marketing au sein d’une entreprise. Le but est de mettre en relation de manière précise les
coûts de campagne et l’activité commerciale générée. Cette notion de ROI s’exprime
généralement à l’aide du chiffre d’affaires généré (Ex : pour 10€ investi je génère 50€ de
chiffre d’affaires) et on présente sa formule de calcul de la manière suivante : le retour sur
investissement équivaut aux gains moins les coûts engendrés, le tout divisé par les coûts
engendrés. On peut aussi partir du principe de l’investissement pour le définir. Quand une
entreprise souhaite augmenter ses capacités de production, elle va devoir investir. Cet
investissement ne sera pas perçu comme une charge, détruite par le processus de production.
Cependant, elle devra procurer des recettes supplémentaires pour assurer la croissance du
chiffre d’affaires. Le ROI est donc l’indicateur qui va mesurer l’efficacité de l’investissement
réalisé. Pour autant, ces indicateurs sont parfois difficilement adaptables car dans cette
définition, nous parlons bien de retour sur investissement financier. Cette difficulté à mesurer
de telles performances via les réseaux sociaux a poussé les experts à mettre en avant d’autres
formes de retour sur investissement que je vais développer ici. On se posera la question un
peu plus tard de savoir si finalement, ce ne sont pas ces formes de ROI qu’il faut privilégier
quand on parle de Social Media.
Le ROI comme « Return On Influence ». Il s’agit ici de mesurer l’impact en termes
d’influence ainsi que la maitrise de sa e-réputation. Avec la mise en place d’outils spécifiques,
les entreprises ont la possibilité de mesurer l’influence qu’elles ont auprès des internautes sur
la toile. Des outils tels que « Klout » apparu il y a quelques années sont spécialisés dans cette
mesure. Si ce genre d’outil est controversé (on ne parle pas réellement d’influence mais plus
de volume d’interactions), ils ont le mérite d’exister et étant utilisés par un grand nombre
d’entreprises, il devient possible de se comparer directement avec ses concurrents. En ce qui
concerne l’e-réputation, les entreprises ont tous comme objectif de savoir ce qui est dit de leur
marque sur les réseaux sociaux. Malheureusement, les outils existant aujourd’hui ont des
Mémoire – Le ROI du Social Media
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difficultés à analyser les propos français. Il est très difficile aujourd’hui d’analyser une phrase
dans son ensemble, de détecter l’ironie etc. Ce travail de e-réputation, pour qu’il soit efficace
et le plus précis possible doit se faire manuellement, ce qui est pour une entreprise de la taille
de Microsoft, impossible. Il est donc nécessaire de procéder par échantillon.
On parle aussi de ROE pour « Return On Engagement » quand il s’agit de quantifier les
interactions et d’une certaine manière de mesurer l’amplitude et la viralité du message délivré.
Que ce soit par le nombre de clics, de likes et de partages sur Facebook, de retweets sur
Twitter, de nombre de vues sur YouTube, ce ROE est aujourd’hui bien maitrisé par les
marques car facilement quantifiables, les plateformes proposant des statistiques assez
complètes sur la métrique « interaction ».
Enfin, on parle également de ROA pour « Return On Attention ». Cet indicateur est très lié au
précédent. Ici on s’intéresse surtout au volume d’échanges (nombre de commentaires sur
Facebook, de réponses à un tweet sur Twitter etc.) Il permet de mesurer si les contenus
proposés ont fait réagir la communauté, si cette recherche de « buzz » permanent de la part
des marques a eu l’effet escompté.
Le Social Media
Comme pour la définition de ROI appliqué au Social Media, la définition du Social Media
n’est elle-même pas inscrite dans le marbre. Il faut comprendre par là qu’il y a plusieurs
approches de ce qu’est le Social Media. Pour Wikipédia, qui tente d’en faire une définition la
plus large, il s’agit d’une « expression qui recouvre les différentes activités qui intègrent la
technologie, l’interaction sociale, et la création de contenu. Les médias sociaux utilisent
l’intelligence collective dans un esprit de collaboration en ligne. Par le biais de ces moyens
de communication sociale, des individus ou des groupes d’individus qui collaborent créent
ensemble du contenu Web, organisent le contenu, l’indexent, le modifient ou font des
commentaires, le combinent avec des créations personnelles. Les deux termes de Web 2.0 et
de médias sociaux demeurent assez proches et concernent une grande variété de sites
différents : les blogs, les wikis, et les réseaux sociaux numériques de tout type. » On peut alors
comprendre que les réseaux sociaux dit numériques ne sont qu’une sous partie de ce que l’on
appelle médias sociaux. Autrement dit, le Social Media serait considéré comme un media à
part entière, un moyen de communication, dans le sens du dialogue, de l’échange. Cependant,
comme l’a écrit Heidi Cohen, experte en marketing, dans un de ces articles, il est possible de
définir le Social Media d’une trentaine de façons différentes. Le Social Media est un outil
d’interaction, d’échanges et de partages, de marketing car il permet de connaître les
consommateurs et de rentrer en contact avec eux (à l’inverse des médias de masse), de
Mémoire – Le ROI du Social Media
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générateur de contenus exclusifs. Mais c’est aussi le miroir de notre société etc. Cette
difficulté d’une définition claire, commune et donc admise de tous du fait de sa récence,
renforce la difficulté à le mesurer. En effet, il est compliqué de mesurer quelque chose que
l’on a du mal à s’approprier entièrement. De plus, cette définition que chaque marque tente de
s’approprier à sa manière explique la façon catastrophique dont les marques sont allées sur les
réseaux sociaux il y a maintenant 4 ans et l’arrivée en 2009 des pages fans Facebook.
Marques et réseaux sociaux : une copie à revoir Aujourd’hui, les marques ont pour une grande majorité compris les enjeux et l’intérêt des
réseaux sociaux. Les entreprises font de ce média un pilier de leur communication. Et ce n’est
pour le moment pas près de s’arrêter. Selon une étude réalisée par Gartner, les revenus
générés au niveau mondial par les médias sociaux atteindront 16,9 milliards de dollars en
2012, dont 8,8 milliards provenant d'achats d’espace publicitaire. La part des budgets
marketing qui leur est allouée était en France en 2012 de 19 % et devrait monter à 25 % en
2013. Même s’il est encore aujourd’hui difficile de dégager un retour sur investissement, les
directions marketing françaises se montrent confiantes à 92 % en ce qui concerne l’évaluation
de l’efficacité de leurs campagnes et 90 % estiment même qu’il y a désormais un lien entre
leurs dépenses sur les médias sociaux et la rentabilité de leur entreprise. Elles ont donc
compris qu’investir les médias sociaux demandait du temps pour engager la conversation et
de l’argent pour créer une véritable stratégie de contenu, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Aujourd’hui, la plupart des marques s’accordent à dire que la meilleure façon d’investir les
réseaux sociaux est de mettre en place une stratégie de contenu pertinente et de définir une
cible en lien avec ce contenu. Il est également primordial d’allouer du temps humain dans la
prise de parole, que ce soit pour être à l’origine d’une discussion ou que ce soit pour y
participer. Il est également très important de s’approprier un réseau en fonction du message
que la marque veut véhiculer. En effet, chaque réseau a sa spécificité et est donc adapté à tel
ou tel usage, en fonction des objectifs et des cibles, les efforts publicitaires venant en
complément, pour amplifier le message. Pourtant, les marques n’ont absolument pas eu cette
réflexion il y a quelques années, quand les réseaux sociaux (limités en grande partie à
Facebook à cette époque) prenaient de l’ampleur. Les marques ont vu dans ce nouveau média
une formidable opportunité de faire ce que l’on appelle du marketing direct, c’est-à-dire
s’adresser au consommateur de façon ultra-personnalisé, comme cela existe déjà dans l’e-
mailing. Mais elles ont aussi et surtout répondu à l’appel d’un effet de mode. Elles ont suivi
l’incroyable engouement suscité par Facebook notamment. Elles se sont dit qu’il fallait être
Mémoire – Le ROI du Social Media
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où tout le monde est car « cela ferait bien ». Ce manque évident de clairvoyance et de vision
stratégique a conduit les marques à mettre en place une tactique décriée aujourd’hui : la
course aux fans. Les marques n’avaient qu’une idée en tête, faire en sorte que leur page ait le
plus grand nombre de fans. Pourquoi ? Difficile de répondre. Peut-être pour assouvir un
sentiment de domination, notamment face à la concurrence mais pas seulement. L’idée était
peut-être également de faire en sorte pour une marque qu’elle ait le plus de fans pour qu’elle
puisse se targuer d’être en avance sur son temps, qu’elle montre qu’elle ait pris avant les
autres la mesure de l’importance des réseaux sociaux. Elles ont aussi cru que cette course aux
fans était un signe de réussite d’une entreprise. La recherche de ROI se limitait donc au
nombre de fans, chose plutôt incroyable quand on fait l’analogie avec un marché connu.
Prenons le secteur de la téléphonie et appliquons un indicateur transposable dans ce milieu : le
nombre d’abonnés. Si les opérateurs aiment se battre entre eux concernant le nombre
d’abonnés dans leur base, se limitent-ils vraiment à cet indicateur ? Non. Ils regardent aussi et
surtout le coût d’abonnement moyen, les services payants que consomment les clients etc. En
résumé, ils regardent combien leur rapporte chaque abonné. Tout l’enjeu réside dans
l’augmentation du panier moyen. Ce signe de réussite à travers la recherche du plus grand
nombre de fans est donc erroné, c’est même bien tout le contraire dans les faits. Les marques
qui ont le plus joué à ce petit jeu sont celles qui ont le moins bien compris l’intérêt des
réseaux sociaux. Et beaucoup ne se sont pas arrêtées à faire en sorte que des vrais fans de la
marque « aiment » leur page. Le phénomène d’achat de fans est alors apparu. Evidemment,
les entreprises ont aussi vu les réseaux sociaux comme un canal de communication gratuit.
Encore une erreur. Elles ont donc cherché à dépenser le moins possible, le nombre de fans
étant de toutes manières la chose, et de loin la plus importante. Les entreprises ont donc
acheté des fans très peu cher, c’est-à-dire soit très mal ciblé (géographiquement notamment)
soit totalement faux, c’est-à-dire de faux comptes pour Facebook ou même ce que l’on appelle
des « bots » pour Twitter (des comptes qui tweetent automatiquement pour feinter une activité
réelle et humaine) Un véritable marché noir d’achat de fans s’est alors mis en place, touchant
comme montré ci-dessous une grande partie des réseaux sociaux. Ce phénomène, s’il
s’essouffle aujourd’hui est encore présent. Il est même parfois utilisé par des comptes
individuels, notamment sur Twitter, où le nombre d’abonnés serait un gage de réussite. Cette
approche a aujourd’hui de lourdes conséquences pour les marques. En plus d’avoir englouti
de l’argent, ces achats de fans ont littéralement pourri les bases fans des pages. Cela a un
impact direct sur les indicateurs d’engagement, qui sont aujourd’hui les plus facilement
identifiables et quantifiables et qui sont donc aujourd’hui considérés comme primordiaux dans
Mémoire – Le ROI du Social Media
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cette recherche de ROI. Ces indicateurs sont, aux yeux des directeurs du marketing digital, un
premier moyen aisé de vérifier si les investissements sont justifiés. Si cette approche du « tout
pour l’engagement » est discutable, il n’en demeure pas moins que c’est encore pour
beaucoup d’entreprises, une réalité en 2013, à défaut de trouver d’autres indicateurs
convaincants. Cette course aux fans a donc un effet catastrophique sur l’engagement car les
fans achetés auront très peu de chances d’interagir avec les posts de la page, (même si pour
répondre à cet indicateur engagement il est possible d’acheter de l’interaction !) et les fans
mal ciblés ne le feront pas non plus car ils ne sentiront pas forcément concernés par ce que la
page propose (dû au problème de langue notamment). Au-delà de l’engagement, les fans mal
ciblés n’auront de toute façon, dans le cas où il serait possible de le quantifier, aucun impact
positif sur les ventes, souscriptions etc. Prenons l’exemple d’un québécois qui se voit
proposer un post sponsorisé l’incitant à « aimer » la page Windows France depuis son fil
d’actualité Facebook. Celui-ci étant intéressé par le produit le fait. Par la suite, un post
incitant à se procurer la dernière licence Windows 8 via le Microsoft Store l’interpelle. Celui-
ci clique sur le lien mais se rend compte qu’il n’est pas avantageux pour lui de l’acheter sur le
Store français. Il se dirigera alors sur le store canadien et ne contribuera donc pas à l’achat en
ligne via les réseaux sociaux (pour la France en tout cas) car il sera quasiment impossible
d’enregistrer son parcours d’achat. Ce problème de ciblage va donc beaucoup plus loin qu’un
simple problème de taux d’engagement d’une page car il est également à l’origine d’une
confusion beaucoup plus grande dans la recherche de ROI. Sans cesse ramener les indicateurs
de mesure liés aux réseaux sociaux au nombre de fans fausse complètement les résultats. Si
les marques ont compris aujourd’hui que cette course aux fans ne répondait en rien aux enjeux
Mémoire – Le ROI du Social Media
14
des réseaux sociaux, elles commencent seulement à comprendre que leur base de fans est à
l’origine d’autres résultats faussés. Les plateformes tels que Facebook ont compris, dans
l’intérêt des marques mais aussi dans le leur, qu’il était important de nettoyer ces bases fans.
Du côté de l’annonceur, cela permet de faire en sorte de rehausser ces indicateurs liés à
l’engagement. Du côté des plateformes sociales, c’est l’occasion de proposer aux annonceurs
de recruter de façon payante bien sûr des fans mais cette fois de manière qualitative, c’est-à-
dire avec un ciblage particulier, répondant aux attentes des annonceurs. Cette recherche de
gains de la part d’une plateforme comme Facebook s’est également traduite par la mise en
place d’un nouvel algorithme déclenchant une polémique. En effet, il a été critiqué par les
experts du Social Media qui ont accusé Facebook de faire en sorte que cet algorithme fasse
baisser les taux d’engagements, les posts remontant de façon organique moins fréquemment
qu’auparavant. Les marques seraient donc contraintes d’appuyer ces posts de façons payantes
via le post sponsorisé.
Au-delà de cette course effrénée aux fans qui impacte aujourd’hui la recherche de retour sur
investissement, les marques n’ont eu aucune vision stratégique concernant l’intérêt des
réseaux sociaux. Il est accepté par l’ensemble de la communauté d’experts qu’un des piliers
de la stratégie à adopter sur les réseaux sociaux est la ligne éditoriale, c’est-à-dire la bonne
stratégie de contenu à avoir. En 2009, quand les marques ont commencé à s’intéresser aux
réseaux sociaux, 65,6% des annonceurs britanniques ont admis qu’ils ne savaient pas
bien comment les utiliser pour communiquer. Cela expliquait et donnait raison à ce manque
de vision stratégique sur ce média. Trop peu de marques exploitaient le potentiel des médias
sociaux. Beaucoup d’idées reçues persistaient cette année-là. Par exemple, plus de 67% des
annonceurs voyaient Twitter comme un espace pour les jeunes de moins de 25 ans alors qu’en
réalité à cette époque, cet outil était utilisé à 42% par des 35-49 ans. Encore plus éloquent, les
marques voyaient les réseaux sociaux comme un outil pour faire prioritairement de la relation
presse (51,2%), du networking (48,8%), de la publicité (30,5%) et seulement 4,9% les
voyaient utiles pour faire de la gestion de crise. Rien à propos de contenu exclusif, d’une
réelle interaction entre la marque et son audience…Les marques étaient donc en réel décalage
avec les attentes des fans. En effet, ces derniers deviennent fans d’une marque pour recevoir
des promotions et réductions (40%), pour connaître les nouveaux produits (33%) et pour avoir
du contenu exclusif de la marque (25%). Comme le disait déjà Marie-Catherine Beuth dans
un article concernant les annonceurs et les réseaux sociaux en mai 2009 : « La vraie difficulté
sur les médias sociaux : savoir quelle est la problématique qu'on veut y résoudre. Les
Mémoire – Le ROI du Social Media
15
solutions, elles, sont pléthoriques. » Les bonnes questions à se poser sont donc simples.
Pourquoi aller sur les réseaux sociaux ? Sur lesquels ? Pour avoir quel discours ? Quelles
audiences faut-il adresser ? Pour leur apporter quelle valeur ajoutée ? C’est précisément ce
genre de questions que ne sont pas posées les marques à cette époque. Les seules stratégies de
contenu, si tant est qu’il s’agisse d’actions véritablement liées à une stratégie de contenu ont
été les jeux concours. Encore une fois, il s’agissait de recruter un maximum de fans. Les jeux
proposés et/ou les gains à remporter ne faisaient bien souvent pas l’objet d’une longue
réflexion. Il n’y avait pas de recherche de buzz pour amplifier le message, pas de recherche
d’originalité dans l’approche du jeu. Si la technique du jeux-concours n’est pas une mauvaise
option pour recruter des fans sur Facebook, celui-ci ne doit pas être fait de manière arbitraire
et hasardeuse. En effet, il est une nouvelle fois question de ciblage. Selon le type de jeu et/ou
le gain proposé, ce ne seront pas les mêmes personnes qui « aimeront » la page au final. Cette
approche bancale a finalement desservi les marques car elle a d’une part pu dégrader leur
image (faire trop de jeux-concours peut amener à une perte de crédibilité) et d’autre part à un
recrutement de fans non qualifiés, ce qui accentue les conséquences développées auparavant.
On se rend bien compte de ce manque de réflexion autour des réseaux sociaux. De plus, les
marques, en faisant cette course aux likes, ne se sont jamais questionnées sur la finalité de
cette action. Autrement dit, pour quelles véritables raisons les utilisateurs « aiment » une
page. Est-ce véritablement parce qu’ils aiment la marque et en seront des ambassadeurs ? Si
c’est ce que les marques ont pu croire par manque d’humilité, les motivations sont pourtant
multiples. Cela peut-être pour développer l’affirmation de soi. Pour de jeunes adolescents par
exemple, c’est un moyen de s’affirmer aux yeux des autres. C’est également un miroir social.
Facebook peut devenir un moyen de montrer sa curiosité et son intérêt pour de nouvelles
choses. Ce peut aussi être une démarche opportuniste. C’est fréquemment le cas lorsque
l’internaute devient fan après une opération de type jeu-concours. Le plus souvent, une fois
celle-ci passée, il se désengage. Enfin, cela peut tout de même être par adhésion à la marque.
Cela concerne les fans qui adhèrent à la marque car elle leur correspond ou parce qu’elle vend
un rêve de par son univers ou son histoire. Il s’agit du véritable fan que toutes les marques
devraient rechercher car pour l’ensemble de ces profils, excepté le dernier, les fans ne
prendront a priori jamais la parole sur la page ou alors avec le risque pour la marque d’en dire
du mal. Ils risqueront même d’être indifférents à la communication de la marque sur leur fil
d’actualité.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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La réflexion sur la façon de s’adresser à son public sur les réseaux sociaux ne sera pas plus
développée ici car elle ne représente pas le cœur du sujet de mon mémoire. Pour autant, elle
est à mon sens liée à la recherche de ROI et il était donc selon moi judicieux de développer en
quelques pages ce manque de vision stratégique qu’ont eu les marques pendant toutes ces
années. Il est cependant important de souligner que les grandes entreprises ont su depuis ces
derniers mois relativement bien saisir le virage de la communication sur les réseaux sociaux
en changeant leurs habitudes et leur mentalité, même si elles continuent de chercher leur voie
et de mettre à jour leurs stratégies dans un univers très mouvant. Les marques ne sont donc
plus en retard, elles commencent même pour certaines à être en avance dans leurs réflexions.
Toutefois, presque toutes sont confrontées à une problématique d’ordre organisationnel. La
communication sur les réseaux sociaux est aujourd’hui considérée plus comme une révolution
que comme une simple évolution. Le fonctionnent encore en silo et la difficulté à adopter des
logiques plus transversales ont tendance à freiner leur développement. Les entreprises doivent
donc se remettre en question d’une manière plus profonde qu’elles auraient pu l’imaginer en
se tournant sur les réseaux sociaux. Si cela demandera encore du temps, on remarque qu’une
dynamique est bel et bien en marche.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Partie 2 : Le ROI du Social Media aujourd’hui : Constat, prise de
conscience et critiques Cette partie de mon mémoire a pour but d’étudier ce qui est fait aujourd’hui dans le calcul du
ROI du Social Media. Nous l’avons vu précédemment, les marques ont enfin pris conscience
que les réseaux sociaux n’étaient pas un outil gratuit et qu’il était nécessaire d’investir de
l’argent et du temps pour être performant sur ce média. Les directions marketing digital ont
donc des comptes à rendre auprès de leur direction marketing et doivent justifier ces
investissements de plus en plus importants. C’est donc logiquement que les entreprises se sont
penchées sur cette problématique du ROI. Si cette question est loin d’être résolue aujourd’hui,
certaines marques ont développé leur réflexion sur le sujet et ont commencé à apporter des
réponses que ce soit en termes de ROI financier ou de ROI plus spécifique aux réseaux
sociaux. Les plateformes sociales et notamment Facebook, Twitter et LinkedIn ont également
pris conscience qu’elles devaient travailler main dans la main avec les annonceurs dans cette
recherche de ROI pour pérenniser leur modèle économique. Cette partie sera également
l’occasion de synthétiser les avis multiples de la communauté d’expert Social Media sur cette
recherche de retour sur investissement.
Pour les annonceurs : une réflexion de plus en plus aboutie Les marques sont aujourd’hui au pied du mur. Encore plus dans une période de crise, tout
investissement doit être justifié, qu’il soit effectué sur des nouveaux outils ou pas. Les réseaux
sociaux ne sont donc pas exemptés. Les directions du marketing digital prennent de plus en
plus de temps à trouver des solutions pouvant justifier ces investissements. Elles font même
aujourd’hui appel à des cabinets de conseils pour les aider à définir un ROI. Une étude du
cabinet de conseil Talenco apporte quelques réponses à ce sujet et a permis à des entreprises
de calculer un retour sur investissement en fonction de plusieurs critères. Tout d’abord,
l’étude nous conforte dans l’idée qu’il est nécessaire d’avoir une véritable stratégie de départ.
Il faut donc se fixer des objectifs qui délimitent quels réseaux utiliser et quels outils de
mesures associer. Si elle nous rappelle les objectifs sociaux que les marques sont aujourd’hui
en mesure de bien calculer : perception de la marque (sentiment, capital marque), l’efficacité
marketing (nombre de followers, fans, abonnés), elle développe un autre volet lié cette fois à
un ROI financier en mettant en avant l’aspect réduction des coûts (les réseaux sociaux
demanderaient moins d’investissement qu’un média traditionnel) et augmentation du chiffre
d’affaires (augmentation du nombre de leads et de ventes). Si l’étude ne nous donne pas de clé
précise pour calculer un ROI financier, elle s’appuie sur deux notions qui existent aujourd’hui
Mémoire – Le ROI du Social Media
18
et qui, en étant appliquées au Social Media, montre tout leur intérêt. Il s’agit tout d’abord de
la notion de Social CRM (SCRM). Le Social Media décuplerait le CRM dit classique par sa
dimension humaine. Le SCRM représente une nouvelle forme de relation entre l’entreprise et
ses clients. Ce dernier se retrouve au centre de l'organisation de l'entreprise et permet donc
une meilleure identification, compréhension et fidélisation. Le SCRM a également comme
avantage comparé au CRM classique qu’il permet d'ajuster l'offre aux attentes du client et de
le rendre prescripteur de celle-ci. L’étude compare aussi le Social Media avec le « earned
media ». En prenant l’exemple de Redbull et du saut de Félix Baumgartner, on comprend bien
l’effet amplificateur des réseaux sociaux. En effet, après 8000 passages TV, les vidéos en lien
avec le saut et le saut en direct lui-même ont généré 50 millions de connections sur YouTube
soit 16 fois plus que la cérémonie d'ouverture des JO de Londres. L'effet de cette viralité
apporte un bénéfice énorme pour Redbull qui conforte son image de marque. S’il n’est pas
évident de calculer un ROI financier lié aux réseaux sociaux, ces deux exemples, en
comparant Social Media et Media traditionnel donnent des solutions mesurables et permettent
d’une certaine façon de justifier les investissements auprès des directions marketing.
Il existe une autre approche intéressante qui permet de contourner un calcul de ROI dit
financier. Plusieurs marques ont décidé de se lancer dans des sondages auprès de fans et de
non fans de leur page. Ce sondage a été révélateur du « potentiel économique » des fans d’une
marque. On constate qu’attirer des consommateurs déjà acquis à une marque sur une page fan
est loin d’être un travail inutile pour le business de la marque. Il en ressort que les fans sont
des « early adopter » et des ambassadeurs de celle-ci. Cela se traduit par des chiffres non
négligeables. Les fans de Mc Donald’s dépensent 2 fois plus dans leurs restaurants que les
non fans, ceux de Nike, 2,5 fois plus, les fans de PlayStation, 3 fois plus et les fans de
Nutella, 2,3 fois plus.
Nestlé France et son Chef de Produit CRM et Digital, Paul Cordina se sont également lancés
dans une réflexion poussée sur le sujet du ROI du Social Media. Si le constat concernant le
calcul du ROI est le même que le montre cette étude à savoir difficile, il conforte l’approche
de ROO (Return On Objectives) comme expliqué précédemment. Cependant, Paul Cordina
aborde la question du RONI (Risk of Non Investment), c’est-à-dire le coût de ne pas aller sur
les réseaux sociaux. Il est vrai que si l’on se pose la question de savoir ce que l’on va gagner
sur les réseaux sociaux, il est également important de se poser la question du manque à gagner
de ne pas y être. Selon lui, celui-ci serait de perdre le contact avec le consommateur, qui est
devenu social. De plus, il affirme que pour lui la réputation des marques se joue souvent sur
ces supports. On retrouve bien ici la notion d’e-réputation. Il considère qu’une marque a tout à
Mémoire – Le ROI du Social Media
19
gagner à avoir une présence sur le web car d’une part elle est en capacité de répondre aux
sollicitations, d’opérer des gestions de crise et de diffuser des discours officiels quand ceux-ci
sont nécessaires et d’autre part car une marque n’empêchera pas les internautes de parler
d’elle-même si elle est absente des médias sociaux. Cette notion de coût de ne pas y aller,
McKinsey l’a traduite. Selon elle, cela peut s’illustrer par un « bad buzz » où la marque n’a
aucune possibilité de réagir car non présente sur la sphère sociale. McKinsey affirme qu'une
grande marque de télécom a subit -8% de ventes suite à un « bad buzz » sur les réseaux
sociaux.3 Cet aspect est repris par Paul Cordina en le nommant Management du risque et où il
développe la notion de gestion de crise. Si celui-ci n’apporte pas un retour sur investissement
en termes de ventes, c’est un indicateur que mettent en avant certains directeurs marketing
digital pour justifier en partie les investissements.
Comme nous avons pu le constater précédemment, il est aujourd’hui possible de mesurer la
présence sociale d’une entreprise par l’analyse de ses conversations : statuts Facebook,
tweets, etc…Comme nous l’avons également remarqué auparavant, il est nécessaire d’avoir
mis en place certains indicateurs pour mesurer l’impact direct ou indirect de ces conversations
sur le chiffre d’affaires des entreprises. Des marques qui ont un support de vente en ligne mais
pas seulement sont capables d’analyser la contribution des réseaux sociaux sur les ventes. En
effet, les codes promotionnels dédiés sont des indicateurs utiles à l’internaute pour pouvoir
profiter d’une réduction ou d’une offre spéciale dont il n’aurait pas pu profiter autrement.
Nous pouvons prendre l’exemple de Berceau Magique qui dans le cadre de sa
communication, propose régulièrement des codes promo par l’intermédiaire de statuts
Facebook. Ces codes promo ont un avantage considérable pour la marque car ils lui
permettent de savoir parmi les prochaines ventes réalisées, combien seront générées grâce à la
page Facebook. Cette solution répond doublement aux attentes des fans d’une page. En effet,
nous savons que celui-ci devient fan d’une page d’une part pour avoir accès à des réductions
liées aux produits de la marque mais aussi pour avoir accès à du contenu exclusif. Or, la
réussite de ce type d’opération passe par l’exclusivité de la communication du code promo sur
la page Facebook. Les marques ont compris qu’il ne fallait pas communiquer ce code via un
autre canal de communication du type newsletter. Cela aurait pour conséquence de fausser la
mesure. Cependant, ce genre d’opération n’est pas réservé aux marques disposant d'un site de
vente en ligne. En effet, de nombreuses marques, plutôt que de proposer un code promo
3 11/06/2013, McKinsey Finds Social Buzz Can Affect Sales -- Negatively, Anyway,
http://adage.com/article/digital/mckinsey-finds-social-buzz-affect-sales-negatively/242039/
Mémoire – Le ROI du Social Media
20
délivrent des coupons de réductions directement utilisables en magasin. D’autres exemples
très concrets peuvent traduire cette volonté de recherche de ROI. Certaines marques, à l’instar
des codes promos mettent en place des opérations spéciales destinées à doper les ventes. C’est
le cas de la Redoute. Dans le cadre de sa communication sur Facebook, la marque organise
parfois des évènements physiques où les internautes sont conviés gratuitement. Cela se
concrétise via un message posté qui permet de constituer une liste de participants à l’un de ses
défilés pour la promotion d’une collection. L’avantage, s’il n’est pas directement financier
pour la marque est très important car il permet de constater si les fans composant sa page
Facebook sont réellement actifs et enclin à développer l’histoire de celle-ci par le fait
d’assister à l’un de ses défilés.
Les sites de e-commerce sont plus facilement disposés à mesurer la contribution des réseaux
sociaux sur les ventes. En utilisant un outil de web analytics destiné à mesurer le trafic du site
internet, ce dernier indique le parcours de l’internaute sur celui-ci. Il permet à la marque de
savoir si les différents posts Facebook ou tweets mettant en avant différents produits, lui ont
rapporté du trafic, et si les internautes ayant cliqué sur le lien ont effectué un acte d’achat par
la suite. L’outil de web analytics fournit des informations sur les sources de trafic. Il est donc
aisé de voir si les investissements réalisés sur tel ou tel réseau génèrent du trafic ou non. De
plus, certains outils tels que Bit.ly utilisés aujourd’hui par de nombreuses marques permettent
de connaître le nombre de clics effectués par les internautes sur les liens que celle-ci a publiés.
Il est alors possible de générer deux liens distincts pour comparer l’efficacité d’un réseau par
rapport à un autre.
Dans un autre souci de mesure directe de la contribution des réseaux sociaux aux ventes d’une
entreprise, les marques utilisent au maximum les outils proposés par les plateformes sociales
elles-mêmes ou bien développés par des agences ayant accès aux APIs de celles-ci. C’est le
cas avec la création d’application de F-commerce sur Facebook. Prenons l’exemple de la
chaîne d’hôtels Patrick Hayat Hôtels. Dans une problématique de Yield Management, cette
chaine propose une application directement intégrée à sa page Facebook permettant aux
internautes de consulter les disponibilités de ses différents hôtels. L’outil lui permet donc de
connaître assez facilement le nombre de chambres ayant été réservées via ce canal. La
contribution des réseaux sociaux à l’activité de cette entreprise est donc directement
mesurable.
Certaines marques vont même plus loin en dédiant un des outils du Social Media à la vente.
Comme il a été développé auparavant, une marque doit réfléchir à la sélection des réseaux sur
lesquels elle souhaite communiquer et dans quel objectif. Certaines marques se sont
Mémoire – Le ROI du Social Media
21
véritablement posé ces questions et sont allées assez loin en dédiant complètement un canal à
la résolution d’un service ou la gestion de la relation client. (les fournisseurs d’accès internet
utilisent Twitter comme SAV par exemple). Dell a également fait le choix de Twitter pour
l’utiliser dans un cadre bien spécifique. La marque a décidé de donner la possibilité aux
internautes de suivre le compte Twitter Dell Outlet dédié aux promotions & offres spéciales.
Les internautes peuvent donc, à partir du moment où ils suivent ce compte, avoir accès à du
contenu unique. On peut imaginer que ce choix a été fait, d’une part, pour répondre à une des
attentes fortes des fans/followers d’une marque à savoir les réductions/promotions et, d’autre
part, afin de ne pas diluer plusieurs types de contenus et de maximiser la portée de chacun de
ses objectifs. Par cette mise à disposition d’un compte dédié et donc de liens uniques, Dell a la
possibilité de mesurer plus facilement un retour sur investissement lié à ce compte, suivi par
plus d’un million de personnes.
Enfin, un autre type d’utilisation des réseaux sociaux peut être de sensibiliser les internautes
aux services que les entreprises proposent. C’est le cas par exemple du cabinet d’avocats
Gueguen-Caroll, qui, par l’organisation d’hangouts Google +, propose aux internautes de
participer à une visio-conférence où ces derniers pourront gratuitement obtenir des conseils de
droit. On peut imaginer que les internautes intéressés par ce type d’évènement sont ceux qui
rencontrent actuellement un litige pouvant nécessiter l’intervention d’un avocat. Les avocats,
n’ayant pas le droit de réaliser de la prospection, ce genre d’utilisation leur permet de toucher
une clientèle potentielle. Autre exemple, celui d’Orange Business Services. Dans un cadre
B2B cette fois, Orange organise régulièrement des webinaires interactifs où les internautes
assistent à une présentation de solutions. Ils ont la possibilité de poser des questions en fin de
session. Ces webinaires permettent à la marque de cibler les internautes (ceux-ci étant
destinés à une clientèle bien spécifique) et leur proposer des devis par la suite. Encore une
fois, la contribution sociale aux ventes sera mesurable.
Cette liste non-exhaustive d’exemples montre que beaucoup de marques ont adopté de bonnes
stratégies en ce qui concerne les réseaux sociaux. Cependant, comme nous l’avons vu avec les
applications Facebook par exemple, elles ont besoin que les plateformes sociales (Facebook,
Twitter etc.) comprennent ces enjeux afin de faire évoluer leurs services.
Pour les plateformes : un modèle économique en mutation Les marques ont investi les réseaux sociaux depuis maintenant 4-5 ans et commencent à
comprendre l’intérêt de ceux-ci. Les plateformes sociales, de leur côté, tentent tous les jours
de faire évoluer leur modèle économique. Elles ont compris que les marques pouvaient être
Mémoire – Le ROI du Social Media
22
source de revenu et excepté LinkedIn, Facebook et Twitter font du modèle publicitaire une de
leur principale rentrée d’argent. Cependant, si les marques travaillent de leur côté à une
recherche de retour sur investissement, les plateformes doivent justifier l’intérêt que portent
les marques pour elles. Elles doivent donc également proposer toujours plus de nouveautés, de
services et d’outils de mesure dans cette recherche de ROI.
Facebook est le réseau social le plus développé aujourd’hui, que ce soit en termes d’usage et
de nombre d’utilisateurs. Malgré tout, la plateforme peine toujours à convaincre les marques.
En effet, au-delà d’améliorer l’ergonomie des pages de fans, de proposer de nouveaux
produits publicitaires tels que le post sponsorisés et d’améliorer les interfaces d’analytics, elle
doit gagner en crédibilité auprès des annonceurs en prouvant son implication dans l’acte
d’achat. C’est ce que recherchent toutes les marques. Pour cela, elle a lancé en début d’année
2013 un nouveau système de tracking. Cette innovation du nom de « Views Tags » permet
aux annonceurs de déposer des cookies sur les profils d’utilisateurs qui voient leurs publicités
Facebook sans pour autant cliquer dessus. L’outil est basé sur l’impression et non le regard de
l’internaute mais une autre métrique permet de voir la corrélation entre l’affichage des
publicités et l’incidence sur le chiffre d’affaires généré via la plateforme e-commerce de
l’annonceur. Pour y parvenir, Facebook contrevérifie l’identification et associe les
impressions d’annonces directement aux profils des utilisateurs. C’est pourquoi, si celui-ci se
rend plus tard sur le site e-commerce de la marque pour effectuer un achat, celle-ci pourra
savoir s’il est dû à une impression publicitaire provenant de Facebook ou non. Cela permet
donc aux marques de quantifier l’impact de la publicité ciblée Facebook sur l’achat final sans
même l’interaction d’un clic. Le but est donc bien de mesurer le retour sur investissement des
campagnes Facebook.
Twitter est également très actif dans l’apport de nouveautés ayant pour but de contribuer au
ROI des marques. Si Twitter propose des produits publicitaires dit « classiques » avec les
posts sponsorisés, les trends topic sponsorisés etc., elle innove pour proposer des services
répondant toujours plus aux attentes des annonceurs. Elle a par exemple levé la bêta sur son
service Twitter Cards qui permet aux marques de prospecter directement auprès de ses clients.
Concrètement, la « Lead Generation Card » permet désormais aux annonceurs d'intégrer une
carte dans un message Twitter standard, le plus souvent, des promotions type « 50 % de
réduction lors de votre première visite ». En cliquant sur la carte, les utilisateurs sont invités à
envoyer leurs informations à l'annonceur. La force de Twitter réside dans le fait que
l'utilisateur n'a pas à remplir de formulaire pour manifester son intérêt pour l'offre
Mémoire – Le ROI du Social Media
23
promotionnelle en question puisque son nom ainsi que son adresse mail sont extraits
directement de son compte : la mise en contact se fait donc d'un simple clic. L’entreprise peut
par la suite recontacter le prospect par mail. Cette initiative avait été déjà été introduite par
LinkedIn sur son réseau social et elle a également lancé le « Leadshare » sur Slideshare où les
internautes sont invités à remplir un formulaire au cours de la consultation d’une présentation.
Grâce à toutes ces évolutions et améliorations, des annonceurs ont pu calculer un retour sur
investissements. Nestlé a annoncé qu’en investissant £1 sur Facebook, son retour sur
investissement avait été de £1.34 et qu’elle attribuait 11% de ses ventes de Kit Kat aux
campagnes de publicité de cette plateforme. General Mills imputait quant à lui 27% de ses
ventes de produits Old El Paso suite à une campagne de promotion.4 Si l’on ne sait pas
précisément comment ces marques ont pu sortir de tels chiffres, force est de constater que les
marques n’ont pas toutes le même discours concernant le ROI des réseaux sociaux. En effet,
Coca-Cola qui avait indiqué en 2012 avoir comme objectif de doubler ses ventes par la force
des réseaux sociaux d’ici 20205 a constaté au mois d’Avril 2013 via une étude réalisée par ses
soins que le buzz en ligne n'avait aucun impact quantifiable sur ses ventes à court terme6.
Cette annonce a fait l’effet d’une bombe pour une marque jusqu’alors présentée comme un
modèle de réussite sur les réseaux sociaux.
Nous avons donc pu constater une réelle prise de conscience, que ce soit du point de vue de
l’annonceur mais aussi des plateformes dans la recherche de retour sur investissement et que
celle-ci était au cœur des préoccupations. Cependant, si ce ROI est exigé de la part des
directions marketing pour justifier leurs budgets, comme c’est le cas pour la plupart des
investissements marketing, il me semble important de constituer une vue synthétique sur ce
qu’en pense la communauté d’expert Social Media. En effet, les avis sur la question
divergent, qu’ils proviennent de consultants spécialisés ayant pour certains une problématique
moins liée au business, de blogueurs, de Community Managers ou bien encore d’experts
travaillant directement pour les plateformes sociales.
4 James Halliwell, 17/03/2013, Facebook ads ‘on a par’ with TV campaings, say fmcg brands,
http://www.thegrocer.co.uk/topics/facebook-ads-on-a-par-with-tv-campaigns-say-fmcg-brands/237584.article 5 Valérie Legat, 20/06/2012, J. Tripodi, Coca : « doubler nos ventes par la force des réseaux sociaux »
http://www.petitweb.fr/actualites/j-tripodi-coca-doubler-nos-ventes-par-la-force-des-reseaux-sociaux/ 6 Patrick Coffe, 19/03/2013, Coca-Cola Says Social Media Buzz Does Not Boost Sales,
http://www.mediabistro.com/prnewser/coca-cola-says-social-media-buzz-does-not-boost-sales_b60389
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Communauté d’experts : points de vue divergents sur le rôle du Social Media Pour développer cette partie, je me suis d’une part appuyé sur des données trouvées au cours
de mes recherches (articles, billets de blogs etc.) en ciblant les personnes influentes dans ce
domaine et d’autre part effectué une série d’interview avec des experts sur le sujet. Il en
ressort des avis contrastés sur la question. Si même les plus optimistes d’entre eux ont
conscience que la recherche de retour sur investissement dans le Social Media n’est encore
pas acquise, d’autres condamnent fermement cette approche et mettent même en avant que
cette recherche peut avoir des effets pervers. Enfin, d’autres plus modérés pensent qu’il n’est
à l’heure actuelle pas approprié de parler de retour sur investissement financier, ce qui n’est
de toute façon pour eux pas l’objectif premier du Social Media. Je vous propose de partager
ces avis en les développant du plus pessimiste au plus optimiste.
Calculer le ROI des médias sociaux est une absurdité
Les experts les plus hostiles à cette recherche de ROI (on parle bien ici de retour sur
investissement de manière quantifiable, c’est-à-dire en termes de ventes) ont bien conscience
que les directions marketing ont besoin de données chiffrées avant de poursuivre les
investissements. Pour autant, selon eux, une présence sociale se construit dans la durée et ne
donne pas forcément lieu à des investissements financiers très importants mais plutôt à une
très grande implication. En effet, ils définissent les médias sociaux comme des lieux
d’expression et d’interaction sans précédent. Ils définissent le ROI comme un indicateur
chiffré produisant des données numériques. Or, il apparaît selon eux que les pratiques faites
autour du Social Media, même si elles ont tendance à évoluer dans ce sens ne sont pour le
moment pas assez mûres pour recueillir des données fiables. Le problème viendrait selon eux
d’une part d’une difficulté à « tracker » les internautes et d’autre part des indicateurs de
performances qui ne seraient pas standardisés. Ils avancent aussi le fait qu’un ROI se calcule
dans un laps de temps court et que s’il est envisageable de calculer un retour sur
investissement d’une opération bien précise, il n’est en revanche pas possible de mesurer une
présence complète incluant d’autres aspects comme les Social CRM par exemple. Ils vont
plus loin en avançant le fait que toute action à laquelle prend part une entreprise n’a pas
nécessairement vocation à être soumise à un quelconque ROI. On peut prendre l’exemple de
la grande majorité des boutiques sur les Champs-Elysées qui ne sont pas rentables. Les
marques recherchent ici à maintenir une certaine image de marque qui n’est pourtant pas
quantifiable. De la même façon quand un opérateur téléphonique met en place un centre
Mémoire – Le ROI du Social Media
25
d’appel pour gérer son SAV, l’entreprise ne va pas chercher à calculer un retour sur
investissement. Enfin, cette recherche de ROI sera nécessairement négative dans les premières
années d’exploitation car la présence sociale est un travail à long terme. Il est nécessaire
d’installer une équipe, de mettre en place des procédures, d’introduire des conversations etc.
Les résultats ne pourront de toute façon se faire ressentir qu’à moyen ou long terme. De plus,
cette approche « ROIste » peut avoir des effets pervers pour les marques en leur faisant
oublier l’essence même d’un réseau social. En effet, diriger l’ensemble des actions sur les
réseaux en fonction du ROI va pousser une marque à privilégier certains types d’actions
(recrutement, offres promotionnelles) et de ce fait vont limiter les conversations et d’une
certaine manière biaiser les relations de la marque avec la communauté. Par ce processus, les
fans ne seront uniquement intéressés que par des promotions. Cette démarche de ROI a pour
conséquence terrible d’enfermer une marque dans une logique de recherche de rentabilité. Si
la stratégie Social Media ne repose que sur cet objectif, l’annonceur ne s’intéressera pas à
beaucoup de bénéfices, certes non-quantifiables ou de manière peu précise numériquement,
qu’elle aurait pu développer comme améliorer l’image de marque, entrer en discussion avec
sa communauté pour comprendre leurs attentes etc. Toutefois, la plupart des données que j’ai
pu trouver concernant cette approche pessimiste ont tendance à vieillir. Elles ont pour la
plupart entre deux et trois ans, ce qui dans ce domaine équivaut à une éternité. C’est pourquoi
aujourd’hui je constate que la tonalité est plus mesurée et si ce n’est pas forcément un ROI
financier qui est capable d’être mesuré, beaucoup d’experts donnent d’autres pistes pour à
terme s’en approcher.
Le calcul du ROI passe par d’autres indicateurs
Si un calcul de ROI semble aujourd’hui indispensable pour mesurer l’efficacité d’un
programme Social Media mis en place et aider à fixer les budgets marketing indispensables
pour continuer les investissements déjà engagés, son calcul déroute. Cela s’explique pour une
simple raison : il ne s’effectue par selon des métriques traditionnelles. Une partie des experts
du sujet se pose ce genre de question, à savoir, comment établir la valeur d’un abonné
Twitter ou d’une vue sur YouTube ? Il est donc nécessaire de s’appuyer sur des indicateurs
spécifiques afin de dépasser cette comparaison. Pour eux, si la recherche de ROI financier
n’est pas une absurdité, ce media n’est pas encore assez mature pour que des réponses
concrètes et durables soient trouvées. Il faut donc voir dans le Social Media d’autres qualités
et rechercher d’autres types de retour sur investissement. Il a déjà été brièvement abordé le
sujet de retour sur objectifs, de retour sur engagement ou de risque de non investissement.
Une grande partie de la communauté d’experts est d’accord sur ce point : il est nécessaire de
Mémoire – Le ROI du Social Media
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définir des objectifs stratégiques clairs quand une marque décide d’investir les réseaux
sociaux. De plus, l’atteinte de ces objectifs se fait par le biais de cinq indicateurs importants :
la visibilité, l’acquisition, la recommandation, l’engagement et la tonalité. On ne parle pas ici
de retour sur investissement financier. La visibilité consiste tout d’abord à se faire connaître.
Pour cela, une marque peut s’appuyer sur d’autres canaux. Elle peut par exemple inviter les
spectateurs à rejoindre sa page Facebook en fin d’un spot TV. Sur le web, cette visibilité
passe évidemment par un bon référencement. Très vite, il s’agira d’acquérir des
fans/followers. Là encore, il n’est pas question de rééditer les erreurs faites dans le passé mais
de bien cibler le public visé, qui sera susceptible d’avoir une interaction forte avec la marque.
Vient ensuite l’analyse de l’engagement. Le suivi de cet indicateur est essentiel afin de
s’assurer que la communauté est active. La mesure des interactions liées aux contenus
proposés (nombre de mentions « J’aime », votes, commentaires, retweets, …) aura pour but
de déterminer si les membres d’une page ou d’un groupe sont actifs et rendent les messages
visibles. Les niveaux d’interaction sont différents et ne se valent pas. Un « J’aime » par
exemple est considéré comme moins engageant que la rédaction d’un commentaire puisqu’il
prend plus de temps.
Sur Facebook, on parle très souvent de taux d’engagement. Celui-ci désigne la proportion de
fans réagissant aux messages postés sur une page. Pour le déterminer, plusieurs calculs
cohabitent. Cependant, la technique la plus répandue est de rapporter le nombre de «
personnes qui en parlent » (indicateur fourni par Facebook mais qui a pour inconvénient de ne
pas prendre en compte toutes les interactions) au nombre total de fans de la page. Ce chiffre
est lui-même assez controversé et sujet à polémique au sein de la communauté d’experts car il
agrège des variables très différentes : les mentions « J’aime » qui représentent un signe
d’affinité, les partages étant plus un signe de recommandation donc ayant une notion positive
et les commentaires, signe de conversation mais pouvant être positifs, neutres ou négatifs.
Beaucoup préconisent de séparer la mesure des mentions « J’aime », des partages et des
commentaires, afin de pouvoir comparer des données similaires. Enfin, le dernier indicateur
très important et très intéressant pour une marque est celui de la tonalité. Toutes les marques
rêvent de savoir ce que les internautes pensent d’elles sur le web. Malheureusement, la
mesure du sentiment global est un travail encore aujourd’hui très compliqué à réaliser,
notamment dans la langue française. En effet, les outils actuels ne permettent pas pour la
grande majorité de traiter les conversations de manières sémantiques et ne sont pas en
mesures de déceler l’ironie par exemple. Afin de mesurer si les réseaux sociaux ont des effets
Mémoire – Le ROI du Social Media
27
positifs sur la réputation d’une marque, il est nécessaire en cas de volumes importants de
conversation d’échantillonner afin de mesurer manuellement la tonalité des messages.
D’autres indicateurs sont préconisés par la communauté d’experts. En effet, selon eux les
médias sociaux ont une vocation plus large qu’une recherche de gains financiers. On peut
alors parler de ROI pour « return on influence », ROA pour « Return On Attention » et ROE
pour « Return On Engagement », ce dernier rejoignant le terme de taux d’engagement
expliqué précédemment. Ces concepts ayant déjà été développés lors de ma définition des
termes, je ne m’attarderai pas dessus plus longtemps. Si toutes ces pistes vont dans le sens
espéré par les marques, d’autres experts ont un avis plus optimiste sur ce sujet. C’est
notamment le cas de ceux travaillant directement pour les plateformes.
Calculer un ROI Social Media devient une réalité
Les experts que j’ai eu l’occasion d’interroger sont pour la plupart des personnes travaillant
pour les plateformes les plus connues (Facebook, Twitter, LinkedIn). Il en ressort donc un
avis plus optimiste sur cette vision « ROIste », discours logique d’une part car ils sont au
cœur de ces réflexions et ont donc une vue plus précise sur les outils et services proposés
allant dans ce sens, d’autre part car il en découle un modèle économique qu’ils doivent
développer pour pérenniser leurs activités (à l’exception de LinkedIn) Ils leur a tout d’abord
été posé la question de comment ils définiraient un retour sur investissement dans le Social
Media. Tous s’accorde à dire que le ROI peut avoir plusieurs aspects, pas seulement financier.
Sur ce point ils rejoignent une grande partie de la communauté d’experts. Cependant, ils vont
plus loin en affirmant que cette recherche dépend de l’annonceur. C’est en effet en fonction
de son activité et de son organisation qu’un ROI dit financier sera plus ou moins facilement
mesurable. Par exemple, un site de e-commerce ayant une présence sociale aura plus de
facilité à évaluer la part des ventes à attribuer aux réseaux sociaux qu’un magasin physique. Il
note tout de même que les mentalités des directions marketing, des agences de
communication sont aussi en train d’évoluer. Si elles sont encore aujourd’hui beaucoup
attachées aux référents onlines que sont le « search » par exemple, elles comprennent de plus
en plus l’intérêt des médias sociaux comme générateur de profits.
Ce qui est frappant, c’est qu’ils sont tous d’accord pour dire que nous sommes dans une phase
de transition et que les efforts fait de part et d’autre feront mûrir le marché et permettront un
calcul de ROI plus abouti, qu’il soit financier mais pas seulement. On remarque par exemple
que de nouveaux outils naissent chaque jour, notamment pour l’analyse du sentiment ou de
l’influence dont les mesures sont encore aujourd’hui contestées. De nouveaux usages qui
apparaissent peuvent aussi être à l’origine d’indicateurs clés de performances. C’est le cas de
Mémoire – Le ROI du Social Media
28
Twitter où les médias traditionnels se sont emparés de cette plateforme. On peut alors aussi
considérer le Social Media comme une couche supplémentaire venant amplifier les messages
de ces derniers ou capitaliser sur une action. D’une certaine manière le Social Media
contribuera au ROI des autres formes de média. Cette phase de transition s’explique
également d’une part par l’évolution des internautes qui, sans s’en rendre forcément compte
changent leur manière d’utiliser les réseaux sociaux et d’autre part car les plateformes
évoluent de façon quotidienne pour proposer une offre publicitaire toujours plus aboutie. La
stratégie à adopter peut alors, du fait de ces évolutions être complexes car il faut constamment
s’adapter à celles-ci. Cependant, en se posant les bonnes questions et en s’appuyant sur un
plan d’action très précis, les marques peuvent mettre en place des indicateurs clés de
performances très clairs et répondant à leurs objectifs en termes de ROI. En d’autres termes, il
n’y a pas un ROI spécifique mais plutôt en fonction des attentes des uns et des autres. Prenons
l’exemple des détaillants. Une étude a été publiée par Taylor Schreiner, co-responsable dans
la division recherche publicitaire de Twitter. Celle-ci indique que les tweets ont un impact
direct sur les ventes en ligne. En effet, l’auteur nous explique qu’une étude a été faite auprès
de 7600 utilisateurs répartis en plusieurs groupes plus ou moins exposés à des tweets de
marques. Il en ressort que le taux d’achat des utilisateurs exposés était de 39% quand il n’était
que de 27% pour un utilisateur classique. Ce type d’étude nous montre tout le potentiel des
réseaux sociaux et le travail restant à effectuer dans la définition d’indicateurs clés de
performances.
Quand on leur pose la question du coût de ne pas s’intéresser aux réseaux sociaux, ils ont sans
surprise le même discours. Pour eux, délaisser cette opportunité ne voudra pas dire que la
marque ne sera pas présente, elle le sera par le biais des internautes et des commentaires qu’ils
laisseront en parlant de celle-ci. S’il est donc évident qu’il ne faut pas se poser cette question
trop longtemps, il est par contre primordial d’avoir une véritable stratégie, notamment une
stratégie de contenu. Il est également important de choisir ses cibles et de déterminer les
supports sur lesquels s’adresser en fonction de celles-ci.
J’ai par la suite voulu aller un peu plus loin dans la réflexion et souhaité connaître leur
sentiment sur les risques potentiels que pourraient entraîner cette recherche de ROI, avis
partagé comme nous avons pu le voir précédemment par une partie de la communauté
d’experts Social Media. S’ils ont conscience de ces risques, ils mettent tous en avant le fait
que l’utilisateur est vraiment l’élément central de leur stratégie. Elles ont d’un côté compris
les problématiques des marques en termes de ROI mais les plateformes sont amenées à faire
des compromis pour satisfaire l’utilisateur et les annonceurs. Quand on leur parle de
Mémoire – Le ROI du Social Media
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« monétisation » des utilisateurs de leurs plateformes, ils ont conscience que le contenu est
avant toute chose la clé de la réussite et qu’il est primordial que l’utilisateur vienne pour ce
contenu. Lui proposer de la publicité par la suite, si elle est pertinente, ne le gênera pas.
Autrement dit, on peut considérer que le risque, si la publicité est ciblée en fonction des
centres d’intérêt des utilisateurs (on peut penser au post sponsorisé notamment), est calculé.
Nous avons pu le constater, cette question du retour sur investissement intéresse aujourd’hui
l’ensemble des acteurs : annonceurs, experts Social Media et plateformes. Beaucoup d’actions
sont faites de part et d’autre afin de s’en rapprocher. Avant de dégager des hypothèses à
prendre comme des pistes de réflexions pour le futur, il me semble nécessaire, après avoir
exposé le sentiment des différents protagonistes de vous proposer le mien qui vous le verrez,
rejoint parfois ceux déjà exprimés.
Partie 3 : Le ROI du Social Media, un concept en pleine mutation Mon sentiment n’a pas ici de vocation à défendre un intérêt particulier. Il tente, avec la plus
grande impartialité possible de comprendre les attentes de chacun tout en étant réaliste sur les
possibilités qui nous sont données en 2013 dans son calcul.
Légitimer le Social Media par le ROI S’il y a une chose qu’il faut bien comprendre pour commencer, c’est que même si un directeur
marketing ne saisit pas nécessairement les changements que représentent le Social Media, il
demandera des comptes sur le moindre euro investi, quelle que soit l’activité. L’entreprise n’a
pas par définition de vocation philanthropique et n’allouera pas de budget sans demander des
résultats en retour. Ces résultats seront à démontrer via une notion utilisée par tous : le retour
sur investissement. Comme je l’ai développé précédemment, le retour sur investissement lié
au Social Media, quand nous parlons de ROI financier ne prend pas en compte tout l’impact
positif que dégage cette activité. L’entreprise sera heureuse d’apprendre que le Social Media a
des effets bénéfiques sur l’image de la marque, l’engagement et le sentiment des internautes
avec celle-ci quand bien même ces indicateurs seraient mesurables. Cependant, pour justifier
des investissements toujours plus importants, les médias sociaux doivent apporter plus, c’est-
à-dire générer du chiffre d’affaires. On peut imaginer que dans le cas contraire, les entreprises
finiraient par réduire les budgets alloués à ce média, ce qui ébranlerait la pérennité des
plateformes tant leur modèle économique est basé sur les revenus des annonceurs.
Il est fréquemment opposé les notions de ROI avec le Social Media. Il n’y a pourtant pas
nécessairement de raisons de les dissocier. Il faut également comprendre qu’il est plus facile
Mémoire – Le ROI du Social Media
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pour un « marketeur » de faire confiance à un ROI, donc un périmètre qu’il maîtrise, qu’à un
nombre de fans. Pourtant, même si je ne suis pas certain qu’il soit important de vouloir tout
mesurer de manière « ROIste », pourquoi ne pas le faire quand certaines métriques le
permettent ? Nous l’avons vu auparavant, certaines entreprises sont dans des cas précis
capables de mesurer la contribution des réseaux sociaux dans leurs ventes.
Je comprends également ceux qui dénonce le ROI et qui ne souhaitent pas aborder cette
notion quand on parle de Social Media. Il est vrai, et nous l’avons vu, que ce dernier
représente beaucoup plus qu’un simple retour financier su investissement. Ces plateformes
sociales ont radicalement changé notre façon de « consommer » le web. Elles permettent de
faire interagir, discuter, engager la sphère internet sur tous les sujets possibles. Ces
interactions sont évidemment cruciales pour une entreprise qui cherchera à capter l’attention.
Cependant, les entreprises ayant compris que les médias sociaux ont un coût, il est légitime de
pouvoir justifier ces investissements. Si l’on pense nécessairement à un calcul de ROI en
termes de ventes ou de souscriptions, il est aussi important selon moi de s’intéresser à ce que
les médias sociaux peuvent nous faire économiser. On peut penser aux dépenses faites dans
les médias traditionnels, plus élevées pour toucher une audience, mais aussi le cas du service
après-vente etc. J’y reviendrai un peu plus loin avec cette notion de risque de ne pas investir.
La difficulté que rencontrent aujourd’hui les annonceurs est de savoir quoi mesurer. Encore
une fois, il est donc nécessaire de travailler avec les plateformes sociales pour bien définir les
objectifs d’une présence sociale. On peut alors considérer que le ROI repose sur deux
questions que toute entreprise doit se poser : Où gagne-t-elle de l’argent ? Où en économise-t-
elle ? Plusieurs pistes sont à aborder en fonction de la nature de l’entreprise. A-t-elle pour
objectifs d’augmenter la fréquence d’achats, de gagner de nouveaux clients, d’augmenter la
taille du panier moyen ou les trois ? La force des médias sociaux réside dans le fait qu’ils sont
capables de répondre à de plus en plus de questions et ce, de manière plus rentables parfois
que les médias traditionnels. Tout repose donc sur la méthode pour le calculer.
Désacraliser le calcul du ROI Comme je l’ai dit précédemment, la complexité de la notion de ROI réside dans le fait qu’il
est difficile de déterminer des métriques communes à toutes les entreprises. C’est donc
également vrai pour les ROI des médias sociaux. Pour une marque de e-commerce, il sera
plus facile de calculer le retour sur investissement via différents tunnels de conversions et des
outils mis en place pour « tracker » les internautes. En revanche, cela est beaucoup moins
évident lorsque l’on essaie de reporter l’impact de cette activité en ligne au monde réel.
Comment savoir si un client venant acheter en magasin le fait car il a vu un post sur
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Facebook ? Si dans beaucoup de cas il est encore difficile de le dire, les innovations qui ont
été mises en place (coupons de promotions exclusives etc.) et celles à venir me donnent
confiance dans ce qu’il sera possible de faire. Notamment le croisement de données Social
Media enrichi avec le Social CRM et les différentes statistiques de chiffres d’affaires etc.
Certaines entreprises ont une nature qui leur permet plus facilement de le faire, quand d’autres
planchent sur le sujet sans succès. Encore une fois, cela ne veut pas forcément dire que ces
marques sont moins bonnes. On peut faire l’analogie avec d’autres indicateurs Social Media.
Il sera plus facile pour une marque grand public de recruter naturellement des fans qu’une
PME. Il faut donc bien garder en tête que l’important est la mise en place d’objectifs et une
mesure de ceux-ci via le ROO (Return On Objectives).
Le ROI c’est avant tout le RONI Nous l’avons vu, selon moi investir dans les médias sociaux ne doit pas être un jeu de hasard
pour les marques. Si la pertinence et le choix d’indicateurs dans la mesure de ROI peuvent
faire débat, c’est bien à chaque entreprise, en fonction de ses propres objectifs de les définir et
ils sont de plus en plus réels. Cependant, si une entreprise souhaite mesurer un retour financier
sur investissement c’est bien qu’elle veut être en mesure de décider d’investir ou pas. Cette
idée de retour sur investissement suppose donc qu’une entreprise ait la possibilité de ne pas
investir et de ne rien changer. Or le monde change énormément avec l’explosion des usages
web et social. Ce changement, initié par le digital est profond : la structure même du business
en est impactée dans la proposition de produits, l’acte d’achat etc. Le social media est donc en
train d’impacter l’organisation dans son ensemble. Les métiers sont amenés à évoluer à plus
ou moins court terme dans toutes les grandes fonctions traditionnelles de l’entreprise :
marketing et communication bien sûr, mais aussi RH quand on parle notamment de
recrutement, service client quand on parle de SAV sur Twitter, etc. Cela ne signifie pas que la
nature même de chaque métier va changer mais que les médias sociaux vont amener à de
nouvelles pratiques. Comme je l’ai déjà dit, les entreprises selon leur secteur d’activité, leur
exposition médiatique et leur image, leur taille, la nature des clients (B2B ou B2C) ne partent
pas sur le même pied d’égalité dans cette recherche de ROI. Mais la question que toutes
doivent se poser n’est-elle pas d’abord : que se passe-t-il si je n’investis pas ? On parle donc
dans ce contexte de RONI : Risk On Non-Investment. Beaucoup de réponses sont possibles et
s’adaptent en fonction de la structure mais la marque ou l’entreprise peut risquer une visibilité
amoindrie, une méconnaissance du consommateur, de ses opinions, priorités, attente et donc
une détérioration de la relation avec de dernier, un désavantage face à la concurrence, une
Mémoire – Le ROI du Social Media
32
perte d’impact des campagnes traditionnelles, une occasion manquée de recueillir des
feedbacks, absence de bouche à oreille positif, une circulation de rumeurs qu’il ne sera pas
possible de détecter au plus vite, des coûts inutiles de gestion de la relation client (centres
d’appel), des process internes obsolètes (ne pas utiliser les réseaux sociaux d’entreprises)
Si le RONI ne remplace pas cette recherche de retour financier sur investissement, il est selon
moi une erreur d’attendre de connaître le ROI pour se lancer sur le Social Media car une
entreprise risquerait de le subir.
Tout n’est pas qu’une question de ROI Quand une marque décide d’investir sur les médias sociaux, elle ne doit pas réfléchir que dans
une logique de retour financier sur investissement. Il y a selon moi beaucoup d’autres
bénéfices à retirer de l’action d’une marque sur les réseaux sociaux. On parle évidemment de
calcul d’interactions, d’engagement, d’influence, de tonalité qui, s’ils ne sont des éléments
financiers sont tout de même primordiaux à mesurer pour une marque. Ayant déjà beaucoup
développé ce point dans d’autres parties de mon mémoire, je ne le ferai pas ici. Il faut
simplement garder en tête que la vision « ROIste » n’est pas une fin en soi et qu’il y a bien
plus à faire pour une marque sur les médias sociaux, c’est justement là toute leur force.
Un juste milieu à trouver S’ils ont pu évoluer et qu’ils continuent avec le développement des médias sociaux, les
intérêts des internautes pour une marque n’ont pas véritablement changé. Celles qui seront les
plus créatives, les plus innovantes dans leur stratégie de contenu et les plus efficaces et
performantes dans leur recherche de ROI seront celles qui sauront le mieux tirer leur épingle
du jeu. Ces marques-là auront pris un avantage certain face à d’autres qui totaliseront 100 000
fans non-qualifiés sur leur page Facebook et aucune activité depuis ce recrutement douteux
car elles n’auront rien à proposer.
Si j’ai voulu donner mon avis sur ce sujet, c’est en partie pour constater qu’il est possible de
calculer un ROI mais qu’il est nécessaire de prendre du recul sur cette question. Il ne reste
cependant pas nécessairement évident et souvent incompris. Il est à mon sens indispensable
d’avoir une approche financière pour qu’une entreprise optimise son activité sociale, réduise
ses coûts et même dans certains cas augmente son chiffre d’affaires par des ventes etc. Un des
enseignements majeur que j’ai pu ressortir du travail que j’ai effectué est que plus une
entreprise s’efforcera de comprendre cette notion qui peut paraître abstraite, plus elle se
focalisera sur comment la définir et en tirera le meilleur. Autrement dit, c’est cette réflexion
de la part de tous les acteurs (entreprises, annonceurs, agences, « marketeurs ») qui permettra
dans le futur de répondre à cette question de ROI. C’est à mon sens parce que les médias
Mémoire – Le ROI du Social Media
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sociaux touchent bien plus que les divisions digitales des entreprises qu’il est possible de
quantifier son impact. Il est selon moins plus acceptable de se pencher sur cette question
même si elle est complexe plutôt que de dire qu’elle n’est de toute façon pas la finalité des
médias sociaux. Certes, se focaliser uniquement sur l’aspect financier ferait passer l’entreprise
à côté du cœur de cette activité à savoir la relation humaine. Cependant, d’une part il ne s’agit
pas d’en faire la priorité et de délaisser les autres intérêts des médias sociaux et d’autre part, je
pense qu’un retour financier sur investissement aura peu de chance d’exister si l’activité
sociale est délaissée. Un ROI positif aura par contre lui un aspect positif car il amènera une
augmentation de budget bénéfique à toute l’activité sociale. Dans un sens, tout est lié. Il s’agit
de trouver un juste milieu.
Mémoire – Le ROI du Social Media
34
Recommandations dans le calcul du ROI pour une entreprise comme
Microsoft L’objectif de cette dernière partie est, à partir des données que j’ai pu recueillir tout au long
de ce travail, de mettre en avant des hypothèses dans le calcul du ROI, appliqué à Microsoft.
Elles seront au nombre de trois. La première s’appuiera essentiellement sur l’idée de recueillir
de données financières pour effectuer un calcul de ROI, la seconde aura une approche plus
indirecte dans ce calcul et se basera sur le fonctionnement d’une entreprise comme Microsoft.
Enfin, la dernière sera l’occasion de s’interroger sur quelles seront les pistes à explorer
demain pour optimiser le retour sur investissement du Social Media.
Recueillir des données financières Si l’on admet que la formule d’un retour sur investissement est simple et équivaut aux gains
moins les coûts engendrés, le tout divisé par les coûts engendrés, on peut tenter de l’appliquer
aux réseaux sociaux. Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, il est très difficile
d’appliquer cette formule brute aux médias sociaux. On peut alors tenter de remplacer ces
indicateurs par d’autres applicables au Social Media. Il s’agit de déterminer d’une part le coût
d’acquisition d’un client, appelé COCA (pour Cost Of Customer Acquisition) et d’autre part
la valeur totale des clients appelé TLV (pour Total Lifetime Value)
Quand on parle de coût d’acquisition d’un client, il s’agit de l’ensemble des coûts nécessaires
pour faire entrer un nouveau client. Il se calcule en additionnant sur une période donnée
(mois, trimestre ou année) tous les coûts liés plus ou moins directement à l’activité Social
Media : les salaires et les charges des équipes au prorata du temps passé sur les médias
sociaux, les coûts d’une agence externe, les coûts publicitaires auxquels il faut ajouter par la
suite tous les coûts commerciaux opérationnels, les commissions et toutes les autres dépenses
relatives à la vente. On peut alors diviser ce montant par le revenu attribué à ces efforts
marketing/commerciaux pour déterminer le coût d’acquisition d’un client. Prenons l’exemple
d’un calcul de COCA lié à la gestion d’un blog, outil utilisé dans la stratégie Social Media de
Microsoft. Les chiffres et scénarios seront volontairement modifiés de ce qu’ils sont
réellement. Imaginons qu’un Community Manager gérant la grappe sociale (l’ensemble des
plateformes sociales utilisées) d’un produit passe la moitié de son temps à écrire sur le blog de
celui-ci. Fixons son salaire mensuel à 2500€, la part du salaire attribuée à ce blog est donc de
1250€. Il est alors nécessaire d’ajouter à ce montant les charges salariales qui s’élèvent à 50%,
donc 625€. Par la suite, il faut additionner les autres coûts liés au blog tels que l’hébergement,
le design, la maintenance etc. Partons du principe que dans ce cas, le montant s’élève à 100€
Mémoire – Le ROI du Social Media
35
mensuel. Le coût mensuel du blog est donc de 1250+625+100 = 1975€. Si on souhaite
rapporter ce coût de façon annuelle : 1975*12 = 23 700€. Cette somme représente le COCA
annuel du blog.
Pour le calcul du ROI, il est important de déterminer également le TLV, c’est-à-dire le revenu
moyen généré par un client tout au long de la relation avec l’entreprise. On le définit alors
comme le montant moyen d’une vente multiplié par le nombre moyen de ventes par client. Là
où les choses se compliquent, c’est qu’au premier abord, quand il s’agit des réseaux sociaux,
nous avons tendance à parler de followers, de fans et. Des notions qui ne sont pas
quantifiables. Afin de dépasser cette réflexion, il faut que l’entreprise se pose la question de la
récolte d’informations. Reprenons l’exemple du blog. Il est aisé de connaître le nombre de
visites de celui-ci ainsi que la provenance des visiteurs (des réseaux sociaux notamment). Si
ce blog détient de solides « call to action », il est alors possible de déterminer la part de ses
ventes imputables aux réseaux sociaux. Encore une fois, ce travail est spécifique à chaque
entreprise et certaines auront plus de facilité à le mettre en place que d’autres. Une fois cette
récolte effectuée, il est possible d’en dégager un TLV.
Sur notre blog, imaginons que la première composante de la TLV, le revenu moyen d’une
vente, soit de 50€ et qu’il a été déterminé par un questionnaire par exemple que l’internaute
achetait 2 fois par an des produits via ce blog. Grâce aux informations récoltées, nous savons
également que le blog attire 50 000 visiteurs sur l’année provenant des réseaux sociaux et que
2% de ces visiteurs passent à l’acte d’achat. Notre TLV est donc de 50*2*1000 = 100 000€.
Nous détenons alors nos deux indicateurs qui nous permettront de calculer notre ROI. Celui-ci
est de (100 000 – 23 700) / 23 700 = 3,2€ Dans cet exemple, on remarque donc que pour 1€
investi, l’entreprise génère grâce à l’activité des réseaux sociaux 3,2€ de revenus.
Cette méthode de calcul ne doit pas être prise comme une fin en soi et elle est encore loin
d’être exacte et parfaite. En effet, il est difficile d’une part de prendre en compte tous les coûts
liés à l’activité sociale tant ils sont divers et d’autre part il est encore aujourd’hui compliqué
de rassembler toutes les informations pour déterminer le TLV. Cependant, ce calcul permet de
valoriser d’une certaine manière l’animation des réseaux sociaux.
Même s’il demande donc à être affiné, il est une première réponse qu’une direction marketing
peut avancer pour justifier un investissement. De plus cette visibilité peut faire l’objet de
comparaison directe avec d’autres canaux et donc de mesurer l’efficacité du Social Media.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Contourner ce calcul par des approches connues La méthode de recueil de données financières n’est pas nécessairement des plus précises et est
parfois difficilement applicable dans certains cas. (en fonction de l’entreprise elle-même, de
son secteur d’activité etc.) Une autre approche est alors possible, encore une fois à adapter en
fonction de l’organisation.
Il s’agit d’utiliser les leviers déjà existant pour « monétiser » son activité sur les réseaux
sociaux. Dans le cas d’une entreprise comme Microsoft, il est important de savoir dans un
premier temps quels sont les types de produits proposés et les canaux de ventes. Il est
aujourd’hui très difficile de comptabiliser les produits vendus dans des magasins physiques
par le biais des réseaux sociaux. En effet, Microsoft ne dispose pas en France de sa propre
chaîne de distribution, les Microsoft Store n’étant pour le moment pas développés en Europe.
On pourrait alors imaginer des partenariats avec des revendeurs type Fnac ou Darty.
Cependant, mis à part l’instauration de coupons de réductions exclusifs aux réseaux sociaux à
utiliser dans ces magasins, il est pour le moment difficile d’aller plus loin. En effet, il serait
nécessaire de croiser les bases de données CRM de Microsoft avec celles de ces magasins, ce
qui représenterait une organisation et un travail colossal. Toutes les approches que je vais
développer auront donc toutes pour but de développer le chiffre d’affaires en ligne, que ce soit
via le Microsoft Store ou bien des souscriptions en ligne (Office 365 par exemple).
L’idée est alors d’utiliser les différentes collectes de données que nous permettent de réaliser
les réseaux sociaux. Si on peut utiliser les formulaires qu’il est possible de mettre en place
lors d’organisation de concours sur Facebook et Twitter, il est aussi intéressant d’utiliser tous
les nouveaux services que proposent ces plateformes. Il y a peu de temps, LinkedIn a lancé
sur un service lui appartenant, Slideshare, un site web spécialisé dans le partage de
présentation PowerPoint, un nouvel outil à destination des entreprises. Celles-ci ont la
possibilité d’intégrer durant leur présentation un formulaire que les internautes sont invités à
remplir pour pouvoir continuer leur lecture ou bien s’ils souhaitent être recontactés par la
suite afin d’avoir accès à de plus amples informations. Ce service permet donc de collecter
des données sur des prospects que l’entreprise pourra chercher à transformer en clients. Il est
également possible pour une marque comme Microsoft de participer à des discussions au sein
de groupes spécifiques dans LinkedIn. Là encore, la proposition de se voir remettre plus
d’informations de la part de Microsoft est une occasion pour collecter de l’information.
Toutes ces solutions représentent des opportunités de générer des leads, autrement dit de
détecter des pistes. Que celles-ci prennent la forme d’emailing, d’appel téléphonique ou
Mémoire – Le ROI du Social Media
37
autres, elles ont pour but de diriger par la suite le prospect vers le Microsoft Store ou bien vers
des sites Microsoft proposant des souscriptions à des services (Offices 365, Windows Azure
etc.) par deux méthodes : le Trial (période d’essai) ou la souscription payante en ligne. Si
cette méthode peut être considérée comme indirecte, ce sont pourtant bien les réseaux sociaux
qui sont à l’origine de ces ventes. L’important pour l’entreprise est de décider d’une méthode
d’attribution de ces leads.
En effet, il n’est pas toujours simple d’attribuer les leads pour déterminer le ROI des actions
marketing. Imaginons qu’un internaute consulte une présentation sur Slideshare où il lui est
demandé de remplir un formulaire afin de pouvoir télécharger la présentation. Il est alors
recontacté par Microsoft via un email l’invitant à essayer le service Office 365. Ce dernier
clique sur le lien du mail qui le renvoie sur le site web où il effectue la souscription en ligne.
Faut-il tenir compte de la première action qui a généré le lead ou la dernière action avant
l’acte d’achat ou bien les deux ? Dans cet exemple si on se base sur la première action, la
source du lead est Slideshare, ce qui veut dire que le revenu généré par ce client doit être
comparé au coût de Slideshare pour mesurer le ROI. Si l’entreprise choisit la méthode de la
dernière action, le lead est attribué à la dernière action marketing avant l’achat, dans ce cas il
s’agit de l’emailing. Or, on peut considérer que sans le formulaire Slideshare, ce dernier
n’aurait pas pu être recontacté. Seulement, sans l’emailing il ne serait peut-être jamais passé à
la phase d’achat.
Les deux méthodes ont des avantages et des inconvénients. Si la méthode dit de la « première
action » fournit la source du lead, elle néglige le facteur qui a permis de le convertir en client
final et, si la méthode « dernière action » détermine le programme qui a permis de convertir le
lead, elle néglige le moyen qui a permis au prospect de découvrir l’entreprise ou ses solutions,
en l’occurrence Office 365.
Cette question de l’attribution du lead est donc à déterminer par l’entreprise elle-même.
Cependant, il apparaît clairement que les médias sociaux ont joué un rôle important dans
l’acte d’achat et qu’il revient donc à l’entreprise de décider dans quelle mesure et quelle part
du revenu leurs attribuer.
Une autre solution, celle-ci sans équivoque quant à la contribution des réseaux sociaux dans
les ventes/souscription est celui de rediriger les fans/followers sur le Microsoft Store à partir
de liens générés via des services spécialisés type Bit.ly. Ce genre de services permet de
comptabiliser le nombre d’internautes ayant cliqué sur un lien. Sans nécessairement mettre en
place un système de tracking permettant de suivre l’internaute jusqu’à l’acte d’achat, il serait
intéressant de constater l’évolution des ventes avec la mise en place de ces liens de
Mémoire – Le ROI du Social Media
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redirections dans un post Facebook ou un lien Twitter. Cela permettrait de définir, de manière
certes non précise si ces liens sont corrélés avec une hypothétique augmentation des ventes et
par le biais de tests, il serait possible de mesurer la contribution des réseaux sociaux aux
ventes. Cette solution n’est qu’un premier indicateur car il faudrait également prendre en
compte d’autres aspects influant sur les ventes : périodicité, soldes, sorties de produits etc.
Quelles tendances dans la mesure du ROI Social Media à l’avenir ? Comme nous avons pu le constater, les habitudes des consommateurs sur le web sont
changeantes et notamment liées aux réseaux sociaux. Les moyens utilisés par les entreprises
pour les mesurer ne correspondent donc plus aux réalités d’aujourd’hui et doivent s’adapter.
Les réseaux sociaux, la multiplication des écrans et des usages, le nombre croissant
d’applications et de plateformes fragmentent toujours plus le parcours client. Ce phénomène,
combiné à l’explosion de flux de données toujours plus hétérogènes (Big Data) rendent
presque impossible pour les entreprises de retrouver la source d’un achat.
Les défis de demain sont donc simples à comprendre mais ne le sont pas forcément dans leur
mise en place : il est nécessaire de connecter le parcours client en ligne et hors ligne (en
magasin) et en connectant ce que l’on appelle les « multi-screen » entres eux. Il faut aussi se
pencher sur le besoin d’intégrer les données sociales, d’entreprise ainsi que les données
externes pour définir une vision globale et complète des comportements et des tendances de
demain. Ci-dessous, j’ai essayé de déterminer quelles seraient ces tendances que nous
pourrions voir arriver dans les prochaines années.
Les technologies mobiles feront le lien entre le monde online et celui offline
Alors qu’elles sont encore relativement nouvelles, les applications pour smartphone et tablette
qui utilisent la géolocalisation pour compléter l’expérience du consommateur en magasin
illustrent les possibilités technologiques qui permettent de relier les magasins physiques aux
interactions en ligne. De plus, le scan et la recherche visuelle, que ce soit via les QR codes, les
Microsoft Tag ou plus récemment via les Google glass, sont des technologies qui vont
continuer à émerger et qui permettront aux entreprises de comprendre l'expérience client de
manière plus globale. Alors que nous sommes maintenant dans une période où l’innovation a
tendance à se tasser un peu, je pense que nous allons commencer à voir émerger des normes
dans ces domaines technologiques. Cependant, les défis pour les entreprises seront multiples :
choisir les plateformes qui offriront les fonctionnalités et les intégrations les plus fiables et
stables d’une part et qui seront en mesure de gérer les nouveaux flux de données de ces
appareils sans qu’elles soient trop complexes à analyser d’autre part.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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Les nouvelles technologies connecteront les clients à plusieurs écrans.
On le voit déjà, la révolution du « multi-screen » est en marche. Cette tendance devrait se
confirmer à l’avenir. Un des plus grand défis à gérer pour les marques et les entreprises est
cette prolifération d’écrans (ordinateurs portables, de bureau, hybrides, tablettes, smartphone
etc.), de navigateurs et de systèmes d’exploitation. Une étude réalisée par la « Boston’s
Innerscope Resarch » a montré que les « digital natives » passaient d’un écran à l’autre 27 fois
par heure ! Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises de solutions de « web analytics » ont compris
ce phénomène et proposent de relier le client social en utilisant des algorithmes spécifiques,
comme le Facebook Connect, Klout, qui encouragent les utilisateurs à s’auto-authentifier de
façon à ce que les marques puissent les connaitre à travers les multiples canaux sociaux et
plateformes. Des startups technologiques tels que Fliptop concentrent une grande part de leur
activité autour de cette question et proposent des solutions qui permettent d’authentifier et de
connecter véritablement l'identité du client à travers le web social.
Cette capacité d'authentifier l'identité à travers le web social offre une promesse incroyable
aux marques, celle de la possibilité de connecter l’acte d’achat aux graphes sociaux et
d'intérêt pour mieux comprendre l'influence qu’a le social sur cet acte.
Les données clients aideront dans la prédiction d’achats des consommateurs.
Les capacités d’authentification s’améliorent et la question de savoir qui influence qui
trouvera des réponses pertinentes dans le futur. L’influence réelle, celle de voir quels clients
et quels types de clients ont tendance à influencer d’autres clients à acheter dépassera ce que
l’on appelle l’influence potentielle, c’est-à-dire celle basée sur des algorithmes croisant le
nombre de fans, de followers et la fréquence de l’activité sociale et deviendra un indicateur
clé pour l’entreprise. Les entreprises qui sauront le mieux profiter de ces données seront celles
qui utiliseront ce que l’on appelle « le machine learning » et qui seront donc capables
d’affiner leurs algorithmes en fonction des résultats obtenus.
Le Social Media fera partie intégrante de l’entreprise qui abandonnera une organisation en
silo
Je l’ai déjà exprimé auparavant : les médias sociaux ne doivent pas être développés en silo, ils
doivent être liés à une véritable stratégie d’entreprise. Le défi de demain sera de taille pour les
entreprises. Il consistera, dans la mesure du possible à normaliser les données sociales et à les
intégrer à d'autres données de l'entreprise (tels que la « business intelligence », le CRM qui se
Mémoire – Le ROI du Social Media
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transformera en SCRM, les études de marché etc.) mais aussi les sources externes (tels que les
données industrielles et économiques de l’entreprise) pour construire de véritables nouveaux
modèles d’entreprises.
Finalement, les données sociales, dans un contexte de données d'entreprise, deviendront
primordiales dans les décisions d’une entreprise. Celles qui s’en sortiront le mieux seront
celles qui chercheront à résoudre les problèmes dans leur ensemble plutôt que d’avoir une
approche sociale en silo.
Mémoire – Le ROI du Social Media
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