Conception, coordination et graphisme : Élodie Castillo, Jean-Baptiste Georg, Amélie Lecocq, Pierre Litzler, Stephen Nguyen, Vivien Philizot, Allison Schmitt, Xavier Schoebel, Noémie Thirion Visuel de couverture : Allison Schmitt, Chloé Degaille, Perrin Metzger

Si les arts sont l’expression des idéaux et valeurs d’une société, le design en est le médium le plus sensible et le plus immédiat. Intimement lié au vécu et à l’économie du quotidien, il est à ce titre l’un des meilleurs indicateurs des évolutions sociétales. Pour autant, le design serait-il seulement l’interprète de nos désirs ou de nos besoins ? Ne voit-on pas aujourd’hui que la pratique du designer n’est plus limitée à l’aménagement ou à l’embellissement de nos cadres de vie. De tendanceur, son rôle est passé à celui de prescripteur. Car la mission du designer n’est plus comme autrefois d’appliquer l’art à l’industrie ou d’apurer la forme au strict contour de sa fonction. Sa démarche est devenue prospective, critique, expérimentale et relève souvent d’une authentique création et d’une innovation.

Ce qui caractérise cette nouvelle approche du design n’est pas pour autant un déni de l’usage au profit de réappropriation nécessairement singulière et autonome. Ce qui s’engage ici est bien davantage; un nouveau processus de conception dont le protocole serait toujours à réinventer au gré des circonstances, du hasard et des aléas de mise en œuvre. Ici aucun préalable (théorique, esthétique, fonctionnel) ne préside à l’élaboration du projet sinon le désir de les mettre précisément à distance pour favoriser l’émergence d’une pensée innovante. L’objet du designer (support de communication, mobilier, espace, service…) n’est plus alors prédéterminé par le jeu des conventions et des attentes dont il est nécessairement porteur. Le voici devenu insolite, lieu de questions et d’hypothèses ouvertes et ainsi

idéalement maléalable. Sa détermination, son évidence et sa justesse, il ne la recevra alors que du contexte pour lequel il lui sera donné d’exister. Car c’est à l’aune de cette opportunité, ou rencontre particulière, que l’objet s’invente.

Si le contexte est donc bien l’occasion du dispositif, de l’espace, de l’objet; la forme, la matérialité, la texture ou la couleur, qui viendront progressivement l’incarner, résulteront, elles aussi, des mêmes incidences et engageront, à leur tour, des décisions où le pragmatique le dispute au concept, où le bricolage voisine avec les hautes technologies et où l’inattendu surgit de l’égard aux circonstances.

Loin des dogmatismes et des méthodologies standardisées, nos jeunes designers témoignent ainsi d’une posture singulière propre à chaque situation. Déliés des prêts à penser, ils privilégient ainsi une conception ouverte de leur métier. Ce dernier devenant plus aventureux et plus expérimental, revendique alors plus fortement qu’autrefois sa communauté avec les pratiques artistiques. C’est cette démarche contextuelle et créative qui a été développée dans nos workshops et qui vous est présentée ici.

Pierre Litzler, Directeur de l’Ufr des arts, responsable master design

Michel Demange, directeur du département Arts visuels, Université de Strasbourg

Le master design a pour objectif de former les étudiants à la recherche et au projet design. La maîtrise de cette discipline, dans toute sa complexité, nécessite une culture élargie qui articule théorie et pratique, savoirs et savoir-faire.

Ces études visent - à développer une attitude analytique, critique et créative dans les différents domaines : design graphique, design d’objet, design d’espace, design de services ou design global. - à acquérir des savoirs historiques, théoriques et pratiques permettant de conjuguer travail de recherche et travail de conception. Un cursus de deux années permet l’acquisition des outils et des compétences nécessaires pour s’engager dans une profession diversifiée, en continuelle mutation, et où les limites entre les différents aspects du design (graphique, objet, espace, services) sont souvent ténues et fluctuantes.

Les projets présentés ont été élaborés par les étudiants de master 1 & 2 dans le cadre des workshops et des ateliers du 1er semestre 2011/2012

MASTER DESIGN

UFR DES ARTSUNIVERSITÉ DE STRASBOURG

Master DesignUniversité de StrasbourgUFR des ArtsPalais universitaire9, place de l’UniversitéBP 90020 - 67084 Strasbourg cedexT : +33 (0)3 68 85 64 82

SecrétariatT : +33 (0)3 68 85 68 16F : +33 (0)3 68 85 68 30plitzler@unistra.frwww.unistra.fr

EnseignantsBruno Acchione, Alessandro Arbo, Yves Ayrault, Francis Dupont, Denis Guesnier, Ilana Isehayek, Pierre Vercey, Bruno Lavelle, Pierre Litzler, Frédéric Luckel, Luca Merlini, Florian Nigaud, Grégory Owcarz, Maurizio Pagotto, Daniel Payot, Corinne Pencenat, Vivien Philizot, Philippe Riehling, Pierre Roesch, Germain Roesz, Frédéric Ruyant, Roger Somé, Stéphane Thomas, Simon Welch.

Étudiants Master 1 / 2011- 2012Laura Anstett, Karine Averlant, Julien Bulvestre, Julie Cerati, Hongsheng Chen, Raphaël Costes, Sarah Dchicha, Mohamed Karim Deenmahomed, Laura Fleig, Jean-Baptiste Georg, Julie Goldberg, Tristan Heinis, Lucie Keller, Amélie Lecocq, Laure Marzolf, Stephen Nguyen, Laurent Pavot, Jiayue Peng, Azra Salkanovic, Allison Schmitt, Xavier Schoebel, Noémie Thirion, Yicheng Zhang

Étudiants Master 2 / 2011- 2012 Sylvaine Beaudeux, Cindy Beltran, Margot Bolis, Léa Bussek, Elodie Castillo, Chloé Degaille, Aurélien Fontvieille, Leïla Guntz, Tiffanie Hirschauer, Eva Jauzion, Jean-Charles Kien, Malo Mangin, Perrin Metzger, Lise Mougel, Emilie Reitzer, Brice Schwartz, Elitsa Setchenska, Zi Yun Zhou

UFR DES ARTS

DESIGN

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P4

1

3

2

Allison Schmitt

Stephen Nguyen

Jean-Baptiste Georg

WORKSHOPDESIGN ESPACE

Luca Merlini

1

2

3

Le Grand tour : c’est ainsi que l’on appelait le voyage auquel étaient tenus les architectes et artistes pour faire leur apprentissage. C’était, par exemple, le voyage à Rome, ou la visite de quelques incontournables (le Parthénon, les pyramides d’Égypte, Sainte-Sophie à Constantinople, etc...).

Les architectes d’alors prenaient le temps de les dessiner, et de les redessiner à l’infini afin d’en ramener pour leur futur travail des données essentielles. Il étaient, d’une certaine manière, des emprunteurs d’histoires, de formes, de constructions...

Aujourd’hui le Grand tour existe toujours. Mais il se fait dans la vitesse et l’urgence. Il passe par internet ou par des voyages ultrarapides. Imaginons, dans le cadre de ce workshop, le Grand tour de la modernité en scooter, à la manière de Nani Moretti.

Il s’agira, pour chaque étudiant, de choisir un bâtiment remarquable des 100 dernières années, d’une échelle réduite, et d’imaginer que ce bâtiment de la modernité sera « compressé » dans une bande de 2,26 m de largeur. Ainsi, l’ensemble du Grand tour sera constitué d’une suite de bâtiments réinterprétés pour tenir sur cette route improbable.

Le travail commencera par l‘étude des bâtiments et leur représentation. Ce travail devra traduire une sorte « d’épuisement » dans la compréhension de leurs caractéristiques. Tout document présenté sera un « original ».

P6

Vues de détails

Lise Mougel

Vues génèrales

1

2

3

3

1

2

P8 P9

2

1

Élodie Castillo, Émilie ReitzerBrice Schwartz

Allison Schmitt, Chloé Degaille,Perrin Metzger

Amélie Lecocq, Laure MarzolfXavier Schoebel

Sylvaine Beaudeux, Tiffanie Hirschauer, Zi Yun Zhou

Raphaël Costes, Jean-Charles Kien

WORKSHOPDESIGN GRAPHIQUE

Vivien Philizot

1

2

3

4

5

Le wiki, comme construction collective d’une archi tecture du savoir, s’inscrit dans l’histoire récente des objets participatifs et de la démocratisation des connaissances.

Alternative au discours dominant, ensemble de savoirs individuels dont le tout est supérieur à la somme des parties, espace critique de par les débats et les échanges qu’il rend possibles, le wiki diffère de l’encyclopédie par sa nature participative, dynamique et gratuite. Il suffit de rappeler que le terme « informer » vient aussi trouver son étymologie dans le fait de « mettre en forme », « donner forme à... », pour que ces modalités de fonctionnement fassent apparaître, comme en écho à cette définition, un espace d’investigation visuel et graphique dans le champ du design.

What I know Is, rétro-acronyme de « WIKI », est un point de départ : il s’agissait, à l’occasion de ce workshop, de partir d’un wiki fictif ou existant, pour en imaginer et concevoir le design graphique.

Si l’on tient compte de la question du collectif, travailler sur la forme visuelle d’un wiki revient, non pas à imposer des modèles de page et des illustrations préconçues, mais bien plutôt à mettre en œuvre un système graphique, une boîte à outils permettant aux usagers de construire une connaissance dans le même temps qu’ils en élaborent la mise en forme. Si les contenus du wiki sont élaborés de manière participative, on peut attendre de leur formulation visuelle qu’elle relève d’une compétence collective. Se pose dès lors la question de la place du designer graphique. Où s’arrête son travail et où commence celui de l’usager ? Là où le graphisme résout des problèmes de mise en page, le design graphique élabore des outils pour régler ces problèmes, et nous sommes bien ici face à une problématique qui relève du design.

Alors qu’à l’« institution » encyclopédique semble correspondre une identité relativement figée autour d’un logo, l’identité visuelle du wiki est à constituer autour de formes plus souples, offrant les possibilités d’agencement et d’évolution requises pour suivre les transformations structurelles des savoirs qu’il contient.

Le design relationnel, polarisé sur la pragmatique plutôt que la sémantique envisage la forme dans son adéquation avec un contexte social, culturel et technologique qui lui confère sa légitimité. À ce type de design correspondrait selon Andrew Blauvelt, le « prosumer », mot-valise désignant cet individu au croisement du producer et consumer, à la fois auteur et contributeur, auquel le web 2.0 - et à ce titre le modèle wiki - doit son existence.

La recherche porte alors sur le rapport du designer à la connaissance, sur l’approche visuelle et graphique d’un type de savoir, sur l’adéquation entre contenus et traitements typographiques et iconographiques. Dès lors, il ne s’agit plus de « faire une page web », mais bien plutôt de réfléchir à un processus en prenant position sur le terrain de la connaissance. En travaillant ainsi à l’élaboration d’un système graphique, d’un langage visuel, le designer inscrit pleinement son intervention dans cette architecture des savoirs, collective mais jamais normative.

LOCA

P10 P11

4

53

P12

43

2

123456

6

Détails et études

Julien Bulvestre, Xavier Schoebel

Laure Marzolf, Laura Anstett

Raphael Costes, Lise Mougel

Chen Hongsheng

Karim Deenmahomed, Amélie Lecocq

WORKSHOPDESIGN OBJET

Frédéric Ruyant

1

5

Ce workshop a eu pour objet de faire travailler les étudiants à partir du matériau papier et d’en exploiter les propriétés dans la construction d’un projet. L’objet résultant devait être au croisement de deux archétypes, l’un architectural et l’autre domestique ; le mur et la chaise. Le mur sépare, isole, compartimente, organise ; le siège installe, autorise plusieurs positions et permet de changer de point de vue sur l’environnement.

« L’assise-mur », tout en respectant le matériau, fait écho à deux mots-clés que chaque groupe de travail a déterminé au préalable. Ces mots apparaissent comme une ouverture pour l’élaboration technique de l’objet et un point de départ sémantique et poétique.

Les maquettes ont été construites à l’échelle 1.

P14 P15

2

3

1 Sarah Dchicha, Lucie Keller, Noémie Thirion

2 Perrin Metzger

3 Julien Bulvestre, Karim Deenmahomed

CONCOURS FLYDESIGN OBJET

Francis Dupont

1

Les meubles Fly sont la 1re enseigne française de mobilier jeune habitat. La marque propose des produits actuels, contemporains, jeunes, transportables, à l’usage du plus grand nombre et à des prix attractifs.

Ce concours FLY souhaitait privilégier les propositions innovantes qui valorisaient les idées de simplicité, de fonctionnalité, d’ingéniosité dans leur conception et de légèreté dans leur mise œuvre, notamment industrielle. Pour ce concours, le coût accessible des matériaux envisagés, l’économie de moyens, la facilité de montage le cas échéant, étaient des critères particulièrement appréciés, afin que le projet pût s’adresser à un public le plus large possible. En outre, le projet devait intégrer une aptitude à la commercialisation en termes de contraintes de sécurité, de coût, de respect de l’environnement et plus généralement des normes et règlementations en vigueur.

4 thèmes de création pouvaient être envisagés :

« PRENDS UN SIÈGE », « ÉCLAIRE-MOI », « UN PEU D’ORDRE », « DESSINE-MOI UNE HISTOIRE ».

Responsable de l’édition et de la publicationPierre Litzler

UFR ARTSPalais universitaire9, place de l’universitéBP. 9002067084 Strasbourg cedexT +33 (0)3 68 85 68 15

SecrétariatT +33 (0)3 68 85 68 16F +33 (0)3 68 85 68 30arts@unistra.frwww.unistra.fr

Février 2012

Conception et réalisationAmélie LecocqVivien PhilizotXavier SchoebelNoémie Thirion