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Artiste et scénariste cana-dienne, Mariko TAMAKI fait ses débuts en 2000 avec le roman Cover Me, un récit poignant sur une adolescente luttant contre la dépression. En 2008, elle publie le roman graphique Emiko Superstar, illustré par Steve ROLSTON, mais surtout Skim (disponible chez Casterman), qu’elle réa-lise avec sa cousine Jillian, et dans lequel l’héroïne tente d’apprivoiser les changements d’une vie qu’elle ne maîtrise pas encore. Le duo fonctionne si bien que les deux femmes collaborent une nouvelle fois en 2014 sur Cet été-là (Rue de Sèvres), notamment récom-pensé par l'Eisner Award du Meilleur Album et sélectionné lors du 42e festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Mariko TAMAKI est aussi l’autrice des titres SUPERGIRL: BEING SUPER (2016), She-Hulk (2017-2018) et du roman gra-phique Mes ruptures avec Laura Dean (Rue de Sèvres, 2020), illustré par Rosemary VALERO-O’CONNELL (2019). Autrice engagée, Mariko TAMAKI s’inspire de son parcours personnel pour aborder les sujets les plus sensibles, intimes, voire controversés. La défense des droits LGBTQI+ compte parmi ceux qui lui tiennent le plus à cœur.

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Mariko �amaki

�teve �ughL’artiste anglais Steve PUGH débute sur les bancs de DC Comics dans les années 1 9 9 0 e n t rava i l l a n t notamment sur les séries HELLBLAZER et ANIMAL MAN avec le scénariste Jamie DELANO, mais aussi sur le spin-off de PREACHER « Saint of Killers », avec Garth ENNIS. En 2005, il co-crée, écrit et illustre la série de science- fiction Hotwire, publiée par Panini Comics, puis travaille sur de nombreux titres Dark Horse et Marvel (Generation X avec Warren ELLIS, entre autres) avant d’offrir, en 2016, sa propre vision de la famille Pierrafeu dans la série THE FLINTSTONES, scénarisée par Mark RUSSELL et sélectionnée aux Eisner Awards de 2018 dans la catégorie Meilleure Mini-série.

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Mariko �amaki�teve �ugh

est avec une liasse d’insouciance mais

à peine cinq billets verts en poche que

la jeune Harleen Quinzel débarque, seule,

dans l’une des villes les plus dangereuses du

monde : Gotham City. Du haut de ses quinze ans,

rien ne semble l’impressionner. Après tout,

elle en a vu d’autres ! Recueillie par Mama,

une drag-queen au cœur d’or, Harleen apprivoise

sa nouvelle vie, sa future meilleure amie Ivy

et les nouvelles problématiques qui s’imposent

à elle : injustice, intolérance, violence…

Aussi, quand le cabaret de sa bonne fée Mama

devient la nouvelle victime d’entrepreneurs

sans état d’âme, Harleen change de ton.

Pour autant, une question reste en suspens :

mettre sa rage au service de l’action, oui, mais

aux côtés de qui ? La militante pacifiste Ivy ou

l’anarchiste et énigmatique Joker ?

RÉCIT COMPLET

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Chapitre 1

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Ouvrez bien vos oreilles, je vais vous raconter une

histoire démente ! vous allez adorer ! ça va vous retour-

ner le cerveau en mode mixer.

Prêts ?

Ok. Et me coupez

pas !

Bon.

Il était une fois, y a pas si longtemps, une fille trop incroyable…

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… qui venait de partout et de nulle

part à la fois..

Elle s’appelait…

Ta-da !

Harleen Quinzel.

Bon, j’avoue, c’est moi.

Bravo si vous aviez

deviné. Allez, me coupez plus.

Qui d’autre est là ?

La dame qui a passé cinq

heures à chanter You Belong With Me dans le bus.

Lui, chais pas qui c’est. Il est pas dans l’histoire.

Oubliez-le.

Bref !

D’habitude, les histoires type conte de fées, ça parle pas trop

des gens comme Harleen.


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C’est-à-dire des gens avec un baluchon sur le dos et cinq sous en poche.

Je te sers quoi ?

Des céréales ?

Le 345 pour Gotham,

départ dans cinq minutes !

Attends.

Zut… Laissez tomber !

at trape !

Merci, m’dame !

Mais dans le genre baluchon-et-cinq-sous- en-poche, Harleen assu-

rait pas mal. Du coup, c’était bien parti.

Enfin, en tout cas, là, au début de l’histoire, Harleen allait chez…


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… sa grand- mère.

Comme dans les contes de fées !

Nom d’une pan-toufle à tête

de lapin.

Sauf que là, la grand-mère en

question habitait la seule et unique…

… Gotham City !

OoOoOoOoO…

Pour ceux qui ne le sauraient pas, Gotham, c’est cet endroit hyper prout prout où plein de gens tristement célèbres habitent.

De très très loin, ça ressemble à,

disons…

… un paysage de type immeuble immeuble très gros immeuble immeuble

immeuble.


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Après, quand on se rapproche, c’est parfois plus

fouillis.

Odeurs de chou, d’aisselle et de rouge à lèvres.

Dans Le Petit Chaperon rouge, Spoiler alert ! La

grand-mère se fait bouffer ! C’est dégueu, surtout si on aime bien les grand-mères.

Harleen trouvait ça relou que le chaperon ait

besoin d’un bûcheron pour la sauver.

Elle aurait dû coller un bon gros pain au loup.

Pas besoin de bûcheron.


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Coucou ? Grand-maman ?

La mère d’Harleen n’avait pas vu sa maman depuis une éter-

nité, alors c’était risqué de lui envoyer sa seule fille pendant qu’elle partait travailler sur un

paquebot Cherry Cruises, les croisières de rêve.

C’est, euh, Harleen ? Maman t’a prévenue que

j’arrivais ?

Nom d’un bibelot.

Bonjour, toi. Je peux

t’aider ?

On dirait que tu viens juste

de débar- quer.

Mama, alias Benny, alias la marraine féérique de

l’histoire, alias oui je sais que le petit chaperon rouge n’a pas de mar-

raine, alors chut.

La maman de Harleen aurait dû prendre plus de nouvelles

de sa mère !


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Désolé pour ta grand-mère, petiote. On n’était pas nom-breux à l’enter-

rement. Mama est la marraine de cette histoire car il se définit lui-même comme

une fée, et parce qu’aucun personnage d’aucune

autre histoire n’est plus respectable que lui.

Merci. Dommage que j’aie pas été là.

Enfin, je la con-naissais pas.

C’était une brave dame

qui aimait toujours Elvis… personne

n’est parfait !

Mama dit que même s’il n’est pas une

fée, il est au moins aussi sexy.

Et elle adorait les

clowns. on avait ça en com-

mun.

Bon, petiote, on appelle les services sociaux ?

Hein !


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Oh siouplaît, m’dame patronne, je peux rester, pitié pitié ? Je

trouverai du tra- vail, et tout !

“M’dame patronne !” C’est pas banal.

Une personne de type ni-marraine-ni-féérique

aurait sûrement appelé les autorités compétentes.

Pitié, pitié siouplaît avec une tonne de chamallows qui flottent, Mme Benny !

Je suis un homme gay

et fier de l’être, pas une “madame”.

Appelle-moi Mama.

Quant à toi, petiote,

je t’imagine mal en ouvrière.

Et puis, les services d’aide à l’enfance n’aident pas les

enfants. Ta grand- mère a gagné une

grosse tombola le mois dernier, et elle

a payé plusieurs loyers d’avance.

Et vu que c’est moi qui gère cet

immeuble… Tu peux rester. Mais…

… Tu vas à l’école et

tu ne t’attires pas d’ennuis.


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Tu seras nourrie et blanchie.

Je mange des hot-dogs, des oursons

et des cé- réales.

Char- mant.

Merci, merci, merci, merci,

merci !

La maman d’Harleen lui a dit un jour qu’il

y avait des anges et des démons.

Un démon a tiré sur le père d’Harleen dans une station-essence quand elle avait

quatre ans.

Dash Alabaster Quinzel était un ange qui ne disait

pas de gros mots et allait un jour leur acheter une villa avec un toboggan alligator et un gros donut gonflable.


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Un démon a volé la Quinzelmobile le jour des dix ans d’Harleen,

pile devant Bingo Betty’s Bonkers Arcade.

Non !

On s’casse !

Hé !’tain !

Revenez, petits sali

gauds !

Magne toi, gros !

Harleen a couru.

Harleen ! Arrête !

Le démon s’est

échappé.Avec son acolyte.


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Harleen !

Foutus Foutussaligauds !saligauds !

C’était la première fois que la petite Harleen

se disait que les anges n’existaient peut-être pas.


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Comme Harleen avait déjà vécu à plein d’endroits, elle a vite

pris ses marques.

Elle avait même habité dans un endroit appelé

Troudbal.

À côté d’un coin appelé Troudbal,

le reste…… c’est

du gâteau.

Passe une belle journée,

petiote !

À plus, Mama !

C’est parti pour “le guide Harleen des indispensables pour

vous sentir chez vous n’importe où”.


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Premio ! Un café avec du bon café. Et

voilà.

Merci m’sieur !

Ça devrait être interdit de payer plus d’un dollar

pour un café. C’est, genre, du grand

banditisme.

Deuzio ! Un hot-doggiste.

Moutarde- ketchup ?

Yep !

Troizio ! Un nid douillet avec une belle vue pour le petit dej.

So-so-soleeeil !

Mmm mmm mm. mmmmmmmm

mm mmmm !

Avec ces trois trucs-là, on a une

vie géniale où qu’on soit.

Même si on se trouve…


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… au lycée de Gotham.

Pom pom

pom !

Nan, je déconne. C’est juste un lycée normal.

Tranquille.

Il est peuplé de gosses de riches et de pauvres,

de chelous, de winners, et de morveux accros à leur portable qui portent des T-shirts de luxe et sentent

le centre commercial.

Comme lui, là.

Bref, où j’en étais ?

C’est tellement…

le lycée.Ça existe,

d’ailleurs, les gens qui aiment le lycée ? En vrai ?

Genre, est-ce qu’on peut aimer

le lycée comme on aime les donuts ou les chiots ?

Je ne pense pas.

Ah, ouais. Le lycée.


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Lors de son deuxième jour en ces lieux, Harleen put constater que ce

lycée, comme tous les autres, était rempli de saligauds.

On reconnaît les saligauds à leur com-portement.

En voilà un.

Ho !

La grosse brute de

base !Bouf- fon.

Gah.

Les lycées sont composés d’environ 80 % de saligauds.

Cherchez pas, c’est

scientifique.

Tu vas bien, Todd ?

Ouais. Merci, Ivy.

Apprendre à faire avec,

ça prend la moitié de notre temps.


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Asseyez- vous en silence.

En silence, j’ai dit !

L’autre moitié du temps, on nous parle de ce mec qui écrivait sur des dépressifs qui faisaient des phrases mille fois trop longues.

Et dans la dernière, la

cruciale troi-sième mi-temps, on essaye de

rencontrer des gens de type intéressant.

Oui ?

Moi, c’est Harleen !

Cool.

On est ensemble en maths et en chimie et en

anglais.

En effet.

Ivy, c’est ça ?

Oui.

Ça veut dire “lierre” !


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Euh. Oui.

Tu lis, hein ?

Ouais.

T’as un problème avec les livres ?

Moi ? Quelle injure ! J’ai l’air d’avoir un problème avec les

livres, c’est ça ?

Non. Je… Rien, laisse.

Pardon.

Ça parle de politique.

Cooooool.

Lisez, au lieu de discuter ! Commençons

avec La Loterie, de Fielding…

Dès leur première rencontre…

… Harleen sut qu’Ivy était super spéciale.


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Mais peut-on parler des causes du réchauf-fement sans mention-

ner l’humain ?

Ivy était du genre à tout le temps poser des questions.

Est-ce qu’on va aborder ce sujet sous un angle intersectionnel ? Les

questions de classe sont intrinsèquement gen-

rées et racisées.

En gros, Ivy voulait parler de tous ces

sujets…

Pourquoi dissèque-t-on encore des animaux innocents

au nom de “l’ensei- gnement de la

biologie” ?

… dont les autres ne

parlaient jamais.

Oh. Mon. Dieu. Détends-toi,

un peu.Et même si ça

les défrisait…

… Ivy s’en fichait.

Ce qui était cool.

Super cool.


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Quand on trouve quelqu’un de super spécial,

il faut absolument devenir son amie.

C’est ce qu’a fait Harleen.

Hey !

Ya !

Tu manges quooiiii ?

Ma salade de haricots.

Et toi, tu manges

quoi ?

Ta-da !Sérieu-

sement ? C’est ton déjeuner ?

du choco- lat ?

Un mega peanut crunchy. Avec des cacahuètes riches

en fer.Alors…

… On est copines, main-

tenant ?


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Je ne te connais même pas.

Ben ouais. Je viens

d’arriver à Gotham.

Ah ?

Tu viens d’où ?

Alors, je suis née dans un petit camp

de caravanes intitulé Le Petit Camp de Caravanes, et ma mère dit qu’à ma naissance,

j’étais aussi petite qu’une pêche. Ensuite, j’ai

eu un an et…


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Vous connaissez ce sentiment de bonheur

intégral pratiquement tout à fait total et parfait ?

Comme la première fois qu’on entend sa nouvelle chanson

préférée ?

Comme quand une boule de glace est déposée sur son cornet et

qu’elle ressemble à la photo ?

So-so-soleeeiiil !

mmmm mmm mm.


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Du bonheur fraîchement

déballé. Hé, pe-tiote !

Quoi ?

Monte, ça commence dans cinq minutes !

Coucou Daniel !

Coucou Barney !

Coucou max !

Coucou Mark !

Assieds-toi !

Coucou CoucouHarleen !Harleen !


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Je devrais les raser, tu crois ?

Tu devrais le faire

et te taire.

Quel imbécile ! Miser cinquante balles sur un aspirateur ?

Pourquoi ils ont tous des

coupes au bol ?

Chhhut, vous, là, j’en-tends rien du

tout.

Oui, notre petite Harleen était aussi

heureuse qu’un chaton sur un radiateur.

Elle ne manquait de rien.


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Elle avait un château.

Une meilleure amie végéta-rienne, et…

C’est incroyable, les saletés que

l’industrie essaye de nous faire ava-

ler dans cette ville.

Wow, regarde, un gars avec trois na-

rines !

Mama est fière de vous pré-senter…

Une farandole de reines.

L’expression consacrée, selon Dali.

Nan ! Vous passez la nuit entière à chanter en

playback avec des robes, du maquillage et des

paillettes ?C’est fou,

hein ? Imagine si ça payait…

On fait de l’art, chérie. De l’ââârt.

Ça pouvait pas durer.

Hello Dali ! Betty

Coup !

Mia Culpa !

Et Maxima impact !


HARLEY QUINN - BREAKING GLASS, DISPONIBLE CHEZ TON LIBRAIRE !

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