Nouvelle édition e ÉDITION Q ÉVELYNE JOSSE Le ......maîtrise parfaitement et qu’elle enrichit...

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u Cours complet + résumé u + de 200 témoignages et vignettes cliniques u 32 questions pour contrôler ses connaissances Le traumatisme psychique chez l’adulte ÉVELYNE JOSSE 2 e ÉDITION Préface de Louis Crocq Postface d’Erik de Soir L M D Nouvelle édition révisée et augmentée

Transcript of Nouvelle édition e ÉDITION Q ÉVELYNE JOSSE Le ......maîtrise parfaitement et qu’elle enrichit...

  • uCours complet + résuméu�+ de 200 témoignages

    et vignettes cliniquesu�32 questions

    pour contrôler ses connaissances

    Le traumatisme psychique chez l’adulte

    ÉVELYNE JOSSE 2e ÉDITION

    Préface de Louis Crocq Postface d’Erik de Soir

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    Un panorama exhaustif des réactions traumatiques chez l’adulte

    Quels sont les événements susceptibles de générer des conséquences traumatiques ? Quels sont les paramètres influençant l’apparition, la fréquence et l’intensité des symptômes traumatiques ainsi que leur maintien dans le temps ? Qu’entend-on par résilience ? Quelles sont les spécificités des traumatismes des victimes d’attentats ? Et à quels mécanismes radicaux leurs auteurs obéissent-ils ?

    Pour répondre à ces questions et à bien d’autres encore, l’auteure explore l’ensemble des connaissances théoriques accumulées en matière de traumatisme, offrant une synthèse exhaustive et accessible des réactions traumatiques chez l’adulte.

    Pratique, cet ouvrage étoffera les connaissances des étudiants, psychologues, psychiatres, médecins et assistants sociaux concernés ou intéressés par le trauma, ainsi que celles de tous les professionnels en contact avec des personnes traumatisées.

    Conçue pour l’apprentissage et l’autoévaluation des étudiants

    Pour chaque chapitre :�u Un plan�u De nombreuses vignettes cliniques�u Un résumé�u Des questions pour s’auto-évaluer

    En fin d’ouvrage :�u Une bibliographie exhaustive�u Un index pour mieux se repérer

    Compléments en ligne :�u Les classifications utiles mises à jour

    ISBN : 978-2-8073-2039-0

    DANS LA MÊMECOLLECTION

    Nouvelle édition

    Dans le cadre du SystèmeEuropéen de Transfert de Crédits (E.C.T.S.), ce manuel couvre les niveaux Licence (Baccalauréat/Bachelor) 2 et 3 et Master 1.

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    Nouvelle  édition

    révisée et  augmentée

    Evelyne Josse est psychologue clinicienne diplômée de l’Université Libre de Bruxelles. Formée à l’hypnothérapie éricksonienne, à l’EMDR et à la thérapie brève, elle pratique en libéral en tant que psychothérapeute et superviseure de psychothérapeutes. Elle est également maître de conférences associée à l’Uni-versité de Lorraine (Metz), formatrice en hypnothérapie à l’École belge d’hypnose et à l’Association Française de Nouvelle Hypnose, formatrice en psychotrau-matologie à l’Institut Français d’EMDR et chargée de cours en psychotraumatologie et en hypnothérapie à l’Université Libre de Bruxelles.

    Louis Crocq est psychiatre et docteur en psychologie, ancien médecin général des armées et professeur associé honoraire à l’Université René Descartes (Paris V). Il est l’ancien président de l’Association mondiale de psychiatrie (militaire et catastrophe), fondateur et président honoraire de l’Association de langue française pour l’étude du stress et du trauma (ALFEST) et créateur du Réseau national des cellules d’urgence médico-psychologiques.

    Erik de Soir est psychologue et licencié en sciences sociales et militaires. Il est actuellement chargé de cours au Département des sciences du comporte-ment de l’École royale militaire belge et professeur-invité à la Faculté de psychologie de l’Université de Colima (Mexique). Spécialisé dans l’étude de la gestion des catastrophes, il a rédigé de nombreux ouvrages et articles sur la gestion du stress post-traumatique.

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  • Le traumatisme psychique chez l’adultePRÉFACE DE LOUIS CROCQPOSTFACE D’ERIK DE SOIR

    ÉVELYNE JOSSE

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  • © De Boeck Supérieur s.a., 2019 Rue du Bosquet, 7 – B-1348 Louvain-la-Neuve

    Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment

    par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.

    Dépôt légal : Bibliothèque nationale,

    Paris : avril 2019 Bibliothèque royale de Belgique, ISSN 2030-4196 Bruxelles : 2019/13647/052 ISBN 978-2-8073-2039-0

    Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com

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  • Liste des abréviations .................................................................................. 4Remerciements ............................................................................................ 5Préface ......................................................................................................... 7Introduction ................................................................................................. 13

    CHAPITRE 1 L’histoire du trauma ....................................................... 15

    CHAPITRE 2 La notion de victime ...................................................... 27

    CHAPITRE 3 L’événement potentiellement traumatisant ................. 37

    CHAPITRE 4 Les types de traumatisme .............................................. 53

    CHAPITRE 5 Les paramètres influençant le développement des syndromes psychotraumatiques ............................ 67

    CHAPITRE 6 La résilience .................................................................... 101

    CHAPITRE 7 La prévalence des troubles traumatiques ..................... 115

    CHAPITRE 8 La dimension culturelle .................................................. 123

    CHAPITRE 9 Les réactions face à un événement traumatisant ........ 129

    CHAPITRE 10 La phase aiguë ............................................................... 133

    CHAPITRE 11 La phase à long terme ................................................... 199

    CHAPITRE 12 Les réactions d’une société face à un drame collectif. Le cas des attentats terroristes ...................................... 257

    CHAPITRE 13 Du côté des auteurs. Le cas des terroristes kamikazes ................................... 287

    Conclusion ................................................................................................... 299Postface ....................................................................................................... 301Bibliographie générale ................................................................................ 304Index des auteurs ........................................................................................ 324Index des sujets ........................................................................................... 326L’auteur ........................................................................................................ 329Table des matières ...................................................................................... 330

    Sommaire

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  • APA American Psychiatric Association

    ASD Acute Stress Disorder

    CIM ClassificationInternationaledesMaladiesetdesproblèmesdesantéconnexes

    DSM Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

    ESA État de Stress Aigu

    ESTP État de Stress Post-Traumatique

    ICD International Statistical Classification of Diseases and Related HealthProblems

    OMS OrganisationMondialedelaSanté

    PTSD Post-Traumatic Stress Disorder

    Liste des abréviations

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  • Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement mon père pour son soutientoutau longdecetteaventureetpour latraquesansmerciqu’ila livréeauxfautesd’orthographeetdestyle.Magratitudeàsonégarddépassebienlargementlecadredelarédactiondecetouvrage.

    Mesplusvifsremerciements,poursapréfaceetsarelecture,àMonsieurLouisCrocq,psychiatreetdocteurenpsychologie,ancienmédecingénéraldesArmées,professeurassocié honoraire à l’Université René Descartes à Paris V, ancien président de laSectiondepsychiatriemilitaireetdecatastrophesdel’Associationmondialedepsy-chiatrie, fondateur et président honoraire de l’Association de langue française pourl’étudedustressetdutrauma(ALFEST)etcréateurduRéseaunationaldescellulesd’urgencemédico-psychologiques.LeprofesseurLouisCrocq,dontlestravauxsurlanévrosetraumatiqueetlanévrosedeguerrefontautoritéinternationalement,resteratoujourspourmoiunmentor.

    Ma sincère gratitude, pour sa postface et sa relecture, au major Erik de Soir, psy-chologue et psychothérapeute rattaché à l’Institut royal supérieur pour la Défense(Bruxelles,Belgique),fondateuretprésidenthonorairedel’Associationeuropéennedespsychologuessapeurs-pompiers.

    Maprofondereconnaissance,pourleurrelecture,leursremarquesetleursréflexionspertinentes à Étienne Vermeiren, psychologue, criminologue, psychothérapeute etexpert en psychologie, responsable du Centre de référence pour le traumatismepsychique aux Cliniques universitaires Saint-Luc, vice-président de l’Association delanguefrançaisepourl’étudedustressetdutrauma(ALFEST);àJacquesRoques,psy-chanalyste,psychothérapeute,membrefondateuretvice-présidentdeEMDR-FranceetprésidentduCentredetraitementdestraumatismespsychiquesdeMontpellier;etàBénédictedeVillers,docteurenphilosophiedel’UniversitécatholiquedeLouvain,assistante et doctorante en anthropologie à l’Université de Liège et chargée derechercheàl’HôpitalneuropsychiatriqueSaint-MartinàDave.

    Pourterminer,jevoudraisremerciertouteslesvictimesrencontréesenconsultationetlorsdemespériplesauservicedesorganisationshumanitairesquim’ontinspirécelivre,ainsiqu’àmescollèguesetamisqui,d’unemanièreoud’uneautre,m’ontencou-ragéàl’écrire.

    Remerciements

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  • Voici encore un excellent ouvrage de notre amie Ève Josse, sur un sujet qu’ellemaîtrise parfaitement et qu’elle enrichit sans cesse de son expérience de terrain, Letraumatisme psychique chez l’adulte. Il fait suite au petit manuel pédagogique Letraumatismepsychiquechezlenourrisson,l’enfantetl’adolescent,paruen2011chezle même éditeur. On y retrouve le même souci didactique, avec la clarté du plan, laconcisiondustyle,lasimplicitédulangage,lesvignettescliniquesetlespetitsencartsquiterminentchaquechapitre:«Résumé»et«Vérifiezvosconnaissances».Suivonsson parcours en faisant ressortir ses claires mises au point et sa vision originale, etformulonslesréflexionsquecettelecturesuscite.

    Onnesauraitreprocheràl’auteurd’avoirdélibérémentlimitélevolumedesonpre-mierchapitresurl’histoiredutrauma.Noussavonsqu’elleaaccumuléuneabondantedocumentationsurcesujetetqu’elleprojetted’écrireunouvrageuniquementconsacréàcethistorique.Mais,dansleprésentouvragepédagogique,ilfallaitselimiteràdéga-gerlesgrandesétapesetlasuccessiondesconcepts,desthéoriesetdesthérapeutiquesquiontjalonnécettehistoire.Noussurvolonsdoncavecellelapréhistoiredutrauma,depuisl’Antiquitéjusqu’auxguerresnapoléoniennes;puisl’histoireproprementdite,àl’époquedespremiersaccidentsdechemindeferayantsuscitél’intérêtdeCharcotet inspiré à Oppenheim le vocable de «névrose traumatique»; puis les réflexionsde Janet et de Freudsurlecorpsétrangertraumaetladissociationdelaconscience;avant de suivre les travaux des psychiatres aux armées lors de la guerre russo-japonaisede1904-1905etdesdeuxguerresmondialesde1914-1918et1939-1945;ensuite, ce sera laguerre duVietnam et l’avènementen1980duconceptaméricaindePTSD(acronymepourPost-TraumaticStressDisorder).Enpeudemots,ÈveJossenousbrossel’essentieletnousprofilelesacquiscliniques,théoriquesetthérapeutiquesdecettehistoire.Signalonsàcesujetquebeaucoupdecliniciensfrancophones(Barrois,Crocq, Lebigot) se démarquent du concept de PTSD en défendant une conceptionphénoménologiquedutraumacommeconfrontationinopinéeavecleréeldelamort,irruption du non-sens et bouleversement de la personne. Notons enfin que l’auteurtermine son historique en prônant la technique EMDR de Francine Shapiro (1987).Ils’agit làd’unchoix,motivéparlesbonsrésultatsobtenus,effectuédanslagammevariéedesthérapiesdutrauma : techniquescognitivo-comportementales,relaxation,hypnose,psychothérapiedesoutienetpsychanalyse;thérapiescourammentutiliséesdenosjoursparlescliniciensdediversesécoles.

    Préface

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  • 8 ■ Le traumatisme psychique chez l’adulte

    Le deuxième chapitre, portant sur la notion de victime, était nécessaire, car lagrande majorité des personnes traumatisées sont des victimes, selon les critèresrestreints définis par l’ONU (c’est-à-dire résultant d’une infraction aux lois), ouselondescritèresélargis(Audet et Katz),désignéescommeayantsubiunpréjudicereconnuparlasociété(victimesdecatastrophesnaturelles,parexemple).Quoiqu’ilensoit,lethérapeutevenantenaideàunepersonnetraumatiséedevraprendreenconsidérationcequenousdénommons«lepluspetitdénominateurcommundelavictime»,c’est-à-dire l’ensemble«victime+co-victimes+famillesetamis+collè-gues+enquêteursetexperts+contextesocial»,tantilestvraiquelaréalitédelavictimenesauraitêtrelimitéeaucontenudesonsacdepeauetdupsychismequil’habite, mais doit être étendue à toutes les réactions et incitations qui l’entourentetl’influencent :famillesexcessivementcompatissantesouaucontrairerejetantes,policiersetexpertsparfoisouvertementsceptiques,pouvoirspublicsetsociétéris-quantd’infligeràlavictimeledeuxièmetraumadeleurindifférence,deleuroublioudeleurrejet.

    Unautrepréalable, indispensable,d’ÈveJosseaétédedéfinir,décrireetclasser lesévénements traumatogènes, ou plus exactement «potentiellement traumatogènes»,tantilestvraiqu’unmêmeévénementpeutêtrevécucommetraumaparunindividuetnoncommetraumaparunautreindividuàcôtédelui,quiyréagiraparuneprisede conscience lucide et un stressmobilisateuretadapté;etlemêmeévénementquifaittraumapourmoiaujourd’huinel’eûtpasfaithier,dansd’autrescirconstancesdedisponibilitéd’énergieetdesoutiensocial.L’auteursignaleàjustetitrel’éventualité,que Freud avait désignée comme phénomène d’«après-coup», qu’un événementagressantetviolentnedonnepaslieuinitialementaudéveloppementdesymptômespsychotraumatiques, mais ne manifeste sa nocivité que plus tard, des années plustard, à l’occasion d’un deuxième événement peu agressant, qui n’aurait que le rôlede rappel et de révélateur. Ce mystère de l’après-coup est assez fréquemment ren-contré, et l’auteur nous l’illustre par trois vignettes cliniques. Précisons à ce sujetnotrepropreposition:lephénomèned’après-coupnesauraitêtreconsidérécommelamanifestationtardiveaprèsunlongsommeildeseffetspathogènesintactsdupremierévénement, sur le modèle du conte de la Belle-au-Bois-Dormant; mais la causalitéappartientendernièreanalyseaudeuxièmeévénementdontledéterminismeestderemettreenperspectivetouslesévénementspassésquiluiressemblentpeuouprou,deleuraccorderunenouvelleexistenceetd’alignerleurs«véritéssursitaires»sursonsensd’aujourd’hui.Lecliniciendevradoncseméfierdel’«illusionrétrospective»quifaitaccroireaupatientquesadouleurprésenten’estqueleréveildecelled’hier,etquelevraid’aujourd’huiatoujoursétévrai.Onneretrouverajamaislepassé,quiest«portédisparu».

    Lechapitreconsacréauxtypesdetraumatismealemérited’informerlelecteursurlesdéveloppementsrécentsd’auteursaméricainsproposantdesextensionsduconceptdetraumatisme.Onpeutadhérerounonàleurspropositions.Àladistinctiondésormaisclassique de Lenore Terr entre traumatisme de type I (provoqué par un événementunique)ettraumatismedetypeII(cumuld’événementssuccessifspendantunelonguepériodedetemps),certainsontajoutéletraumatismedetypeIII(agressionsmultiplesperpétrées à un âge précoce et pendant une longue période), toutes ces distinctions

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  • Préface ■ 9

    correspondantàlaréalitéclinique.Mais,làoùlacontwtivée,c’estausujetdesconceptsnouveauxde«traumasecondaire»(frappantunfamilierquin’étaitpasprésentlorsdel’événement),etde«traumatertiaire»ou«vicariant»(perturbantdespersonnes,famillesouprofessionnels,devantécouterlesplaintesdestraumatisésàlongueurdejournée). Pour nous, qui défendons la conception restreinte du phénomène traumacomme confrontation directe avec le réel de la mort, ces propositions sont inaccep-tables : nul ne peut être traumatisé s’il n’a pas été confronté directement, commevictime, acteur ou témoin, à l’événement. Par contre, la notion proposée par Figleyde«compassionfatigue»nousparaîtappropriéeàrendrecomptedelaperturbationéprouvéeparlesprofessionnelsquis’investissenttrop(compassion,commisérationetnonplussimpleempathie)dansl’écouteprolongéeetrépétéedespersonnestraumati-sées.Demême,lanotionde«traumatisationquaternaire»,étendueàl’ensembledelapopulationayantconnaissancedel’événementetdeseseffets,nousparaîtabusive.Onpourraitémettrelesmêmesobservationsausujetdelanotiondetransmissiontrans-générationnelledutraumatisme,quiacependantacquisdroitdecitédanslesmilieuxscientifiques,concernantenparticulier laShoahet legénocidearménien.Toutescespersonnes,quin’ontpasassistédirectementàl’événementencause,nesontpas«trau-matisées»ausensstrictduterme,mêmesi,confrontéesparouï-direàl’événementetauxsouffrancesdesvictimesdirectes,ellesviventouontvécuquelquechosedel’ordredutrauma.

    Aprèsavoirpasséenrevuelesvariablesenjeudanslatraumatisation(variablesatte-nantesàl’événementetvariablesrelevantdelapersonneetdesonhistoire),ÈveJosseoffreaulecteuruneprésentationdocumentéeetargumentéedelanotionderésilience,oucapacitéderebondiraprèsuntraumatismepsychique.Cettenotion,apparuetar-divementdansl’histoiredesobservationsetréflexionssurletrauma(EmmyWerner et Ruth Smith, 1989; Vanistendael et Manciaux, 2001; Cyrulnik, 2001), connaîtactuellement un engouement mérité, et elle apporte un message d’espoir à tous lestraumatisés : sortir de leur marasme, tout seuls, ou soutenus par leur entourage, ouguidés par un thérapeute. Cela étant, il y a lieu de distinguer la résilience, qui est lacapacitépourunepersonnetraumatiséeàsedégagerensuitedeseffetsdesontrauma,delarésistance,quiestlacapacitépourunindividuplongédansunesituation«poten-tiellementtraumatisante»àmettreenœuvresesdéfensesavecsuccèsetdoncànepasvivrecettesituationcommeuntrauma.Orbeaucoupdepublicationsanglo-saxonnesn’établissentpascettedistinctionetparlentderésiliencelàoùilyaseulementrésis-tance.Enfin,quantaumécanismeintimedelarésilience,par-delàl’effetdesressourcesinternes de l’individu et des ressources externes (soutien social), il consiste à notreavisàreconnaîtreouattribuerdusensaunon-sensdutrauma,dansuntravaild’éla-borationpersonnelle,carseulletraumatiséestdépositaire,parfoisàsoninsu,dusenssecretdesonaventure.

    Après nous avoir donné des informations documentées sur la prévalence des syn-dromes psychotraumatiques dans le monde et des indications sur leurs variantesinterculturelles, Ève Josse consacre la seconde moitié de son ouvrage à l’étude destableauxcliniquesàproprementparler.Elledivisesonétudeendeuxparties:phaseaiguë et phase à long terme. La phase aiguë comprend les réactions immédiates (lesdeuxoutroispremiersjours)etlesréactionspost-immédiates(au-delàdetroisjours

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  • 10 ■ Le traumatisme psychique chez l’adulte

    etjusqu’àunmois).Laphaseàlongtermen’apparaîtqu’àl’issuedupremiermoisetest de durée variable, pouvant perdurer toute la vie du patient. Nous nous devonsd’apporterquelquesprécisionsàcescritèresdetemps,pourlesquels lesavisautori-sésdivergent.Alorsque leDSM-IV(1994)restesilencieuxsur laphase immédiate,la CIM-10, ou Classification Internationale des Maladies Mentales (1992), reconnaîtune «réaction aiguë à un facteur de stress» (F43.0), contenue dans des critères detempsde«quelquesheurestoutauplus»,maispouvanttoutefoiss’étendreà24ou48 heures,voire trois jours,«dans les casoù le facteurdestresspersiste».Faceàune telle divergence d’avis, et d’après notre propre expérience, nous assignons uneduréede24heuresmaximumàlaréactionimmédiate.Passécedélai,onentredansla période post-immédiate,quicorrespondaudiagnosticd’«étatdestressaigu»duDSM,aveccommecritèresdedurer«unminimumdedeuxjours»etun«maximumdequatresemaines»suivantl’événement,voireplussilestroublessontapparusplustard,«danslesquatresemainesquisuiventl’événement».Ils’ensuitquelaphaseàlongterme,ou«différée-chronique»,nes’installequ’auboutd’unmois,voiredeux(au terme du classique temps de latence ou de «méditation»), même si une partiedesessymptômesacommencéàéclorependantlaphasepost-immédiate(ouétatdestressaigu).

    Ève Josse décrit très bien la réaction immédiate de stress, adaptative et non patho-logique, même si elle est suivie parfois d’une «queue de stress» ou de déchargesémotionnelles différées, chez des personnes qui ont dû réprimer en urgence toutesleursmanifestationsspectaculairesetqui«semettentàjour»unefoisàl’abri;etlesréactions immédiatesdestressdépassé (outraumatique)dans leursformessidérées,agitéesoud’actionautomatique,quandellesnerevêtentpasuneallurenévrotiqueoupsychotique.Elledégagecequicaractériselevécutraumatiquedecestressdépassé,vécu, que certains auteurs américains, tel Marmar, ont dénommé «dissociation et détresse péri-traumatiques» : sentiment d’impuissance, d’absence de secours, arrêtde la pensée, distorsion des perceptions, suspension de la mémoire, désorientation,déréalisation, orage neurovégétatif et même dépersonnalisation… Personnellement,nouspréférerionsl’adjectif«per-traumatique»à«péri-traumatique»,puisqu’àl’ins-tantmêmedecevécuimmédiat,lavictimeestenplein«dans»letrauma,etnonpas«autour».Touslesclinicienss’accordentàreconnaîtrequecevécuper-traumatiqueest prédictif de l’installation ultérieure d’un PTSD (ou plus généralement d’un syn-dromepsychotraumatique).Celaétant,ÈveJossenousrappellelesétudesclassiquessur la dissociation dans la pathologie traumatique, principalement les observationsd’hystérie traumatique faites par Pierre Janet, dans lesquelles des souvenancesbrutesdel’événementfontbandeàpartdansunrecoindusubconscient,provoquantsursauts, cauchemars et actions automatiques, tandis que le reste de la consciencecontinuedefonctionnerdemanièredélibéréeetcirconstanciée.Onvadoncretrouverladissociationd’unepartdansl’instanttraumatique,etd’autrepartdanslestableauxcliniquesàlongterme.

    Etcelanousconduitàl’étudedelaphaseàlongterme,ÈveJossenelimitepasauxcri-tèresrestrictifsduPTSDaméricain,maisàlaquelleelleassigneuninventairesémio-logiqueélargi.LeDSMétablitsesdiagnosticssurunmodèlekraepelinien,quirépondbien aux variantes de la réalité clinique, par combinaisons possibles de symptômes

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  • Préface ■ 11

    relevantdediversescatégories.Ainsi,lediagnosticdePTSDselonleDSM-IV(1994)requiertunecombinaisoncomprenantauminimum:1parmi5symptômesderevi-viscence,3parmi7symptômesd’évitement-émoussement,et2parmi5symptômesd’activation neurovégétative (soit une liste totale de 17 symptômes possibles). Larévisionplusrécente(DSM-5,2013)requiert:1parmi5symptômesdereviviscence,1parmi2symptômesd’évitement,2parmi7symptômesd’altérationdescognitionsoudel’humeur,et2parmi6symptômesd’hyperéveiletd’hyperréactivité(soitunelistetotalede20symptômespossibles).L’inventaireélargid’ÉvelyneJosseinclutnonseulement ces manifestations intrusives de reviviscence, ces évitements, ces altéra-tions cognitives et de l’humeur et ces symptômes d’hyperréactivité, mais aussi dessymptômes«nonspécifiques»(onpeutlesobserveraussidansd’autrespathologies)tels que troubles anxieux et dépressifs, troubles somatoformes et troubles du com-portement(agressivité,syndromedeRamboetconduitesaddictives);letoutpouvantêtre dans les cas sévères sous-tendu par une véritable altération ou réorganisationde la personnalité, ou ce qu’est devenue la personnalité après l’impact du trauma :toujours en alerte, pusillanime, sans initiative, incapable d’établir des relationstransparentes et équilibrées avec les autres («comme si elle était enclose dans unemembraneinvisiblequilesensépareàjamais»,diraChaïmShatan au sujet des Post-VietnamSyndromes)etenclineauxruminationsamèresetaureplisursoi.LeDSMnereconnaîtpasexplicitementcettealtérationtraumatiquedelapersonnalité,encorequ’ilenprenneencomptedeuxcomposantesdanssescritèresC,àsavoirl’évitement(avoidance) et l’émoussement (numbing). La CIM-10 l’avalise dans un diagnostic àpart, réservé aux cas extrêmes, qui est la «Modification durable de la personnalitéaprès une expérience de catastrophes» (F62.0). Et le DESNOS américain (DisorderofExtremeStressnotOtherwiseSpecified)faitétatd’altérationsde lapersonnalitédetypeborderline.NousapprouvonsÈveJossedesedémarquerainsidel’orthodo-xie américaine pour reconnaître que le trauma altère profondément la personnalitédu traumatisé, dans ses rapports au monde, aux autres et à soi-même, et aussi autemps,quiestdésormaissuspenduàl’instanttraumatique,nedéboucheplussurunfutur fluide et n’est plus capable de réaligner son passé, à chaque instant, dans unenouvellerétrospective.C’estlaleçonquenousontléguéelesancienscliniciensdelanévrose traumatique : Oppenheim, Janet, Freud, Simmel («le changement d’âme»),Kardiner(«unenouvellepersonnalitéétabliesurlesruinesdel’ancienne»),Fenichel(«letripleblocagedesfonctionsdumoi»,fonctiondefiltration,fonctiondeprésenceetfonctionderelationàautrui),etplusrécemmentChaïmShatan(«transfigurationdelapersonnalité»).

    Félicitons Ève Josse pour avoir conçu ce manuel, l’avoir appuyé sur une documen-tation enrichie des plus récentes mises à jour, l’avoir rédigé dans un langage clair etun esprit pédagogique, l’avoir illustré de nombreux cas cliniques issus de sa solidepratiquepersonnelleet,surtout,s’êtretantsoitpeudémarquéedudogmeaméricainduPTSDenformulantjudicieusementsespropresréflexionsetsesprisesdepositionoriginales.Voilàdoncunouvrageutilepourtousceuxquiontpourmissionetvoca-tiond’écouter,decomprendre,d’aideretdesoignerlespersonnestraumatiséesparlaviolencedumonde.

    LouisCrocq

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  • « L’histoire, c’est celle de millions de prédateurs sans pitié. Nous. Et de leurs millions de victimes sans défense. Nous aussi. »

    (Exposition « Le futur a-t-il un avenir ? », Parc d’aventures scientifiques, Frameries, Belgique)

    Lesvictimesexistentdepuislanuitdestemps.Depuisledébutduxixesiècle, lesrépercussions de la criminalité, des guerres, des accidents et des catastrophes natu-rellessurleuréquilibrepsychiquesuscitentuneattentioncroissantedumondescien-tifique.Danscetouvrage,noustenteronsderécapitulerl’essentieldesconnaissancesactuelles.

    Dans le premier chapitre, nous retracerons l’évolution de l’intérêt pour le trauma.Dans le deuxième, nous relaterons succinctement le développement de la notion devictimetoutaulongdessièclesetnousprésenteronsquelquesdéfinitionscontempo-raines. Dans le troisième, nous préciserons le concept de traumatisme et nous nousattarderonssurlescaractéristiquesdesévénementssusceptiblesdeserévélertrauma-tisantsenillustrantnotreproposd’exemples.Danslequatrièmechapitre,nousdéfini-ronslestraumatismesdetypeI,IIetIII,lestraumatismessimplesetcomplexesainsiquelestraumatismesdirectsetindirectsetnousaborderonslanotiondevictimisationsecondaire.Danslecinquième,nousanalyseronslesdifférentsparamètresinfluençantl’apparition,lafréquenceetl’intensitédessymptômesainsiqueleurmaintiendansletemps.Danslesixième,noustenteronsdecomprendrelanotionderésilience.Dansleseptième,nousrendronscomptedequelquesétudesépidémiologiquesrévélantlapré-valencedutraumatismedanslapopulationgénéraleetdanslesgroupesdepersonnesexposéesàdesévénementsdélétères.Danslehuitième,nousattireronsl’attentiondulecteursurladimensionculturelledutraumatismepsychique.Leneuvièmechapitrerésume les réactions physiques, émotionnelles, cognitives et comportementales quepeuvent présenter les personnes impliquées dans un événement potentiellementtraumatisantàcourt,moyenetlongterme.Lesuivantdécritdemanièredétailléelesréponsesimmédiatesetpost-immédiates.Nousverronsqu’aumomentdesfaitsetdanslesheuressuivantes,certainesvictimesréagissentparunstressadapté,d’autrespré-sententdesréactionsdestressdépasséetlessujetsprédisposéspeuventdéclencherdestroublespsychopathologiques.Aprèsquelquesjours,certainespersonnesvoientleurstroublespersisteretd’autrescommencentàsouffrirdesymptômespathognomoniques

    Introduction

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  • 14 ■ Le traumatisme psychique chez l’adulte

    d’un traumatisme et/ou de pathologies associées. Nous clôturerons le chapitre parlesréactions immédiatesetpost-immédiatestellesquelesénoncent lesnosographiesinternationales. Le onzième inventorie les troubles psychotraumatiques chroniquesetlestroublesadditionnelsainsiquelesaltérationsdufonctionnementpsychiquequicaractérisentlanévrosetraumatique.Pourterminer,nousrapporteronslescatégoriesnosographiques des affections traumatiques proposées dans les classifications inter-nationales.Dansleonzièmechapitre,nousnousinterrogeronssurlesréactionsd’unesociété face à un drame collectif en partant du cas des attentats terroristes. Dans ledouzièmeetdernierchapitre,nousnouspencheronssurlesauteursàl’origined’évé-nements traumatiques et nous nous questionnerions les conditions sous lesquelles des personnes normales deviennent capables de commettre des actes d’une violenceextrêmetelsqu’unattentatterroriste.

    Cetouvrages’adresseàunlargepublic.Ilseveutêtreenprioritéunmanuelutileauxétudiantspsychologuesetpsychiatres.Ilétablitlesbasesthéoriquesdontlaconnais-sance préalable est indispensable à la qualité de leurs soins futurs. Il est égalementdestinéauxpsychologues,psychiatresetassistantssociauxdetoushorizons,travail-lantencabinetoueninstitution,œuvrantauseind’équipeshumanitaires,deservicesd’urgenceetdesecours,d’associationsdevictimesoudedépartementsdesRessourcesHumainesdegrandesentreprises(laPoste,lesCheminsdefer,lesbanques,etc.)char-gésdelapriseenchargepsychosocialeet/ouspécialiséedesvictimes.Ildevraitégale-mentintéressertouslesprofessionnelsdelasantémentaleainsiquelesomnipraticiensetlesmédecinsdutravailfréquemmentencontactavecdespersonnestraumatiséesetsoucieuxd’approfondirleursconnaissancesdutraumatismepsychique.

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  • CHAPITRE  1

    1L’histoire du trauma« Les survivants de cette saloperie de guerre seront dans mon esprit,

    pareils à ces fantômes que les tombes conjurent et que les maisons renient, et resteront suspendus entre ciel et terre, trop coupables pour se rapprocher

    de Dieu et trop compromettants pour se joindre aux hommes. »

    Yasmina Khadra, Morituri, 1997

    S O M M A I R E

    1. De l’Antiquité au xviie siècle : premiers récits historiques et scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

    2. Du xviiie au milieu du xixe siècle : premières observations scientifiques et premières hypothèses étiologiques . . . . . . . . . . . . . 17

    3. Fin du xixe siècle : vers une étiologie psychogénique . . . . . . . . . . . . 184. Le xxe siècle : l’évolution de la notion de traumatisme. . . . . . . . . . . 20

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  • 16 ■ CHAPITRE 1 – L’histoire du trauma

    Dèsl’originedel’humanité,lesvictimesdecriminalité, deguerres,d’accidentsetdecatastrophesnaturellesontététouchéesparlasouffrancetraumatique.Toutefois,àquelquesexceptionsprès,letraumatismepsychiquen’estguèrementionnéavantlexixesiècledansleslivresd’histoireet lesouvragesscientifiques.Àpartirdesannées1800,iléveillel’intérêtd’uncerclerestreintdechercheursetdepraticiensspécialisés,médecins,neurologuesetpsychiatres,confrontésauxconflitsarmés,auxaccidentsferroviairesetauxpsychopathologies,maisilresteralargementméconnu, tantdugrandpublicquedesprofessionnelsdelasantémentale,jusqu’àlafinduxxesiècle1.

    1. De l’Antiquité au xviie siècle : premiers récits historiques et scientifiques

    Quelquescasanecdotiquesdetraumatismeémaillentlesrécitshistoriquesetscien-tifiquesdel’AntiquitéaudébutdesTempsModernes.Lespremierstémoignagesrela-tifsauxréactionspsychotraumatiquesdatentdedeuxmilleansavantJésus-ChristetrévèlentlasouffrancedesSumériensdeBasse-MésopotamieàlasuitedeladestructiondeNippur(AttingerP.,2012)),leurprincipalcentrereligieux,etd’Agadé.

    En450avantnotreère,dansletomeVIdesonlivre Histoire,l’historiengrecHérodoterapportelecasduguerrierathénienEpizelosqui,saisid’effroi,futfrappéd’unecécitéde conversion2àMarathondanslabatailleopposantGrecsetMèdes(Larcher,1850).Quatrecentsansavantnotreère,danssonouvrage Le Traité des songes,lemédecingrecHippocrateconsacreunchapitreauxcauchemarstraumatiques,enexpliquelescausesetpréconisedestraitementsspécifiques(Hippocrate,1838).

    1. Nous informons le lecteur que l’histoire du traumatisme fera l’objet d’un prochain ouvrage àparaîtreauxéditionsDeBoeck.

    2. Troublesanscauseorganiquesuggérantuneaffectionneurologiqueouuneaffectionmédicaleetdéterminéepardesfacteurspsychologiques.

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  • Du xviiie au milieu du xixe siècle : premières observations scientifiques… ■ 17

    Unmillénaireplustard,vers1100del’èrechrétienne,ondécouvredans La Chanson de RolandlesrêvestraumatiquesdeCharlemagne(Gautier,1895).Quelquessièclesplustard,en1572,aulendemaindumassacredelaSaint-Barthélemyperpétréensonnom,leroiCharlesIXseplaintdeflash-backàsonmédecinAmbroiseParé(Sully,1822).

    2. Du xviiie au milieu du xixe siècle : premières observations scientifiques et premières hypothèses étiologiques

    Les xviie, xviiie et xixe siècles furent le théâtre de nombreux conflits armés quioffrirent un vaste champ d’observation aux spécialistes des armées. Les médecinsmilitairesdel’AncienRégime3nomment«nostalgie»et«ventduboulet»lestroublestraumatiquesprésentésparlessoldatsencampagneeffrayésparlafureurdescombatsoudésespérésparlamortd’uncamaradetombésouslefeuennemi(Crocq,2012).

    La Révolution française (1789-1799) et les guerres de l’Empire (1799-1815) four-nissentdenombreuxcascliniquesàPhilippePinel.C’estàcetaliénistefrançaisquel’ondoit,danssontraitépourl’humanisationdutraitementdesaliénésparuen1809,lapremièredescriptiond’unenévrosetraumatique (Pinel,1809).

    La seconde moitié du xixe siècle voit s’accroître l’intérêt du monde médical pour lessouffrancesmoralesdesvictimes.Cesontlesaccidentsdechemindeferetdetravail,d’unepartetlesétudessurl’hystéried’autrepartquiouvrirontvéritablementlavoieauxpremièreshypothèsesétiologiquesdestroublestraumatiques.

    Lesaccidentsferroviairesfontenunefoisungrandnombredevictimesetcausentauxrescapés une frayeur immense. Toutefois, s’ils suscitent l’attention plus que d’autres(accidents de calèche, incendies, séismes, etc.), c’est moins à cause de leur caractèrespectaculaireetdramatiquequ’enraisonducontextedanslequelilssurviennent.Eneffet,en1846,enAngleterre,unenouvellelégislation,TheFatalAccidentsAct1846,appeléecommunémentleLordCamplell’sAct4,permetauxpassagersblessésdansunaccident ainsi qu’aux familles des victimes décédées de réclamer réparation auprèsdesresponsables.Danslessuitesdelaloi,en1849,lapremièrecompagnied’assurancegénérale5,laRailwayPassengersAssurancesCompany,voitlejour,rapidementsuivie

    3. OnentendparAncienRégimelestroissièclesallantdelaRenaissanceàlaRévolutionfrançaise(1789).

    4. WebbP.R.H.(1961),“TheconflictoflawsandtheEnglishfatalaccidents”, The Modern Law Review Volume24,Issue4,p.467-474,July1961.

    5. L’histoiredel’assuranceremonteàlanuitdestemps.Unedesplusancienneslégislations,connuesous le nom de «Code d’Hammurabi», réalisée vers 1730 avant Jésus-Christ à l’initiative d’Ham-murabi, roi de Babylone, fait état des premières méthodes de transfert de risque. Le code stipulequ’un marchand verse une prime au préteur lorsqu’il souscrit un prêt pour effectuer un transportdemarchandises.Leprêtnedoitpasêtreremboursésilacargaisonestvoléeousilenavireacoulé.L’assurancetellequenouslaconcevonsaujourd’huiavulejoursuiteaugrandincendiedeLondres

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  • 18 ■ CHAPITRE 1 – L’histoire du trauma

    pard’autres.En1864,unamendementétendlechamplégislatifàtoutevictimed’acci-dent incitant des individus malhonnêtes à commettre des escroqueries à l’assurance(Pignol,2012).Denombreuxlitigesjuridiquesopposentdèslorslesexpertsdescom-pagniesferroviairesauxaccidentés.Invitésàapporterleurcautiondanslesexpertiseslégales,lesmédecinssontcontraintsd’affinerleursavoirsurlanaturedesdommagesdont se plaignent les accidentés. La question de l’authenticité des traumatismes fer-roviairesetde leurétiologiefait l’objetdedébatsanimés.Pourcertains, lestroublesrésultentdelésionsoudeperturbationsdusystèmenerveuxconsécutivesauchocdel’accident;pourd’autres,ilssontgénérésparl’espoirdesaccidentésd’obtenirunecom-pensationfinancièresoutiréeauxcompagniesferroviaires.Jean-MartinCharcot,méde-cinàl’hôpitaldelaSalpêtrièreàParis,prendpartoccasionnellementàlacontroverse.Selonlui,sidestraumatismessansconséquencesurlamajoritédessujetsprovoquentdes effets spectaculaires sur certains individus, c’est en raison de leur «diathèse»,c’est-à-direleurprédispositionconstitutionnelleouhéréditaire(Charcot,1889).

    Alorsqu’enAngleterreetenFrance,lescompagniesferroviairessontauxprisesaveclesvoyageursaccidentésréclamantdesdédommagementsfinanciers,enAllemagne,àlamêmeépoque,lesdirigeantsd’usinesetlesassurancessontconfrontésàlaquestionde l’indemnisation des accidents de travail. C’est dans ce contexte que l’AllemandHermannOppenheim,neurologueàl’hôpitaldelaCharitédeBerlin,sevoueàpartirde1884àl’étudedesnévroses.Cetteannée-là,ilpublieunpremierarticleencollaborationavecsonconfèreberlinoisRobertThomsen6.Lesauteursregroupentdansuneentiténosographique spécifique, qu’ils nomment «névrose traumatique», les symptômesdisparates ayant pour point commun leur étio-pathogénie traumatique. La névrosetraumatique connaît rapidement de nombreux détracteurs. Oppenheim et Thomsen se voient reprocher d’avoir négligé le risque de simulation alors que le contexte estpropiceauxescroqueries,etce,particulièrementdepuisquelebureaudel’assuranceimpérialeareconnuen1889ledédommagementdelanévrosetraumatique.

    Paul Briquet, médecin à l’Hôpital de la Charité à Paris, est le premier à avoir décritl’hystériedemanièresystématiquedansson Traité clinique et thérapeutique de l’hystérie (Briquet,1859).Iltientles«frayeurs»,lesmauvaistraitements,lesviolsetlesdeuilscommefacteursprédisposants,voirecommecausesdéterminantesdelapathologie.

    3. Fin du xixe siècle : vers une étiologie psychogénique

    Fin du xixe-début du xxe siècle, Pierre Janet, Josef Breuer, Sigmund Freud etSándor Ferenczi,notamment,enrichissentlesconnaissancesparleursréflexionssurlesprocessuspsychiquesentrantenjeudanslesréactionstraumatiquesetinitientles

    de1666.L’économisteNicholasBarbonfondelapremièrecompagnied’assurancespécialiséedanslesassurancesincendie,ancêtredel’assurancehabitation.

    6. Arch.deWestphal.BdXVHeft2et3,citéparGuinon(1889).

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  • Fin du xixe siècle : vers une étiologie psychogénique ■ 19

    premiers traitements psychothérapeutiques, en particulier des séquelles de trauma-tismesanciens.

    En1883,PierreJanetprendenchargel’unitédepsychiatriedel’hôpitalduHavreetsepenchesurlaquestiondel’hystérie.Selonlui,cettepathologie,qu’ilreconnaîtpouvoirsurvenirsuruneconstitutionprédisposéeest,dansungrandnombredecas,consécu-tiveàunévénementtraumatisant.Ilconstatetoutefoisquelessouvenirsémotionnantsà l’origine des troubles sont fréquemment inconnus du malade lui-même, mais qu’ilspeuvent émerger à la faveur d’un état de conscience modifié (hypnose). Janet, dontle souci thérapeutique est constant, est le premier à avoir développé les bases, tou-joursactuelles,delathérapiepsychodynamiquedessujetstraumatisés:faireaccéderl’événementémotionnantàlaconscienceparl’hypnose,soutenirsonélaborationparla parole, susciter la purgation des émotions qui y restent attachées (abréaction) etpromouvoirsonintégrationàlaconscience.

    En1880,JosefBreuerprendenchargeAnnaO.,unepatientehystérique.Avecelle,ilébaucheprogressivementunepsychothérapiedynamiquesansrecoursàlasugges-tion qui préfigure la cure psychanalytique. Breuer nomme «méthode cathartique»ce traitement basé sur l’abréaction (ou catharsis) des affects liés à l’événement etquin’ayantpusemanifestersontrestés«coincés»souslaconsciencedelamalade(Breuer,Freud,1895).

    En 1886, Sigmund Freud ouvre son premier cabinet privé à Vienne et, en 1889, ilreçoitenconsultationEmmyvonN.,unepatientesouffrantdetroubleshystériquesmultiples.IlrecourtàlaméthodecathartiquedeBreuerets’appliqueàréduirechaquesymptôme en laissant la patiente retrouver en hypnose les circonstances trauma-tiquesquilesontfaitnaître.EnenjoignantFreudàsetaireetdel’écouter,EmmyvonN.joueraunrôleimportantdansledispositifthérapeutique.Eneffet,Freudrenoncepeuàpeuàl’hypnose7etinaugurelaméthodedesassociationslibresquideviendraunedesrèglesfondamentalesdelapsychanalyse.

    En 1893, Freud convainc Joseph Breuer de publier les conclusions théoriques aux-quelleslaméthodecathartiquelesamenésetlesdeuxhommessignentconjointementunpremierarticle8.Danscettepublication,lesauteursdéveloppentuneétiologietrau-matiquedel’hystérieprochedecelleexposéeparJanetquatreansplustôt.

    7. Contrairementàl’idéereçue,Freudnerenoncerapastotalementàl’hypnoseetl’utiliseraaumoinsjusqu’en1924(Bioy,2008).

    8. Cet article constituera, sous le titre «Communication préliminaire», le premier chapitre del’ouvrageÉtudessurl’hystérieéditédeuxansplustard.

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  • 20 ■ CHAPITRE 1 – L’histoire du trauma

    4. Le xxe siècle : l’évolution de la notion de traumatisme

    Tout au long du xxe siècle, l’intérêt pour les troubles traumatiques connaîtra unessor progressif et continu. Les guerres, particulièrement la guerre russo-japonaise,lesdeuxconflitsmondiauxainsiquelaguerreduVietnam,serévélerontunterrainparticulièrementfertiled’étudesthéoriquesetd’expérimentationspratiques.

    4.1. La guerre russo-japonaise : les premiers soins psychologiques immédiats

    Durant un an, de 1904 à 1905, la guerre russo-japonaise fait des ravages et lespertes psychiatriques sont très importantes. Les psychiatres et médecins militairesconsidèrentgénéralementquelestroublesdessoldatsrelèventdel’hystérieoudelaneurasthénie.Orleshystériquessontsouventassimilésàdessimulateurs.Toutcommelesvictimesd’accidentsferroviairesetdetravailavaientétésoupçonnéesdefeindreuneaffectionmentaleenvued’obtenirdesdédommagementspécuniairesdelapartdescompagniesd’assurance,lessoldatstraumatiséssevoientfréquemmentsuspectésdesimulerdesétatspathologiquesauxfinsd’êtrereclassésàl’arrièreoud’êtreréformés.

    Pour contenir les pertes psychiatriques, l’armée du tsar, sous l’égide du médecingénéral et psychiatre en chef Autokratoff, instaure un service de «psychiatrie del’avant».Desdispensairessontaménagésàproximitédufrontetuntandem,composéd’infirmiersetd’unpsychiatre,parcourtlalignedecombatencharretteshippomobilespourdispenserlespremierssoinsauxblessés.Cetteaidepsychologiqueprécoceviseàréduirelesréactionspost-traumatiquesimmédiatesetnonlesséquellesàlongterme.

    LaCroix-Rougerusse,dépasséeparl’affluxdeblesséspsychiques,lanceunappelauxmédecinsétrangers.C’estainsiquel’AllemandGeorgHonigmannserendsurlefrontenqualitédepsychiatrevolontaire(HonigmannG,1907)).En1907,aucongrèsalle-manddemédecineinterne,richedesesobservations,ilproposedenommer«névrosede guerre»(Kriegsneurose)lestroublesmanifestésparlesblesséspsychiques.

    4.2. La guerre 1914-1918

    Enraisondesadurée,desinnovationstechnologiquesdumatérieldecombat,durecoursmassifàl’artillerieetdesstratégiquesdéveloppées,laguerre1914-1918causedavantagedevictimesquetoutautreconflitantérieur.Dèsl’ouverturedeshostilités,descombattants,enrôlésauseindespuissancesalliéescommedesempirescentraux,présententdestroublespsychologiques.

    Tandis que les soldats combattent sur le front, les aliénistes s’affrontent sur le ter-rain des idées à coup de doctrines étiopathogéniques explicatives des syndromespost-traumatiques : affection simulée ou exagérée pour les uns et véritable maladie

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  • Le xxe siècle : l’évolution de la notion de traumatisme ■ 21

    pour les autres, syndrome lésionnel pour les uns et névropathique pour les autres,déterminéparuneprédispositionconstitutionnellepourlesunsetdéclenchéparlescirconstancesspécifiquesdelaguerrepourlesautres,etc.Toutaulongdelaguerre,lesobservationscliniquesdesmédecinsetpsychiatress’affinent,leurcompréhensiondesphénomènespathogéniquess’amélioreetladénominationdestableauxcliniquesserenouvelleainsiquelerésumelepsychiatremilitairefrançaisLouisCrocq:

    «Hypnosedesbataillespourlaguerredemouvementd’août1914(Milian),puis shell-shock9 (Myers,Chavigny,Gaupp,1915)aveclastabilisationdufrontetlespilonnagesd’artilleriesurlestranchées,puisneurasthénieethystériedeguerreavecl’enlisementduconflitet labaissedumoraldessoldats (Lépine,1917),etenfin,névrosesetpsy-chonévroses de guerre, voire névroses traumatiques, diagnostics qui reflètent plusexactement la réalité (Roussy, Lhermitte, Milligan, Ferenczi, 1917-1918). Les hypo-thèsespathogéniquesontsuivilamêmeévolution:hypothèsesorganiquesétiologiquesd’abord,dontcelledelaconfusionmentaledeguerre(Capgras),etcelledelaparaly-sie nerveuse réflexe (Babinski, Oppenheim), ensuite hypothèse post-commotionnelle(Mott, Mairet, Sarbo), puis hypothèse post-émotionnelle par effroi et autosuggestion(Lépine,Birnbaum),etenfinhypothèsespsychodynamiquesducomplexedepeur,del’effondrementnarcissiqueetdelarégressionlibidinale(Adrian,Ferenczi,Abraham,Freud)»(Crocq,2005).

    Au fil du conflit, le nombre d’engagés atteints d’affections post-traumatiques prenddes proportions inquiétantes. La perte d’effectifs entraînée par ces blessés psychiquesmenace l’armée d’impéritie. Un soupçon permanent de duperie pèse sur les soldatstraumatisés, l’état-major les suspectant de mimer l’aliénation mentale pour échapperàleurdevoirmilitaire.Dès1915,lesneurologuesetlesaliénistessontinvitésàmettreleurexpertiseauservicedescomitésderéformeetdesconseilsdeguerre.Ilssontchar-gésdedistinguerles«simulateurs»etles«exagérateurs»descombattantssouffrantde réels troubles psychopathologiques. Les médecins militaires et les hautes autoritéss’abstiennentdereconnaîtreunepathologiedéclenchéespécifiquementparlestrauma-tismesdelaguerrequilescontraindraitàindemniserouàréformerlessoldatsatteints.Ilspréfèrentgénéralementimputerlestroublesàlamauvaisevolontédeleursrecruesàretourneraufrontouàleurprédispositionhéréditaire,etnotammentàleurpropen-sion à l’hystérie. Rappelons qu’à l’époque, la frontière entre hystérie et simulation estsiténuequ’ilestaisédeconfondrelapremièreaveclaseconde.Certainsaliénistesfontpreuved’unpatriotismeexalté.Ilssemblentnepasprendrelamesuredelasouffrancepsychiquedesnévrosésetsemontrentsanspitié,n’hésitantpasàmettreauxfers lesmalheureux, à les dénoncer au Conseil de guerre ou à leur infliger des traitementsdouloureuxtelletraitementfaradique.EnFrance,l’électrothérapiefaisaitpartiedepuislongtempsdel’arsenalthérapeutiquedédiéauxhystériques.Ainsi,PaulBriquet l’utili-saitdéjàen1850,Jean-MartinCharcotavaitfaitinstallerun«laboratoired’électricité»àlaSalpêtrièreetSigmundFreudyavaitrecourupoursespatientesEmmyvonN.et

    9. Nombred’affectionsmentalesprésentéesparlescombattantsétantsubséquentesàl’explosiondeminesetd’obus,lesscientifiquessontconvaincusqueladéflagrationexercedeseffetsmécaniquessurle système nerveux. Cette thèse étiologique explique la dénomination de Shell Shock accordée auxpathologiespost-traumatiques(notedel’auteur).

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  • 22 ■ CHAPITRE 1 – L’histoire du trauma

    ElizabethvonR.Latechniqueconsisteàappliqueruncourantélectriqueàmêmelapeausurlarégionducorpsconcernéeparlesymptômetoutenintimantaupatientl’ordredeguérir.Durantlaguerre,dansleurservicerespectif,lesdocteursClovisVincentàToursetJuliusWagnerJaureggàVienne,ladévoientetencodifientl’usagerépressif.

    En1917,lesthéoriespsychodynamiqueseffectuentunepercéesurleterraindesexpli-cationspathogéniques.Desauteurs,deplusenplusnombreux,s’accordentàrattacherlessymptômesdestraumatisésàdescontenusetàdesprocessuspsychiquesincons-cients.Finseptembre1918,moinsdedeuxmoisavantlafindeshostilités,SigmundFreudorganiseàBudapestleVecongrèsinternationaldepsychanalysepartiellementconsacré aux névroses de guerre. Le neurologue hongrois Sándor Ferenczi et lemédecinallemandKarlAbrahamcomptentparmilesintervenantsducongrès.Leursréflexionssontd’uneimportanceconsidérablepourledéveloppementdelapsychana-lyseetdelanévrosetraumatique.

    4.3. La Deuxième Guerre mondiale

    La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste et le plusmeurtrier de tous les temps. Elle est le théâtre de nombreux crimes de guerre et de crimescontrel’humanitéetvoitl’émergenceinéditedecrimesdemasse,enparticulieràl’instigationdel’AllemagnenazieetduJaponimpérial.

    La dénomination des tableaux cliniques manifestés par les combattants traumatiséstend à minimiser l’impact de la guerre sur leur santé mentale. Ainsi, du côté desforcesalliées,conseilléparlepsychiatreFrederickHanson,legénéralaméricainOmarN.Bradleyémetunecirculairepréconisantlediagnosticd’exhaustion(épuisement).Cemotévitetouteconnotationpsychiatriqueetlaisseentendrequelesoldat,victimed’unesimplefatiguetransitoire,aeu«uneréactionnormalefaceàunesituationanormale».Laformuleferaécole.Onparleégalementde combat réaction(réactionaucombat), com-bat fatigue(fatiguedecombat), combat stress(stressdecombat)etde war stress (stress de laguerre).Letermewarneurose(névrosedeguerre)estréservéauxcaslesplusgraves.Les médecins et psychiatres militaires l’imputent à une vulnérabilité personnelle dusoldatetàsesantécédents,antérieursauservicearmé(parexemple,àuntraumatismeinfantileselonlesthéoriespsychanalytiquesenvogueàl’époque).Eneffet,laplupartnientquelaguerrepuisseêtrelacausemajeureàl’originedetroublespsychologiquesdesrecrues.Commecefutlecasdurantlesguerresrusso-japonaiseet1914-1918,unegrandepartieducommandement,tantducôtédesAlliésquedespuissancesdel’Axe,craintquelareconnaissanced’untraumatismepsychiquespécifiquementdéclenchéparlaguerresoitlaporteouverteàlacouardiseetaux«désertionspsychiques».

    Sur le plan pathogénique de l’exhaustion, on incrimine l’intensité des combats et letempscumuléenopération.Lesétudesmenéesparlesmédecinsétablissentunecorré-lationentreladuréed’expositionauxdangersdelaguerreetlerisquededévelopperdes troubles psychiques (Beebe, Appel, 1958; Sobel, 1949). Selon les psychiatresaméricainsRoyGrinkeretJohnSpiegel,chaquehommeasonpointderupture(breakpoint).Lesrecrues,rompuespsychologiquementaprèsunséjourprolongésurlefront,nesontnideslâchesnidesfaibles,maisdespersonnesnormalesincapablesd’endurer

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  • Le xxe siècle : l’évolution de la notion de traumatisme ■ 23

    pluslongtempslescontraintesextrêmesdelaguerre(Grinker,Spiegel,1945).Mêmelescombattantslesplusaguerris,enserviceactifdepuislongtemps,rescapésàdiversesreprisesd’unitésdécimées,finissentpars’effondrer.LepsychiatreaméricainRaymondSobel baptise ce phénomène «le syndrome du vieux sergent» (Sobel, 1945). Lespsychiatresmilitairesdécouvrentainsiquelespertespsychiatriquessontuneconsé-quenceinévitabledessituationsmettantlavieenpéril.

    Dans la survenue des troubles psychiques, on souligne également les facteurs affec-tant le moral des troupes : conflits interpersonnels (entre soldats, entre soldats etofficiers),manquedecohésionauseindel’unité(isolementdescombattantsdétachésen patrouille, absence de soutien mutuel, déficit de liens affectifs entre pairs, etc.) etcommandementdéfaillant(carencedesoutien,méfianceouconflitauseindelatroupeaveclesofficiersouentrelefrontetl’arrière,etc.)(Spiegel,1944;Stoufferetal.,1949).Lespsychiatreset lesautoritésmilitairesdécouvrent lerôleessentielde lacohésiondugroupenonseulementpourprévenirl’exhaustion,maiségalementpouraccroîtrel’efficacitédesunitésaucombat.

    Audébutdeshostilités,lesarméesnesontpaspréparéesàprendreenchargelesbles-séspsychiques.Ducôtéallié,ladésorganisationprovoquéeparladéfaiteéclairinfligéeenjuin1940parlesforcesallemandesoccultelestraumatisésdespréoccupationsdesétats-majors.Ducôtédel’Axe,lasouffrancepsychiqueestconsidéréecommel’apanagedesfaiblesetnoncommeuneconséquencefréquente,inhérenteauxconflitsarmés.Lesleçonsdesguerresprécédentesontétéoubliées.Aussi,aucundispositifdepsychiatriedel’avantn’estmisenplace.Aucunpsychiatren’estattachéauxdivisionsdecombatetaucunedispositionn’existepourassurerdessoinspsychiatriquesàproximitédufront.

    Endécembre1941,avecl’entréeenguerredesÉtats-Unis,unepolitiquevisantàtraiterlaquestiondespertespsychiquessemetlentementenplace.Dansunpremiertemps,dans l’espoir d’écarter les individus prédisposés à la décompensation psychique, lesefforts se concentrent sur la sélection des soldats. Ce dépistage s’avère rapidementinefficace. L’échec de la sélection discrédite l’hypothèse de facteurs prédisposants àl’originedestroublesmentauxdéveloppésaucoursdudéploiement.Lespsychiatresdoiventrevoirleurcopie;ilsinvoquentd’autresétiologiesàl’originedessymptômestraumatiques tels le stressetlescontraintesdelaguerre.

    Peuàpeu,lesarméesredécouvrentlesprincipesdelapsychiatriedel’avant(Menninger,Nemiah,2000);unestratégied’interventionprécocevisantàécrêterlessyndromesd’ex-haustionvoitainsilejour.Pourlescaslesplusgraves,lesmédecinsrecourentàl’hypnose,àlanarco-analyse10etàlacuredesommeil11.Ilsinnoventégalementdesnouveauxpro-cédéscommelesthérapiesdegroupeettestentdestraitementsinédits,potentiellementàhautrisque,telsquelesthérapiesparlechoc12,lesélectrochocsoulesleucotomies13.

    10. Méthoded’investigationdumatérielinconscientaprèsinjectiond’unesubstancenarcotique.

    11. Lacuredesommeilestinduitepardesbarbituriquesetdessédatifs.

    12. Cette méthode consiste à provoquer un coma artificiel par injection d’insuline ou d’une autresubstance.

    13. Laleucotomieconsisteàsectionnerlesfibresnerveusesreliantleslobesfrontauxauthalamus.

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  • 24 ■ CHAPITRE 1 – L’histoire du trauma

    L’urgencedelaguerreamobilisélesforcesvives,laissantdecôtélaquestiondestrau-matismesmanifestésparlescivils.Cen’estqu’aprèslafindeshostilitésquelesscien-tifiquessepencherontsurlesortdesmilliersd’enfantsetd’adultesensouffrance.En1952,lepsychologueetpsychanalysteautrichienBrunoBettelheimdécritlaculpabilité du survivanteten1957,lepsychanalysteallemandWilliamNiederland,lesyndromedu survivant (survivor syndrome).En1954,lepsychiatrefrançaisRenéTargowladéfinitlesyndromeasthéniquedesdéportésetdixansplustard,soncollèguenorvégienLeoEitingerdéveloppelanotiondeKZsyndrome, Konzentrationläger syndrome (syndrome descampsdeconcentration).Lespsychiatresetpsychanalystesdécouvrentainsiquelesséquellespsychiquespersistentlongtempsaprèslafindeshostilités.

    La psychanalyse, grâce aux apports de Sigmund Freud, Sándor Ferenczi, AbramKardiner, Otto Fenichel, Karl Abraham et bien d’autres, a le vent en poupe. Dansl’après-guerre,lesthéoriesettechniquesthérapeutiquessuscitentunintérêtsanspré-cédentauseindelacommunautéscientifiqueetdescliniciens.Lapsychanalyseconnaîtdenouveauxdéveloppements;desthérapiesapparentéesvoientlejour.

    4.4. La guerre du Vietnam : vers la reconnaissance du traumatisme

    De1964à1975,lesAméricainssontimpliquésauxcôtésduVietnamduSuddansleconflitl’opposantauVietnamduNord.Danscetteguerredeproximitéetdebasseintensité,l’arméeduNord(Vietminh),dépourvuedemoyenslourds(artillerie,aviationde bombardement), adopte une tactique de guérilla (raids, embuscades). Dès lors, lestroupes américaines sont confrontées à un type de combat inhabituel; l’ennemi estpartoutetnullepart.

    Richesdesexpériencesacquisesaucoursdesguerresprécédentes,lesforcesarméesaméricainesinstaurentunepsychiatriedel’avantdèsledébutdeleurengagementdansle conflit. Grâce aux multiples stratégies développées pour lutter contre les pertespsychiques,letauxd’attritionencoursdedéploiementrestefaible.Contrairementauxguerresprécédentes,notammentauxdeuxpremièresguerresmondiales,oùlenombredeblesséspsychiquesculmineauplusfortdescombats,danslaguerreduVietnam,l’acméestatteintealorsqueleshostilitésontprisfin.

    En1972,dansunarticlepubliédansle New York Times,lepsychiatreetpsychanalysteaméricain Chaim Shatan attire l’attention du public sur le Post-Vietnam syndrome.Àpartirde1975,lesséquellestardivesprésentéesparunnombrecroissantdevété-rans attirent l’attention tant des professionnels que des pouvoirs publics. Outre lessymptômestraumatiques(reviviscences,évitement,hyperactivationneurovégétative),de nombreux vétérans souffrent de dépression (mésestime de soi, comportementssuicidaires, etc.), manifestent des troubles caractériels (impulsivité, accès de colère),voireselivrentàdesactesdélinquants,etconsommentabusivementdessubstancespsychoactives(alcool et drogue).

    En1978,ungroupedechercheurs,dontfaitpartieChaimShatan,proposeàlacom-missionchargéederemettreàjourleDSM d’introduire le diagnostic de Post-Traumatic

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  • Le xxe siècle : l’évolution de la notion de traumatisme ■ 25

    Stress Disorder14 dans la troisième version de cette nosographie psychiatrique15.Ce sera chose faite en 1980. Le contexte politique et l’impopularité croissante de laguerreduVietnamontlargementcontribuéàlareconnaissanced’unenomenclatureparticulièreapplicableauxtroublestraumatiquesdesvétérans.

    La reconnaissance d’une entité diagnostique spécifique constitue à l’époque unevéritable victoire, et ce, à plus d’un titre. Premièrement, les troubles traumatiques,jusqu’alorsimputésàunevulnérabilitépersonnelle,sontattribuésàunagentextérieur,la guerre.Deuxièmement,admettrelalégitimitéduPTSDimpliquedesconséquencesfinancièrescolossales.Jusqu’alors,lesréactionspost-traumatiquesétaientattribuéesàuneprédispositionindividuellequelacirconstanceparticulièredescombatsnefaisaitque révéler. La guerre n’étant pas reconnue comme la cause prédominante dans lagenèsedestroubles,lessoldatstraumatisésn’étaientpasindemnisés.L’administrationchargéedesvictimesdeguerreétaitdoncrétiveàvoirapparaîtreuneentitécliniquequilacontraignaitàdédommagerlesblesséspsychiques.Troisièmement,lesyndromede stresspost-traumatiqueestfondésurunfacteurétiologique,cequeleDSM,noso-graphie descriptive et sans référence théorique, tente d’éliminer. Quatrièmement, lePTSDadmetquelesauteursd’exactionpuissentêtrevictimes;lessoldatscoupablesdecrimesdeguerresontdeshommesordinairesquiontétéplongésdansunesituationextraordinaire.Cinquièmement,lestroublesnesontpasuniquementl’apanagedesévé-nementsliésàlaguerre;lediagnosticdePTSDestapplicableauxtroublesconsécutifsàlaguerreainsiqu’àtoutautreévénementdélétère.

    4.5. La fin du xxe siècle : l’EMDR, une technique thérapeutique révolutionnaire

    Progressivement,psychiatresetpsychologuesdesquatrecoinsdumondeélaborentde nouvelles techniques appropriées tant à réduire les réactions aiguës qu’à prévenirles séquellesà longterme desévénements traumatiques. Ilsaffinent lesprocéduresetlesadaptentauxdifférentespopulationsdevictimes(militaires,pompiers,policiers,vic-timesd’attentat,detorture,deviolencessexuelles,populationtoutvenant,etc.).Lapsy-chanalyseetlesthérapiesdérivéesfurentlespremièresoptionsdetraitement.Àpartirdesannées1980,lareconnaissanceduPTSDdanslacatégoriedestroublesanxieuxduDSM-IIIpromeutlesthérapiescomportementalesetcognitivesdanscedomaine.Findecettedécennie,unpasdécisifestfranchiavecladécouvertedel’EMDR.

    L’EMDR est une approche psychothérapeutique. Elle a été découverte fortuitementaux États-Unis en 1987 par Francine Shapiro16, docteur en psychologie au Mental

    14. TraduitenfrançaisparÉtatdeStressPost-TraumatiqueouESPT.

    15. Le DSM-III est la troisième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder,AmericanPsychiatricAssociation,1980.

    16. Francine Shapiro a reçu en 2002 le prix Sigmund Freud, prestigieuse distinction décernée parl’AssociationMondialedePsychothérapieetparlavilledeVienne.

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  • 26 ■ CHAPITRE 1 – L’histoire du trauma

    Research InstitutedePaloAltoenCalifornie.Cetteméthodearapidementrévolutionnélaconceptionetlapratiquedelapsychothérapie,notammentdespatientstraumatisés.

    EMDR est l’acronyme d’Eye Movement desensitization and reprocessing, en fran-çais «désensibilisation et retraitement par le mouvement des yeux». L’appellation«EMDR»aétéconservéemêmesilaméthodeneselimiteplusdésormaisàl’utilisa-tiondesmouvementsoculaires.

    L’efficacitédel’EMDRaétéscientifiquementprouvéedepuis1989pardenombreusesétudescontrôlées.Depuis2013,l’OrganisationmondialedelaSantélapréconisepourletraitementdestroublespsychotraumatiqueschezl’enfantetl’adulte.Elleestégale-mentreconnueauxÉtats-Unisparl’American Psychologist Association(1998),l’Inter-national Society for Traumatic Stress Studies(2000),l’American Psychiatric Association (2004) et le Department of Veterans Affairs and Department of Defense (2004), enFranceparl’INSERM17(2004)etparlaHauteAutoritédelaSanté(2007),enIsraëlparle National Council of Mental Health Israël (2002),enIrlandeparle Northern Ireland Department of Health(2003)etauRoyaume-Uniparle Department of Health(2001)etle National Institute for Health and Clinical Excellence(2005).

    Résumé1 Les premiers témoignages relatifs aux réactions psychotraumatiques datent de deux

    mille ans avant Jésus-Christ.

    2 Le traumatisme psychique commence à susciter l’intérêt du monde médical au début du xixe siècle. Les accidents ferroviaires de la seconde moitié du xixe siècle et les guerres du xxe siècle le renforcent.

    3 Fin du xixe début du xxe siècle, les scientifiques militaires et civils se penchent sur les processus psychiques en jeu dans les réactions traumatiques et initient les premières prises en charge psychothérapeutiques.

    4 En 1980, l’American Psychiatric Association introduit le Post-Traumatic Stress

    Vérifiez vos connaissances

    1 À qui doit-on le terme « névrose traumatique » ?2 Que signifie l’acronyme PTSD ?

    17. InstitutNationaldelaSantéetdelaRechercheMédicale.

    ?

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  • Évelyne Josse est psychologue clinicienne diplômée de l’Université Libre de Bruxelles. Formée à l’hypnothérapie éricksonienne, à l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) et à la thérapie brève, elle pratique en tant que psychothérapeute en privé. Elle est également maître de conférences associée à l’université de Lorraine (Metz), chargée de cours à l’université Lire de Bruxelles, for-matrice en hypnose en Belgique et en France (École Belge d’Hypnose et Association Française de Nouvelle hypnose), formatrice en psychotraumatologie (Institut français d’EMDR, Université Libre de Bruxelles), expert en hypnose judiciaire et superviseur de psychothérapeutes.

    Également consultante en psychologie humanitaire, elle a travaillé depuis 1992 au service de différentes ONG (Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde-France, Comité International de la Croix Rouge, etc.). Elle a développé une expertise dans la prise en charge des populations victimes de violence ainsi que du personnel expatrié victime d’un incident critique.

    À ses débuts, elle a exercé dans des hôpitaux universitaires auprès d’adultes atteints du VIH/SIDA et d’enfants malades du cancer. Elle a également été assistante en faculté de Psychologie à l’Université Libre de Bruxelles au service de psychologie du développement.

    Elle a rédigé de nombreux articles sur le traumatisme psychique et les violences sexospécifiques qu’elle met à disposition sur son site www.resilience-psy.com. Elle est l’auteur des livres Le pouvoir des histoires thérapeutiques. L’hypnose éricksonienne dans la guérison des traumatismes psychiques, paru en 2007 aux éditions Desclée de Brouwer ; Le traumatisme psychique chez le nourrisson, l’enfant et l’adolescent, édité en 2011 par De Boeck Université dans la collection « Le point sur » ainsi que de l’ouvrage Interventions humanitaires en santé mentale dans les violences de masse, écrit en colla-boration avec Vincent Dubois, publié en 2009 aux Éditions De Boeck Université dans la collection « Crisis ». Elle a participé à trois ouvrages collectifs parus chez Dunod : Psychothérapies de la dissociation sous la direction de Joanna Smith en 2016, Pratique de la psychothérapie EMDR sous la direction de Cyril Tarquinio en 2017 et Aide-mémoire – Psychiatrie et psychopathologie périnatales en 51 notions sous la direction de Benoît Bayle en 2017.

    Visitez le site de l’auteur : www.resilience-psy.com.

    L’auteur

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  • Sommaire ......................................................................................... 3Liste des abréviations ......................................................................... 4Remerciements .................................................................................. 5Préface .............................................................................................. 7Introduction ...................................................................................... 13

    CHAPITRE 1 L’histoire du trauma .................................................... 151. De l’Antiquité au xviie siècle : premiers récits historiques

    et scientifiques ........................................................................... 162. Du xviiie au milieu du xixe siècle : premières observations

    scientifiques et premières hypothèses étiologiques ...................... 173. Fin du xixe siècle : vers une étiologie psychogénique .................... 184. Le xxe siècle : l’évolution de la notion de traumatisme ................. 20

    4.1. La guerre russo-japonaise : les premiers soins psychologiques immédiats .................................................................................. 20

    4.2. La guerre 1914-1918 ................................................................... 204.3. La Deuxième Guerre mondiale .................................................... 224.4. La guerre du Vietnam : vers la reconnaissance du traumatisme .... 244.5. La fin du xxe siècle : l’EMDR, une technique thérapeutique

    révolutionnaire .......................................................................... 25

    CHAPITRE 2 La notion de victime .................................................... 271. L’évolution de la notion de victime ............................................. 282. Victime, définitions actuelles ....................................................... 32

    2.1. Définitions infractionnelles ......................................................... 322.2. Définitions victimologiques ......................................................... 34

    Table des matières

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  • Table des matières ■ 331

    3. Types de victimes et degré d’implication dans l’événement

    traumatisant .............................................................................. 353.1. Les victimes directes ou primaires ................................................ 353.2. Les victimes indirectes ou victimes par ricochet ........................... 36

    CHAPITRE 3 L’événement potentiellement traumatisant ................... 371. Le traumatisme psychique .......................................................... 382. Les événements traumatogènes .................................................. 39

    2.1. Un événement majeur et massif .................................................. 412.2. L’accumulation d’événements d’importances diverses .................. 422.3. Le rappel d’un événement ancien aux potentialités

    traumatogènes ........................................................................... 423. Les paramètres des événements traumatisants ............................ 43

    3.1. Les événements traumatisants d’origine naturelle et humaine ..... 433.2. Traumatismes individuels et collectifs .......................................... 48

    CHAPITRE 4 Les types de traumatisme ............................................ 531. Les traumatismes de type I, II et III, simples et complexes ............. 542. Les traumatismes directs et indirects ........................................... 55

    2.1. Les traumatismes directs ............................................................. 552.2. Les traumatismes indirects, la cicatrice sans la blessure................. 59

    3. La victimisation secondaire.......................................................... 65

    CHAPITRE 5 Les paramètres influençant le développement

    des syndromes psychotraumatiques ............................. 671. Les variables liées à l’événement ................................................. 68

    1.1. L’intensité et la gravité de l’événement ....................................... 681.2. Le degré d’exposition au(x) facteur(s) traumatisant(s) .................. 761.3. L’imprévisibilité et le caractère incontrôlable de l’événement ...... 791.4. La part sombre de l’âme humaine ............................................... 811.5. Les conséquences négatives de l’événement ................................ 82

    2. Les variables liées à l’individu ...................................................... 832.1. Le genre .................................................................................... 832.2. La personnalité et les facteurs de vulnérabilité propres au sujet ... 852.3. Le niveau de préparation psychologique ..................................... 862.4. Le degré de responsabilité de la victime dans le déclenchement

    ou le déroulement de l’événement ............................................. 882.5. Les conflits intrapsychiques ......................................................... 88

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  • 332 ■ Le traumatisme psychique chez l’adulte

    2.6. Les stratégies d’adaptation ......................................................... 892.7. Les conséquences positives de l’événement ................................. 912.8. Les facteurs cognitifs .................................................................. 91

    3. Les variables liées au milieu de récupération ................................ 953.1. L’absence de réseau social .......................................................... 953.2. Le climat familial avant l’événement ........................................... 953.3. La stabilité du milieu de vie ........................................................ 953.4. La capacité de soutien de l’entourage direct ............................... 963.5. La capacité de soutien de collègues et de l’organisation

    professionnelle ........................................................................... 983.6. La capacité de soutien de la communauté ................................... 983.7. Les soins de santé mentale .......................................................... 99

    CHAPITRE 6 La résilience ................................................................. 1011. Origine du terme résilience ......................................................... 1032. Émergence du concept de résilience

    dans les sciences humaines ......................................................... 1043. Différentes définitions ................................................................ 1054. Les questions autour de la résilience ........................................... 1065. Les facteurs de résilience ............................................................ 108

    5.1. Les ressources internes à l’individu .............................................. 1095.2. Les ressources externes à l’individu ............................................. 112

    CHAPITRE 7 La prévalence des troubles traumatiques ...................... 1151. Le traumatisme dans la population générale ............................... 1162. Les groupes spécifiques .............................................................. 118

    CHAPITRE 8 La dimension culturelle ................................................ 1231. Les aspects culturels liés à la souffrance

    et aux troubles mentaux ............................................................. 1241.1. Causes à l’origine des épreuves de la vie

    et des troubles mentaux ............................................................. 1241.2. L’expression de la souffrance ...................................................... 1251.3. La perception des troubles mentaux............................................ 125

    2. Les aspects culturels liés au traumatisme ..................................... 125

    CHAPITRE 9 Les réactions face à un événement traumatisant .......... 129

    9782807320390_INT_001_336_TRAUMA.indb 332 12/03/2019 12:51

  • Table des matières ■ 333

    CHAPITRE 10 La phase aiguë .......................................................... 1331. Les réactions immédiates ............................................................ 134

    1.1. Les réactions de stress normal et adaptatif .................................. 1341.2. Les réactions de stress dépassé .................................................... 1381.3. Les réactions psychopathologiques aiguës ................................... 1501.4. Les altérations précoces de la personnalité .................................. 155

    2. Les réactions post-immédiates .................................................... 1562.1. L’apparition d’un syndrome post-traumatique ............................. 1562.2. L’apparition de symptômes non spécifiques aux syndromes

    post-traumatiques ...................................................................... 1653. Les réactions immédiates et post-immédiates

    selon les nosographies internationales ........................................ 1813.1. Les états de stress aigu ............................................................... 1823.2. Les troubles dissociatifs ............................................................... 188

    CHAPITRE 11 La phase à long terme ............................................... 1991. Les syndromes psychotraumatiques ............................................. 200

    1.1. L’état de stress post-traumatique ................................................ 2051.2. Les symptômes non spécifiques aux syndromes

    post-traumatiques ...................................................................... 2091.3. Les altérations de la personnalité ................................................ 219

    2. Les psychopathologies ................................................................ 2352.1. Les névroses ............................................................................... 2352.2. Les psychoses ............................................................................. 236

    3. Les syndromes psychotraumatiques

    selon les nosographies internationales ........................................ 2363.1. L’état de stress post-traumatique ................................................ 2363.2. Les troubles dissociatifs de la personnalité................................... 2433.3. Les altérations de la personnalité ................................................ 2443.4. Les autres tableaux cliniques consécutifs

    à un événement délétère............................................................ 249

    CHAPITRE 12 Les réactions d’une société face à un drame collectif .

    Le cas des attentats terroristes ................................... 2571. Le terrorisme, une arme efficace ................................................. 2582. Des effets psychologiques et sociaux recherchés

    par les terroristes ........................................................................ 259

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  • 334 ■ Le traumatisme psychique chez l’adulte

    3. Les réactions immédiates ............................................................ 2603.1. Le choc, la peur et l’empathie ..................................................... 2603.2. Les mouvements de panique ....................................................... 2613.3. Les rituels ................................................................................... 2613.4. Rumeurs alarmistes, fausses alertes à la bombe et théories

    complotistes ............................................................................... 2634. Les réactions à court terme ......................................................... 270

    4.1. La peur ...................................................................................... 2705. Les réactions à moyen et long terme ........................................... 271

    5.1. Les réactions individuelles ........................................................... 2715.2. Les comportements collectifs ...................................................... 277

    6. L’avenir ...................................................................................... 283

    CHAPITRE 13 Du côté des auteurs .

    Le cas des terroristes kamikazes ................................. 2871. La déshumanisation .................................................................... 288

    1.1. Définition de la déshumanisation et de l’infra-humanisation ....... 2881.2. Les formes de déshumanisation et d’infra-humanisation .............. 2891.3. Déshumanisation des non-musulmans et des non-intégristes

    par les terroristes ....................................................................... 2912. Déshumanisation, perte de la capacité de sympathie

    et de compassion, pervertissement de la capacité d’empathie ..... 2912.1. Sympathie et empathie ............................................................... 2922.2. Perte de sympathie et de compassion, pervertissement

    de l’empathie ............................................................................. 2933. Déshumanisation et désengagement moral ................................. 2944. Désengagement moral et atrocités .............................................. 2955. Endoctrinement et déshumanisation du terroriste ........................ 296

    5.1. La désaffiliation du groupe d’appartenance ................................ 2965.2. La déshumanisation engendrée par l’endoctrinement .................. 297

    Conclusion ........................................................................................ 299Postface ............................................................................................ 301Bibliographie générale ....................................................................... 304Index des auteurs .............................................................................. 324Index des sujets ................................................................................. 326L’auteur ............................................................................................ 329

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  • uCours complet + résuméu�+ de 200 témoignages

    et vignettes cliniquesu�32 questions

    pour contrôler ses connaissances

    Le traumatisme psychique chez l’adulte

    ÉVELYNE JOSSE 2e ÉDITION

    Préface de Louis Crocq Postface d’Erik de Soir

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    ÉVEL

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    Un panorama exhaustif des réactions traumatiques chez l’adulte

    Quels sont les événements susceptibles de générer des conséquences traumatiques ? Quels sont les paramètres influençant l’apparition, la fréquence et l’intensité des symptômes traumatiques ainsi que leur maintien dans le temps ? Qu’entend-on par résilience ? Quelles sont les spécificités des traumatismes des victimes d’attentats ? Et à quels mécanismes radicaux leurs auteurs obéissent-ils ?

    Pour répondre à ces questions et à bien d’autres encore, l’auteure explore l’ensemble des connaissances théoriques accumulées en matière de traumatisme, offrant une synthèse exhaustive et accessible des réactions traumatiques chez l’adulte.

    Pratique, cet ouvrage étoffera les connaissances des étudiants, psychologues, psychiatres, médecins et assistants sociaux concernés ou intéressés par le trauma, ainsi que celles de tous les professionnels en contact avec des personnes traumatisées.

    Conçue pour l’apprentissage et l’autoévaluation des étudiants

    Pour chaque chapitre :�u Un plan�u De nombreuses vignettes cliniques�u Un résumé�u Des questions pour s’auto-évaluer

    En fin d’ouvrage :�u Une bibliographie exhaustive�u Un index pour mieux se repérer

    Compléments en ligne :�u Les classifications utiles mises à jour

    ISBN : 978-2-8073-2039-0

    DANS LA MÊMECOLLECTION

    Nouvelle édition

    Dans le cadre du SystèmeEuropéen de Transfert de Crédits (E.C.T.S.), ce manuel couvre les niveaux Licence (Baccalauréat/Bachelor) 2 et 3 et Master 1.

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    Nouvelle  édition

    révisée et  augmentée

    Evelyne Josse est psychologue clinicienne diplômée de l’Université Libre de Bruxelles. Formée à l’hypnothérapie éricksonienne, à l’EMDR et à la thérapie brève, elle pratique en libéral en tant que psychothérapeute et superviseure de psychothérapeutes. Elle est également maître de conférences associée à l’Uni-versité de Lorraine (Metz), formatrice en hypnothérapie à l’École belge d’hypnose et à l’Association Française de Nouvelle Hypnose, formatrice en psychotrau-matologie à l’Institut Français d’EMDR et chargée de cours en psychotraumatologie et en hypnothérapie à l’Université Libre de Bruxelles.

    Louis Crocq est psychiatre et docteur en psychologie, ancien médecin général des armées et professeur associé honoraire à l’Université René Descartes (Paris V). Il est l’ancien président de l’Association mondiale de psychiatrie (militaire et catastrophe), fondateur et président honoraire de l’Association de langue française pour l’étude du stress et du trauma (ALFEST) et créateur du Réseau national des cellules d’urgence médico-psychologiques.

    Erik de Soir est psychologue et licencié en sciences sociales et militaires. Il est actuellement chargé de cours au Département des sciences du comporte-ment de l’École royale militaire belge et professeur-invité à la Faculté de psychologie de l’Université de Colima (Mexique). Spécialisé dans l’étude de la gestion des catastrophes, il a rédigé de nombreux ouvrages et articles sur la gestion du stress post-traumatique.

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