socn::TE D'OPHTALMOLOGIE DE L'EST SOCIETE D'OPHTALMOLOGIE MAROCAINE

Reunion du 14 mars 197 1

COMMUNICATIONS

Essais c1iniques d'un collyre associant desoxymetasone, framycetine, gramycidine

P3r MM. B. i!'>1GTGNOI.T el A. BnONNrR (Strasbourg).

Nous avons ete amene:; a examiner l'action d'un nouveau collyre, compose de In ra~on suivante :

De~oxymetasone (sous forme de sci sodique du metasulfobcnzoalcl. O,I{){i g

Sulfate de frarnycetino.>. 0.500 g

Gramicidine. O,O()5 g

Propionate de $Odium. Methocel. polysorbate 8().

Nitrate phenylmercurique. Alcool clhy[ique ,\ 95". Acide ])I)rique.

Acetate de sodium. Eau pour preparations ;njectables q .s.p ..

Conditionne en flacons de S millilitres.

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O,2"J{I ml

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100 Ill!

Co collyre cantient done principalement deux antibiotiques a spectre d'action eomplementaire, associes Ii un eOI'tieo"ide solub'e la desoxyme­tasone. Le vch ieule de SUPPO!t de ces catlstitunnls clant caracterise par la presence de methy'cellu'ase. dont Ie principe esl de prolonger la dUl"ce d'action de3 produils precedp,nls. Les au~res composants constituent les elements canservatcurs du co'lyre; il savair : Ie nitrate de phcnyimercure, l'acide borique et I'acetate de sodium. L'alcool solubilise la gramicidine, l'eau, la framycetine et Ie sel de desoxymelasone.

Envisageons mainlcnant Ie mode d'action de ces differents elements:

1. LE SEL SODlQUE DE METASULFOBENZOATE DE DESOXYMETASONE.

II s'agi~ d'un corticostero'ide soluble d"ns I'eau connu SOU3 lc numcro de code R 2123. Le sci sodique lui-meme elant designe sous Ie numero

SOdeleS d·ophtalll)ologie. n" 4.

431 aULI..ETIN DJ::S SOCli:TES U'OPII,A.LI>lOI..OGI£

R 2<187. C'est done un anti_inflaTfj.matoire. Pour comparer son activite aux IlrodUilS plus anciens, on peut etablir un tableau des doses compara­tives procurant une memc action anti-inflammatoire

Cortisone.

Hyd,o('orlisone.

Cella-cortisor.e.

Del ta- hydrocortisone.

Mcd"Qcortisone.

Triamcinolone ..

DboXlIme!a.sonc.

DcxameUlsone.

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L'activi te comparee de In desoxyme ta.<:ane et de la dexamelasone nous montre ulle plus forte activite de ccUe dernieJj~ qui est un pcu mojn~

soluble que la desoxymelasone, celle-ci elan l tres vile metabolisee ct eliminee, son activite parai! ainsi moindre.

2. L'ASSOCIATIQN DES DEUX ANTI8IOTIQUES.

Le sulfa te de fram ycctinc :

C'cst un antibiotique bactericide a des concentration.'; voisines de!> taux bacterioslatique.';. SOn spectre antibiotlque est vaste et comporte auss~ bien dc!> germes Gram positif que des germes Gram negatif. Mais c'est cssentiellement un Ilntistaphyioooccique.

Nous don nons ci-dessous Ie table<lu compar::df dcs germes sur lesqueis la f! amycetine est active avec III concentration minimum inhibitrice du pl"Oduit sur ces germes :

C"EI!.I IES.

StllphVIOC()CCIlS (Iunus (Oxford" .

Baci1lou subtiris ATCC &633.

Bacillus $ub ti!i$ NRRL 911.

Bacilhu $ubtili$ NRRL 9iZ.

Bacillus cer.ms ATCC 559.

Bacillus "'!lcl>,'du 8. 2~'J.

Sarcina lu tea ATCC 9.)H .

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Enterococcus Tiss;!:"r I.P. (StrepIOCOi'c"$ groupe 0) .

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SOClhE tiE L'EST - SOCIETE MAROCAINE

CI::!lMf.5 .

Aerobacter aeTogenes I .P . .

Est'heTichia coli ATCC 903l6 .

Esd'erichia coli streptomllcino-resistant.

Salmonella pullon",. (AlIort).

Salmonelle tvph, murium ..

Salmonella enteridis Gar/neT .

Sahnonelle paralyphi_B.

Eberthella typhosa.

Shigella gallinaTtlm (AI/ort).

Pl1$leurella mu/tocida (Aljort).

Brucella abortu3 !)Qvis (AI/orll

Brucella bronchiseptiea NRRL B. 141.

Alcaligenes sp. (Bodenheimer) NRRL B. 962 ..

Proteus v ulgaris ..

Pseudomoua.o: aeTugi"osa ATCC 10 145 .

Serratia marcescens ATCC 998li.

Klebsiella pneumoniae.

Klebs iella pneIL"l.On~ K. 41 I_P ..

Cocco bacillus P.C.J. 3 (F.D.A .>.

MlIoouacteriILm tILbercul~is ATCC 607.

MyC(>bacteriILm phlei ATCC 355_

1'rf1lcobaclerium bt<tYTieum ATCC 360!.

Mycobacterium smegma/is.

JI.1yoobocter;um Tanae ATCC llO.

IIIycvbacteTium S.A.P.C .

Mycobacterium S.A .P .C. Slreptomycino-resistanl.

435

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On voit iei que la framycetine est efficace SUI Ie staphylocoque, lc pneumocoque, les enterobacteries (co'i, typhique et dyscntt~rique), Ie proteus, In plupnrt des pyocyaniqucs et Ie bacille de K och. l! semble egale­ment que les ricketuies et tout specinlement RicketUia prowazecki soient

436 BULL ETIN DES socrETES O'OPHTALi\lOLOGIE

sensibles a eel antibiotique. Notons cependant In relative incfficacile de In 'framycetine sur les strcptocoques.

La gra micidin I:',

C'c51 un antibiotique oble-nu par fractio nncment de In tylOthr icinc:, soluble clans l'alcool cthylique. C 'est un bacteriostatique puissant sur les cocci, en particulier sur Ie pncumocoque, s treptocoque I:'t gonocoque.

Void dans cc tableau, Ie rp.pertoire de \'activite sur dHTerents germ!:'s in vitTO :

CE RM J::5.

Pneumococcus.

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Le lIuf: thocel est !'elemcnt de base du vehicu le des produits actifs de ce collyre. Sa viscosite a pOUl" efTet de maintenir Ie collyre Ie plus long~ temps possible au contact de la conjonctive ma lade.

Lars· des essais cliniques du collyre, nous vouJions tester SOli efflcacitc sur diITerentes inHammations du segmen~ antericUl" de l'eei l, en limitant J!cmploi it d eux instillations par jour, it raison d 'une goutte par instillation.

SOCIETE DE L'EST - SOCIET~ MAROCAINE 1~37

L'experiment<ltion cliniquc a porte :::ur 39 cas comprcnant : 26 conjonc­tivites. 2 iJ idocyclitcs et 11 irritations oculaires postoperatoires.

Rapidement, on s'cst rendu compte que l'emploi biquotidien s'averail souvent inefflcacc. La frequence d'insli1lalion a du iHre portee dans les cas SeVeH$ a 4 dans 1a mcme journee. En effcI, si nous examinons la duree moyenne des traitements et a la condition de n 'envisager que les cas dont Ie.> resultats furent tout a fait satisfaisants, nous constations que les cas avec instillation biquotidienne mettaient onze jours a s 'ameliorer, alors que ceux avec 4 i ns~illations gu?rissaient en huit jours. Rat es furent donc les cas ameliores avec deux instillations. Le ryth me de trois instil'a­tions au minimum parall I cpresenter la dose courante a proposer. Q uatre instil 'a tions par jour sonl a reco:nmander d'en tree pour les conjonctivi'_es severes et ccci pendant une dur ee de huit a dix joul·s.

La tolerance a ete excellente ; aucun des malades nc s'est plai nt de sensation desagreable au moment de l'instillation.

Un premier groupe de mH'ades a utilise ee eollyre comme therapeu­tique d'une conjonctivite catarrhale simple a rHison de trois instillations par jour. Jl. s'agissait de consultants de policlinique t! aites systematique­ment sans identification d u germe. CO's 5 malades av~c trai tcment ambulant ressentirent tous une amelioration rapide de leur ctat, J'un d 'entre eux, des Ie troisicme jour du debut du traitcment. Dans tous ces cas, II'! gueri­son fut obtenue apres huil jours.

Le deuxieme groupe comprend 21 malades hospitaJises pour differen­tes afTections qui, ;JU cours de leur sejour en c'inique, fu rent aUeints de conjonctivite aigu:i:. Un examcn bacteriologique (>t viral sur frottis conjonc­tival fut pratique dans tous les cas, ainsi qu'un antibiogrammc systema­tique toutes les fois qu'un germe a l~ le decouvert. L'antibiogramme stan­dard pratique par l'lnstitul de bach~liologie de !a Faculte de medecinc de Strasbourg s'ad ressc i:t une paJet~e d'antibiotiques cournmment utilisee qui comporte la gammc suivantc :

penicilline:

dimeth oxypcn icillinc ;

oxacirine;

ampicilline;

streptomycine:

chloramphenicol:

terramycine;

dimethy:tetrHcyciine ;

staphylomycine ;

pri: t inamycine ;

iincomycine ;

erythromycine ;

kanamycine :

gentamycine ;

ncomycine:

keRin.

Dans 12 cas de conjonctiv :tes. aueun germe n'a pu ctre decouvert p",r les frottis. Dans deux cas seulement, un adenov irus a pu et re identifie. Un cas de conjonctivite fut impute au s ta phy loeoque dore non hemolyti­que, quatce cas a un staphylocoque clure faiblemcnt hemolytiC).ue. Trois autres furent provoques par du staphylocoque dore hemo)ytique: un cas rc' evai t de l'associnlion dc streptocoque verdissant et de s taphylocoquc blanc. Le coilyre utilise n'a eu aucun ef'fet dans ce cas. L 'nntibiogl amme

438 BULL,"'l'I N 1)1'5 ~OCIi7rE:S D'OPHT.~I.MOLOGrE

confirma la resistance de ces germes a In p!upart dC3 antibiotiques utilises. Le collyre a prouve son efficacile dans tous les cas . a I'exception de trois d'enlre ewe Deux des trois cas rcbellcs au collyre avaient un fwltis conjonctivai negatif, Ie troisieme elant ceilli de l'~ssociation de germcs pathogenes mentionne plus hauL L'ameIior.; tion e~ la gu crison des cas favorables fUien t obtenues dans des dc'ais variant entre quatre et vingt jours. Trcize reagissaient a deux instillations, trois it trois instillations, alors que trois autres necessitaient quatre fois une goutte par jour.

Chez trois malades s'cst developpee une keratite supcrficie~le. Lc traitement au collyre a du thre intcl rompu. L'un d'entre eux a ~u une aggravation de son inflammation apres deux jours de lraitement. A j'actif du produit, il faut signaler d;ms Ie lot, la presence d'u ne femme allergiq ue aux antibiotiques et qui a parfailement supporte Ie collyre sans la moindre reaction locale.

Le troisieme lot de malades soumis it I'essai therapeutique conce! ne celui des irritations importantes apres inlerven~ions a globes ouverts. Ce groupe compose de 11 malades operes comprend : un decollement de rHine, cinq cataractes, trois inter ventions nst ulisantes, deux plaies perfo­rantes. Le colly re fut instille chez les uns d~s Ie lendemain de I' inte!ven­tion , chez les autres a parti!· du cinquieme jour. La tolerance etait excel­lente. Deux des 11 operes deve-Ioppere-nt I'un une keratite superficielle, I'autre un tyndall de rhumeur Af!Ueu:..e f!ui mit une semaine pour regres­ser, neeessitant une flequence de quatre instillations par jour.

Le demier lot de. malades cornprend deux iridocyclites, l'une hyper­tensive favorablement influencee p2r I'instillation des Ie deuxicme jour, mais s'est averee par la suite de nature herpetique. L'apparition d'une kernti tc dendritique a oblige d'inten ompre Ie t rai tement au collyre a la desoxymetasone. L'autre cas concerne une iri tis pure ou Ie phenomime de tyndall s'est rapidement e::.tompe et revolution a ete favorable avec une instillation de quatre gouttcs par jour.

En conclusion, Ic nombrc d'tkhccs ~nregistrc a ete relativement faible : trois cas parmi les conjonctivites traitees, trois cas parmi Jes irritations postoperaloires, un cas d 'i ridocyclite hypertensive d 'origine herpetique ou \'instillation a du ctre interrompue. Le nouveau collyre que nous venons de mettTe il I'epreuve nous parait done tres efficace.

Son originalite reside dans I'adjonelion de methylce·lu:ose, vecteur visqueux destine a prolonger I'activite des antibiotiques et du corticolde qu'il contient. II apparait que !orsque ces vecteurs sont trop dilues I'efl et escompte ne puisse etre alteillt. Ceci expliQue 10. neccssi te d'augm~nter la cadence des instillations, l'application bi-quotidienne s'averant dans les cas rebelles peu efficace. Lu presence d'une dexametasone impose pour l'utilisation du collyre les precautions habituclies comme pour tous le~

autles corticoldes oculaires.

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