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1928 - 2010
Ccile Aubry, ne Anne-Jos Bnardle 3 aot 1928
Paris, et morte le 19 juillet 2010 Dourdan, est une
crivaine, scnariste, ralisatrice et actrice franaise.
on d!ut de carri"re internationale sem!le tr"s #rometteur $%cile &u!r' fait la
couverture de l(dition du 2) juin 19*0 du ma+aine -ife et elle o!tient son #remier +rand
succ"s d"s ses d!uts avec le film Manon, de /enrieor+es %louot tourn en 199. lle
si+ne ensuite un contrat avec la 20t4 %entur' 5o6, mais ne tourne 7ue dans un #etit nom!re de
films. Dans La Rose noire, on la voit au6 cts de 'rone Po:er et d(;rson aroc, elle devient crivain #our
enfants et ada#te ellem@me ses romans #our la tlvision.
lle est la m"re de l(acteur et ralisateur >e4di l laoui.
lle meurt au centre 4os#italier de Dourdan des suites d(un cancer du #oumon l(A+e
de 81 ans1.
r"s des o!s"7ues l(+lise de Dourdan, elle est in4ume au cimeti"re communal de
>ontrou+e situ Paris $1e, ct de sa m"re.
%BC;B -B D ;EFG& P& EBF&
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LISTE DES !"#A$ES
Srie % &L'
1. Pol' 19)2. -es vacances de Pol', 19)
3. Pol' et le secret des se#t toiles, 19))
. Pol' et le diamant noir, 19)8
*. Pol' Fenise, 19H0
). Pol' et son ami Pi##o, 19H1
H. Pol' en s#a+ne, 19H2
8. Pol' en unisie, 19H3
9. Pol' et le m'st"re de l(oasis, 19H
10. &u secours Pol' I19H*
11. Pol', la rose et le mendiant, 19H)
12. Pol' au Portu+al, 19H)13. Pol' au festival #o# 19801981 J
1. Pol' su#erstar, 1980
1*. Pol' s(amuse, 1981
1). Pol' Paris, 1981
1H. Pol' au Ku!ec, 1982
18. Pol' fait scandale, 1982
19. Pol' c4am#ion des motards $19821983 J
20. Pol' en Brlande 1982
21. Pol' se fAc4e 1992
22. Pol' amoureu6 1992
Srie % BELLE ET SEBASTIE(
1. =elle et !astien L -e refu+e du rand=aou, 19)), ala6ie
2. =elle et !astien L -e document secret, 19)), ala6ie
3. !astien #armi les 4ommes, 19)8, Culliard
. !astien et la >ar' >or+ane L le ca#itaine -ouis >arc4al, 19)9, Presses Poc?et
*. !astien et la >ar' >or+ane L le retour du arval, 19)9, Presses Poc?et
). En t #our !astien, 19H2, Presses Poc?et
H. !astien et lMai+le !lanc dition P 19H3
8. !astien et le +rand c4ien #erdu dition Paul Durand 19H
9. verine, =elle et !astien, 19HH, GG Nrands Gomans rands GcitsO
10. =elle et s!astien LlMenfant de la monta+ne /ac4ette 2008 $ JJJ
DI"E#S
1. n un maillot rose ditions de lM/ermite 19**
2. ;urson et P#ito mile Paul dition 19**
3. -esFacances de lumineu6, 19** mile Paul dition
. -es dcouvertes dMourson mile Paul dition 19*H*. Pic? et icolas , 19*8, /ac4ette
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). -e rou!le des au6, 19*9, ;liven
H. =ouou %olinet Fersailles ditions >ondiales Del -uca 19)1
8. =ouou %olinet sur les vaisseau6 du roi ditions >ondiales Del -uca 19)1
9. =ouou %olinet tam!ours de la G#u!li7ue ditions >ondiales Del -uca 19)2
10. Dis, #our7uoi J, 19)H, /ac4ette $Prface
11. %omdies et #rover!es /ac4ette 19H012. &n+li7ue et s'lvain ditions allandier 19H1
13. !astien et le c4eval sauva+e dition P 19H2
1. -e Ceune 5a!re, 19H3, Presses Poc?et
1*. >es sorciers, Culiard 19H
1). -a source ou!lie /ac4ette 19H*
1H. /erv et l(anneau d(meraude, 19H*, =i!liot4"7ue verte, /ac4ette
18. /erv au c4Ateau, 19HH, =i!liot4"7ue verte, /ac4ette
19. David et Prisca, 19HH, GG Nrands Gomans rands GcitsO
20. -e renard et !astien P 19HH
21. Ce n(avais #as #ens toi, 19HH, Culliard
22. -a rande =astide, 19H9, Culliard23. -e !on4eur vol, 1981, Culliard
2. =a, da!oum #an dition mile Paul $&nne J
ous vous conseillons ce remar7ua!le site
)**+%,,*ou*-cecile-aubrycen*erblo.ne*,
*
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)
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CECILE A!B#'
&L'A!
/!EBEC
ILL!ST#ATI(S DA((IE-CLA!DE A#TI(
ACETTE
H
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4omas ne dormait #as vraiment, il
sommeillait. Kuel7ue c4ose dans l(atmos#4"re le
+@nait. Bl crut r@ver de !ruits insolites. taitce
vraiment un r@veJ
=ien veill maintenant, le jeune +aron
sauta du lit, courut la fen@tre 7u(il avait laisse
ouverte. Kue si+nifiait tout ce !ruitJ Des
4ennissements, une cavalcade dans le jardinJ
Bl
faisait une c4aleur lourde, 4umide. -a
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lune son #lein clairait les deu6 #ommiers,
le cerisier, les massifs de fleurs et une #artie du
#ota+er. ;n distin+uait m@me la ca!aneconstruite #our Pol' et 7ue l(on a##elait
#om#eusement Q l(curie R. En c4eval n(' serait
#as entr, mais Pol' n(tait 7u(un #one' des
4etland, tout #etitI
Pol' se mo7uait !ien de son curie. a
crini"re et sa 7ueue !londes comme un c4am# de!l au mois d(aot faisaient une tac4e claire dans
la nuit. 4omas le vit +alo#er vers le fond du
jardinS revenir la m@me allure, foulant les
fleurs 7ue d(4a!itude il res#ectait. Kuel
massacreI Kue de d+AtsI
Pol' arrivait droit sur la maison. %(tait se
demander si, em#ort dans son lan, il n(alla il
#as se racasser la t@te contre le mur. >ais nonI
/eureusement, freinant des 7uatre sa!ots, il
s(arr@ta net sous la fen@tre. Puis il se ca!ra,
#iaffa.Q Ta suffit, Pol', du calmeI R c4uc4ota
4omas.
4omas n(avait 7ue one ans et moins
d(autorit 7u(il ne l(aurait sou4ait. Bl avait mis le
#lus de svrit #ossi!le dans l(intonation, mais
n(osait #as lever la voi6, de #eur de
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rveiller ceu6 7ui dormaient sous le toit de
cette maison. -e ton im#ratif ne fit aucun effet
au #one' 7ui re#artit vers le #ortail, traversant enli+ne droite le jardin. En si !eau jardinI &vec des
sentiers sinueu6 tracs entre les massifsI Pol'
+alo#ait en dia+onale, ou!liant ce 7ue l(on s(tait
ac4arn lui ensei+ner L il devait suivre les
c4emins, contourner les #lates!andes. Kuel
sauva+eI Bl +alo#ait n(im#orte oUIKue se #assaitilJ Pour7uoi cet nervementJ
-e #one' allaitil continuer dtruire le jardin en
#leine floraisonJ Colie faon de remercier la
famille %4antecVur #our son 4os#italitI %ar
enfin, Pol' et 4omas avaient t accueillis au
Ku!ec avec +entillesseS ils vivaient c4e les
%4antecVur sans jamais avoir l(im#ression d(@tre
considrs comme des tran+ers, ils taient
aims, c4o's, entours d(affection. Devaientils
#rofiter de cette c4aleureuse amiti #our se
conduire comme en #a's con7uis, sansdiscrtion ni ver+o+neJ on, !ien sr.
%ertainement #as.
Pol' revenait .au +rand +alo#. Bl sauta un
massif de rosiers et s(arr@ta. De nouveau, #ile,
sous la fen@tre.
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Q ienstoi tran7uille, souffla 4omas, ou
!ien a ira tr"s mal entre nous. C(arrive. R
Pol' ne se calmait #as. Bl couc4a ses oreillesen si+ne de col"re. 4omas entendit un
4ennissement. &4 nonI %ela ne #ouvait #as
durer. Ku(allaient dire les voisinsJ Bls se
#laindraient, c(tait invita!le. ;n aimait !ien
Pol' dans le 7uartier, on s(tait 4a!itu lui, on
le connaissait de#uis #r"s d(un an, mais tout dem@me... 7uel ta#a+eI
4omas se d#@c4a de mettre ses #antoufles.
Bl alluma sa lam#e de c4evet et jeta un cou#
d(Vil son rveil. rois 4eures du matinI -es
c4am!res avaient toutes une fen@tre 7ui donnait
sur le jardin. Bl n(' avait #lus 7u( es#rer 7ue le
sommeil de Penn', de sa sVur aWne, >arie, et de
leur m"re, soit #articuli"rement #rofond cette
nuit.
4omas traversa sa c4am!re, il entrouvrit la
#orte, se +lissa dans le couloir. Bl marc4ait sur la#ointe des #ieds, dans l(o!scurit #res7ue totale,
il n(avait allum aucune lumi"re, s(essa'ant @tre
le #lus discret #ossi!le.
Bl allait atteindre l(escalier lors7u(il faillit
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#ousser un cri L sa main, 7ui c4erc4ait la ram#e,
venait de touc4er 7uel7u(un.
Q %(est moi R, c4uc4ota Penn'.Elle, Pnlo#e %4antecVur 7ue tout le
monde a##elait Penn'. 4omas #ensa ses 'eu6
d(un !leu si clair 7u(ils #araissaient trans#arents.
;n ima+inait, en les vo'ant, un tan+ ensoleillS
ils taient couleur d(eau. >ais dans l(o!scurit,
videmment, on n(avait aucune c4ance de#ouvoir admirer les 'eu6 de Pnlo#eI ;n ne
vo'ait rien du tout. ;u #eu #r"s.
Penn' avait le m@me A+e 7ue 4omas.
Q Ku(estce 7ui se #asseJ demandatelle.
X Ce n(en sais rien, r#li7ua 4omas. Pol'
est nerv. u l(as entenduJ
X ;ui, !ien sr. %(est #our a 7ue je
descendais.
X %(est la c4aleur 7ui l(nerv. & moins 7ue
ce ne soient un c4at ou un c4ien 7u(il ne connaWt
#as... Peut@tre 7uel7u(un 7ui rde autour de lamaison. stce 7ue ta m"re et ta sVur sont
rveillesJ
X Ce ne crois #as, dit Penn'. C(ai
l(im#ression 7u(elles n(ont rien entendu, elles
ferment toujours leur fen@tre #our dormir. >arie
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a un sommeil de #lom! et maman se met
des !oules dans les oreilles. Feu6tu 7ue j(ailleles secouerJ
X on, non, surtout #as. -aisseles dormir.
oi, Penn', attendsmoi ici. Ce, vais voir ce 7ui
se #asse.
X out seulJ
X Bl n(' a aucun dan+er, murmura 4omas,moins rassur 7u(il ne voulait le laisser croire.
X Ce t(accom#a+ne R, dclara Penn' sur un
ton sans r#li7ue.
Bnutile de discuter avec Penn', elle avait
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toujours le dernier mot. D(ailleurs il n(' avait
sans doute aucune raison de s(in7uiter. 4omas
essa'ait de s(en #ersuader. Bl #rit la main dePenn' et tous deu6 descendirent l(escalier.
n !as, les volets taient ferms, il faisait
encore #lus som!re 7u(au #remier. Penn' alluma
dans l(entre, #uis dans la salle man+er et enfin
dans la cuisine, dont une #orte ouvrait sur le
jardin. ;n entendait Pol' +ratter du sa!ot, justederri"re. Bl 4ennit. %e n(tait #as un a##el ai+u,
strident, vo7uant un trille de trom#ette comme
tout l(4eure. %ela ressem!lait #lutt un
+rommellement. -e #one' souffla tr"s fort, une
mani"re de manifester son im#atience, mais
aussi sa satisfaction. Bl avait l(air de dire L
Q &4I vous voil tout de m@meI Pas tro# ttI
D#@c4evous d(ouvrir. R
Penn' se 4issa sur la #ointe des #ieds #our
atteindre le verrou. lle tait mince et +rande
#our son A+eS la m@me taille 7ue 4omas. -ui, iltournait la clef dans la serrure 7ui se trouvait au
dessous du verrou.
Q &llevous en finirJ R si+nifiait le sa!ot de
Pol' +rattant le sol.
Kuelle im#atienceI -a #orte entre!Aille, il
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la #oussa du ne, l(ouvrant toute +rande. Bl ne
laissa #as le tem#s ses amis de le caresser, il
s(c4a##a, ses oreilles mo!iles #ointant sous lacrini"re !ouriffe. -e #anac4e de sa 7ueue
fouettait l(air, furieusement. Bl n(alla #as loin.
(immo!ilisant entre une touffe de mar+uerites
#anouies et un foisonnement de di+itales, il se
retourna.
Foil 7ui sem!lait clairI Bl voulait entraWnerses amis derri"re lui. %omme ni l(un ni l(autre ne
!ou+eaient, il revint vers eu6, mordilla le #'jama
de Penn', #oussa du ne 4omas. %ela ne
donnant #as davanta+e le rsultat 7u(il sou4aitait,
il re#artit.
(arr@tant de nouveau, mais cette fois un #eu
audel des mar+uerites, il se mit tourner sur
luim@me, secouant la t@te, sautillant sur #lace.
Drle de man"+eI ;n et dit un c4eval de cir7ue.
n tout cas, il tait !ien joli voir, dans le clair
de lune, e6cutant cette danse e6trava+ante#armi les fleursI Q ;4I lI lI murmura Penn'.
-es #ois de senteurI Bl en fait de la !ouillie. u
ima+ines la t@te de maman 7uand elle verra aJ
X &ttends un #eu, s(cria 4omas, furieu6.
Ce vais le calmer, moi. Bl va aller #asser ses
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nerfs dans son curie, c(est moi 7ui te le dis.
t je fermerai la #orte clef, a lui a##rendra. R
4omas avait un caract"re im#tueu6.=eaucou# de 7ualits de cVur, mais #eu de
#atience L il ne fallait #as l(a+acer. Bl !ondit vers
son #one', lui em#oi+na la crini"re. D(un cou#
de t@te, Pol' se li!ra. Bl s(en alla #lus loin et
recommena danser sur #lace, nar+uant le
#auvre 4omas 7ui s(tait effondr au milieu desrosiers. -e +aron se releva, les mains #leines
d(#ines.
Q u t(es fait malJ s(cria Penn', se
#rci#itant, le rejoi+nant.
X PluttI +rommela 4omas 7ui se mordait
le #ouce, l oU une +rosse #ine s(tait #lante.
Ce ne sais #as ce 7u(il a, ce fou furieu6, il est
com#l"tement to7uI Ge+ardeleI R
Pol' se ca!rait, #res7ue de!out sur ses
jam!es #ostrieures, les 'eu6 e6or!its et les
naseau6 frmissants, sa crini"re et sa 7ueue luifaisant une aurole d(or dans la lumi"re
!lanc4Atre de la lune.
%(tait un s#ectacle ma+nifi7ue, certes, mais
vraiment a4urissant.
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Q Bl est to7u, r#ta 4omas, l(air
dsem#ar. Fraiment fouI Ce ne l(ai jamais vu
comme a. %e n(est #as normal, il est #eut@tremaladeI
X n col"re, #lutt R, dit Penn'.
Pol' retom!a lourdement sur ses jam!es de
devant, il recommena #itiner le sol. 4omas
tenta de nouveau de l(a##roc4er, #rudemment,
cette fois. Bl lui #arlait, tendait la main LQ Du calme, mon Pol', sois sa+e. ienstoi
tran7uille. u vas aller tout seul dans ton curie.
&lle, mon !on4omme, laissetoi faire, laisse
moi te caresser. R
>ais Pol' ne voulait rien entendre. Kuand la
main de 4omas a##roc4a de son #aule, il
recula. Bl se mfiait.
Penn' essa'a son tour. lle c4uc4otait, la
voi6 douce, a##roc4ant lentement L
Q De 7uoi astu #eurJ Ku(estce 7ui t(arrive,
mon Pol'J u es maladeJ u souffres, tu as mal7uel7ue #artJ -aissenous te soi+ner. u n(as
#lus confianceJ R
Pol' lui #ermit d(effleurer de la main son
ne. %(tait dou6 comme du velours, un #eu
4umide.
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Q Bl a c4aud, murmura Penn'. r"s c4aud. R
lle +lissa la main sous la crini"re, flatta
l(encolure.Q BB est trem#, couvert d(cume. ;n dirait
7u(il a +alo# des 4eures.
X %(est sans doute ce 7u(il a fait, +rommela
4omas. Ce me demande ce 7ui a #u le mettre
dans un tat #areil. Ce veu6 dire L #our 7uelle
raison auraitil +alo# au #oint d(@tre couvertd(cumeJ
X Ta... murmura Penn', c(est son
#ro!l"me. Bl ' a des moments oU il est lo7uent,
il sait se faire com#rendre sa faon, mais on ne
#eut #as lui demander de se mettre #arler #our
nous raconter ce 7u(il #rouveI Ce ne crois #as
7u(il soit malade. Bl me #araWt fati+u et e6as#r.
Ce le sens trem!ler. Bl ne veut #as 7ue tu le
touc4es #arce 7ue tu es #lus fort 7ue moi et il a
#eur L tu #ourrais russir l(enfermer dans son
curie.X t, ton avis, #our7uoi ne veutil #as se
re#oser dans son curieJ
X Parce 7ue nous devons le suivre, c(est a
7u(il essaie de nous e6#li7uer.
X %ourir derri"re lui au milieu de la nuitJ
n #'jama et avec des #antoufles au6 #iedsJ
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Pas 7uestion. &lle, a suffit. C(ai sommeil,
moiI %ontinue le caresser, Penn', on dirait 7ue
tu #arviens le calmer. Ce vais c4erc4er sonlicol. R
& ce mot, 7ue Pol' connaissait !ien et 7ui
si+nifiait #our lui une !rimade, ce fut le dsastreI
-e #one' lana une ruade formida!le X
#ersonne, 4eureusement, ne se trouvait derri"re
luiI X #uis il fila, au +rand +alo#, vers le #ortaildu jardin 7ui tait ouvert.
Penn', !ouscule, tait tom!e assise dans
les fleurs. 4omas lui tendit la main #our l(aider
se relever L
Q Ta vaJ
X ;ui, oui. Gien de cass. R
%ette !rutalit su!ite de Pol' les laissait
a4uris.
-e jardin donnait sur une ruelle. 4omas et
Penn' entendirent le +alo# du #one' sur
l(as#4alte. -e !ruit s(loi+nait...Q %(est +ai #our les voisins, +ro+na 4omas.
D"s 7u(il fera jour, je suis sr 7u(ils vont se ruer
sur leurs tl#4ones #our d#oser une #lainte.
X >ais nonI os voisins adorent Pol'.
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X Bls le trouvent +entil et #lutt ri+olo,mais #as au #oint de su##orter 7u(il fasse du
vacarme toute la nuitI
X Du vacarmeJ >aman et >arie ne se sont
m@me #as rveilles.
X Parce 7ue ici, dans le jardin, la terre
attnue le !ruit des sa!ots, mais dans larue... Pauvre Pol'I Bl va se faire em!ar7uer #ar la
#olice, on l(enfermera dans une fourri"re, adieu
la li!ertI
X t #uis 7uoi encoreI s(cria Penn'. u
nous #rends #our des sauva+es, ici, au Ku!ecJ
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Pol' se tient tran7uille de#uis #res7ue un an
7ue vous 4a!ite c4e nous, lui et toi. -es +ens
ne vont #as lui en vouloir #our une seule nuit un#eu a+ite.
X Un peu a+iteJ u #arlesI ;n dirait 7u(il
est #arti #our +alo#er travers toute la ville
comme s(il avait le dia!le ses trousses, +mit
4omas.
X t alorsI En c4eval dans la rue c(est#lutt drle, nonJ -es +ens ne se #laindront #as,
a les fera rire, Coliette est une !onne ville. u ne
t(es #as encore a#eru 7u(il ' a moins de
+rinc4eu6 Coliette 7ue de !raves +ens 7ui ont le
sens de l(4umourJ R
Penn' avait #ass un !ras autour des #aules
de 4omas, elle l(entraWnait vers la cuisine.
Q &llons nous recouc4er, conseillatelle.
ous n(avons rien de mieu6 faire en attendant
le jour. R
4omas tait #ersuad 7u(il ne #arviendrait#as dormir. Pourtant, il 4oc4a la t@te. &ussitt
a#r"s, il la secoua.
Q out de m@me, murmuratil, il s(est #ass
7uel7ue c4ose de !iarre, cette nuit. Pol' ne se
serait #as mis dans un tat #areil #our rien.
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Ce me demande ce 7u(il a vu ou entendu, ce
7u(il c4erc4e, ce 7u(il voulait nous montrer. R
Bmmo!ilis sur le seuil de la cuisine, ilre+ardait la nuit, c4erc4ant en #ercer le
m'st"re. out #araissait calme maintenant 7ue
Pol' avait dis#aru et 7ue le !ruit de son +alo# ne
trou!lait #lus le silence. Pas un souffle, #as la
moindre #rsence. #aremment, du moins. Ene
nuit tran7uille et claire.Penn' se taisait. lle #rit la main de 4omas,
la serra un #eu. Ene in7uitude les trei+nait.
Ene sensation difficile dcrire, 7uel7ue c4ose
d(informul. Bls auraient t inca#a!les
d(e6#rimer ce 7u(ils ressentaient. >ais ils avaient
la certitude 7u(un dan+er flotlait dans l(air. Ene
menace #esait. ur eu6J ur 7uel7u(un d(autreJ
ur Pol', #eut@treJ Bls l(i+noraient, !ien srS ils
n(auraient #u r#ondre aucune de ces trois
7uestions. -a #eur s(insinuait, ce#endant. tait
ce l(intuitionJ Bl sem!lait 4omas 7ue7uel7u(un cette nuit, avait !esoin d(aide. %e
n(tait #as aussi #rcis. %(tait... !iarre.
Bl jeta un cou# d(Vil Penn'. lle tait +rave,
ses 'eu6 couleur d(eau #araissaient in7uiets.
Pourtant, elle se fora sourire L
23
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Q %(est idiot, murmuratelle. -a nuit, tout
#rend de l(im#ortance. ;n s(affole #our un rien.
& 7uoi sert de rester toute la nuit devant cette#orteJ Pol' a l(4a!itude de trotter li!rement, il
reviendra 7uand il en aura envie. Gemontons
nous couc4er, 4omas. ous aurons l(es#rit
!eaucou# #lus clair a#r"s 7uel7ues 4eures de
sommeil. R
lle ne #erdait jamais le sens #ositif desc4oses. lle referma la #orte, tira le verrou,
donna un tour de clef. 4omas tei+nit la
lumi"re dans la cuisine. Puis dans la salle
man+er et dans l(entre.
Bls remont"rent l(escalier et c4erc4"rent
tAtons les #ortes de leurs c4am!res.
Q =onne nuitI souffla Penn'.
X Dors !ien R, r#ondit 4omas.
-a #remi"re c4ose 7ue fit Penn' en entrant
dans sa c4am!re, ce fut de se diri+er vers la
fen@tre. &u fond, elle n(tait #as rassure du tout.-e rictus de la lune, les om!res dans le jardin lui
#arurent 4ideu6 L elle ferma sa fen@tre, tira les
rideau6.
nsuite, elle se jeta sur son lit, ramena le
dra# sur son visa+e, comme #our se #rot+er.
lle se tournait et se retournait, c4erc4ant
2
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le sommeil et ne #arvenant #as le trouver.
nfin, elle s(endormit.
Pour 4omas, ce fut #eu #r"s la m@mec4ose. 5en@tre ferme, rideau6 tirs, le dra# sur
le visa+e, comme un s'm!ole de #rotection. Bl
rflc4issait. Pour7uoi ce com#ortement
in4a!ituel de Pol'J
4omas ne #arvenait #as c4asser l(an+oisse
7ue #rovo7uait cette nuit tran+e, #res7ue tro#calme, #leine de menaces #eut@tre ima+inaires.
Bl lui sem!lait 7ue seul dans la ville endormie,
Pol' vivait. >ais lui, avec frnsie.
-ors7ue le sommeil le #rit, ce fut #our lui
a##orter une suite de cauc4emars. Bl s(veilla,
essa'a de #enser des c4oses 4eureuses... Bl
#ensa ce jo'eu6 mois de juillet de l(anne
derni"re, 7uand il avait fait la connaissance de
Penn'. Kuand une 7ui#e de cinastes tait
venue s(installer &n+lars, ce #etit villa+e du
%antal oU 4omas vivait avec ses #arents et sonins#ara!le com#a+non, Pol'. Kuel vnement
lors7ue le metteur en sc"ne,
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cinmato+ra#4i7ue #lutt mouvemente,
mais #assionnanteI
4omas faillit clater de rire dans l(o!scuriten se ra##elant la faon dont Penn' disait L
Q Ce ne sers rien du tout sauf @tre dans les
jam!es de tout le monde, c(est ce 7ue dit #a#a. R
lle avait ajout, 4omas ne se souvenait
#lus 7uand L
Q >on #"re s(a##elle -ouis %4antecVur, ilest c4ef mac4iniste. ous sommes %anadiens.
Du Ku!ec. R
& la fin du tourna+e, elle avait dit tristementL
Q >oi au Ku!ec, vous deu6 dans le
%antal... R
Pol', 4omas et elle taient devenus de si
+rands amisI 4omas ne #arvenait #as
admettre 7u(il ne reverrait #lus Penn'. %(est elle
7ui lui avait crit la #remi"re. Bl se souvenait mot
#our mot de sa lettre L
Cher Thomas,
Comme je te l'ai racont pendant le
tournage du film, la maison que mes parents, ma
sur et moi haitons ! "oliette
2H
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n'est pas immense, mais elle poss#de un
grand jardin$ "e crois que %ol& & serait
heureu$$ %our l'cole, ne t'inqui#te pas, il neserait pas difficile de t'& inscrire$ (ue dirais)tu
de passer un an che* moi, au (uec+ Mes
parents ous initent, toi et %ol&$ Les tiens
seraient)ils d'accord+ -is)leur que "oliette se
troue dans ce que nous appelons) le .ord
mo&en$ Comment te dcrire mon pa&s+ Che*nous, tout est grand$ En t c'est ert, en hier
c'est lanc et en automne c'est rouge$ Motoneige
dans le lanc, aignade dans les lacs en t,
promenades et isites de toutes sortes en
automne$ /a te conient+
Un seul prol#me 0 che* nous, les animau
trangers ne sont admis qu'apr#s aoir sui une
srie de accinations et un sjour forc d'un
mois dans une fourri#re$ -ure preue pour
%ol&1 Mais s'il l'accepte, je te jure qu'ensuite il
sera le plus heureu des pone&s 0 liertcompl#te$
%apa peut s'arranger pour ous faire
o&ager ! ord du ateau qui rapatrie l'quipe
et le matriel du dernier film de 2alter 3riffin$
28
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Le o&age serait gratuit pour ous deu,
%ol& et toi$
Rponds)moi ite1"e t'emrasse, ainsi que tes parents$ Une
foule de caresses ! %ol&$
Ton amie,
%enn&
& #eine deu6 mois #lus tard, Penn', 4omas
et Pol' taient runis, Coliette, dans la jolie
maison au +rand jardin fleuri. t, de#uis, ce
n(avait t 7ue #laisir et joie.
Bl fallait es#rer 7ue cette nuit tran+e,
in7uitante, n(tait #as un mauvais #rsa+e, mais
tout sim#lement une an+oisse #assa+"re 7ui
s(effacerait au matin.
4omas sou#ira, son+eant au +alo# de Pol'...
t #uis il s(endormit, #rofondment. . .
29
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II
Q De!out, #aresseu6I R cria Penn' en
fra##ant la #orte du #lat de la main.
Gveill en sursaut, 4omas se redressa dansson lit, cli+nant des 'eu6. Penn' ouvrait la #orte.
lle a##arut, 4a!ille de jeans et d(un #olo jaune,
ses c4eveu6 c4Atains, !ien !rosss, lui !ala'ant
les #aules. lle tait toute fraWc4e, souriante.
Q BB est revenu, lanatelle.
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X Pol'J
X ;uiI Bl est dans son curie et il dvore
son avoine.X u es alle le voirJ R Penn' eut un rire L
Q =ien sr, 4omasI ssaie de te rveiller un
#eu mieu6, on dirait 7ue tu ne com#rends rien
ce 7ue je te dis. Bl ne doit #as @tre rentr de#uis
lon+tem#s #arce 7u(il est encore trem# de sueur.
X Kui aJ Pol'J R Penn' se tordait de rire LQ coute, 4omas, fais un #eu marc4er ta
cervelleI i tu vo'ais ton air a!rutiI Ce te #arle de
Pol', oui. Ce l(ai !ouc4onn, j(ai rem#li sa
man+eoire et son a!reuvoir. Bl a commenc #ar
!oire des litres d(eau et maintenant il man+e. Bl
#araWt tout fait normal. Peut@tre encore un #eu
nerveu6, mais surtout fati+u, assoiff et affam.
=ref, tout va !ien. u viens djeunerJ Ta sent la
cr@#e au siro# d(ra!le. & tout de suiteI R
Penn' ne #rit m@me #as la #eine de refermer
la #orte. 4omas entendit sa course dans lecouloir et l(escalier, #uis sa voi6 7uand elle
arriva en !as L
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Q Cour, m(manI alut, >arieI R
Kuelle 4eure taitilJ & #eine 4uit 4eures.
Kuel jourJ &4 oui, dimanc4e. ;n finit #ar ne#lus faire attention au6 jours de la semaine
7uand on est en vacances. Dimanc4eI t Penn'
d!ordait d(activit d"s le matin, comme si elle
avait dormi toute la nuit, tran7uillement. olide
natureI
4omas !Ailla, il s(tira dans son lit. Ene4eure de sommeil en #lus ne lui aurait #as fait de
mal, mais #uis7ue Penn', en #leine forme,
sem!lait n+li+er leur veil nocturne et leurs
in7uitudes... il fallait se lever.
=Aillant toujours et s(tirant, 4omas sortit
de son lit, alla en traWnant les #ieds jus7u( la
fen@tre. Bl tira les rideau6. Bl faisait un tem#s
su#er!e, le soleil illuminait le jardin et... les
d+Ats L #ois de senteur crass, mar+uerites
couc4es, #tales de ross #ar#ills. >ais enfin,
cela #araissait moins catastro#4i7ue 7ue 4omasne l(aurait #ens.
Pas de Pol'. videmment, #uis7u(il tait
dans son curieI 4omas ouvrit la fen@tre. Q
Pol'I R a##elatil.
-e #one' a##arut la #orte de la ca!ane,
mAc4ant encore ce 7u(il avait d(avoine dans la
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!ouc4e. Bl vint au trot vers la fen@tre,
res#ectant cette fois les c4emins sinueu6,
#renant +arde de ne marc4er sur aucune fleur. acrini"re et sa 7ueue #araissaient #lus dores 7ue
jamais sous le ciel !leuS comme les c4eveu6 de
4omas, !londs eu6 aussi. -es crins de Pol' et
les c4eveu6 de 4omas taient de la m@me
couleur. >me %4antecVur disait en souriant
7u(ils sem!laient #orter en eu6 le soleil.4omas se #enc4ait la fen@tre L
Q Ta vaJ R
Pol' r#ondit #ar un 4ennissement. Du !out
de son sa!ot, il +ratta la terreS l(im#atience et la
nervosit de la nuit n(taient #as #asses.
&ttnues, seulement. -e #one' c4erc4ait encore
faire com#rendre 7uel7ue c4ose. >ais 7uoiJ
Ku(il fallait le suivreJ
-a voi6 de Penn' monta d(en !as L
Q u viensJ D#@c4etoiI -es cr@#es
refroidissent. Rlle venait d(a##araWtre la #orte de la
cuisine. lle fit si+ne 4omas de descendre et
rentra aussitt. 4omas entendit l(clat de rire de
>arie et l(e6clamation de >me %4antecVur L
Q &sse, Penn'I -aisse 7uel7ues cr@#es
#our 4omasI R
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4omas les ima+inait L >me %4antecVur,
souriante comme d(4a!itude, un #eu
+rassouillette, avec des 'eu6 d(un !leu tr"s #Alecomme ceu6 de Penn'. >arie, di6neuf ans, des
'eu6 couleur de noisette 7ui riaient tout le
tem#s. t Penn' entre elles deu6, vive comme
un cureuil, jo'euse, franc4e, es#i"+le... occu#e
se +aver de cr@#es.
-(a+ra!le odeur du siro# d(ra!le flottaitdans l(air. 4omas se d#@c4a de faire sa toilette
et de s(4a!illerS il raffolait du siro# d(ra!le,
c(tait une de ses dcouvertes au Ku!ec et non
des moindresI Penn' lui avait fait une #romesseL
Q Ce te montrerai comment on rcolte le
sucre d(ra!le, nous irons voir a sur #lace. R
& 7uand l(e6#dition vers une for@t
lointaineJ 4omas en r@vait.
nfin #r@t et !ien rveill, il se #rci#ita
dans le couloir, d+rin+ola l(escalier. Des
#arfums m@ls annonaient un succulent #etitdjeuner L tartines de #ain +rill 7u(ici, au
Ku!ec, on a##elait des rtiesS des Vufs cuits sur
le #lat X Q au miroir R, comme disait
Bl se prcipita, dgringola l'escalier$ R
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3*
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>me %4antecVur X, accom#a+ns de
!acon croustillant et de #etites saucisses $les
Vufs #ouvaient aussi @tre !rouills ou laco7ueS du caf l+er adouci de cr"me, 7uant au6
cr@#es au siro# d(ra!le... dlicieu6I
4omas traversait le 4all en courant
lors7u(un cou# de sonnette retentit la #orte
d(entre. Bl s(arr@ta net.
Q Ku(estce 7ue je faisJ criatil. C(ouvreJ R-a sil4ouette re!ondie de >me %4antecVur
a##arut la #orte de la salle man+er L
Q =ien sr, 4omas, va vite ouvrir. %e doit
@tre notre amie -ouise =er+eron 7ui vient
c4erc4er le #ot de confitures 7ue je lui avais
#romis. Ce devais le lui #orter 4ier soir, j(ai
ou!li. R
lle s(essu'ait les mains son ta!lier, sou
riant dj l(ide de voir a##araWtre son amie
-ouise. -es =er+eron taient de #roc4es voisins.
>ais, lors7ue 4omas eut ouvert la #orte, elleresta stu#faite devant les deu6 4ommes en
uniforme 7ui se #rsentaient. -e cVur de
4omas !attait tr"s fort L des #oliciersI =ien sr,
ils venaient cause du !ruit 7ue Pol' avait fait
cette nuit, 7uel7u(un avait
3)
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#ort #lainte, il fallait s(' attendre. Penn' et
son o#timismeI lle s(tait trom#e, les voisins
n(avaient #as trouv drle d(@tre rveills aumilieu de la nuit #ar un +alo# sonore. t
justement, Penn' arrivait avec le #ot de
confitures #our -ouise =er+eron. 4omas lui jeta
un cou# d(Vil sinistre. Bl avait rou+i en ouvrant la
#orte et maintenant, il devenait tr"s #Ale L allait
on emmener Pol' #our le #unirJ eraitil accusde ta#a+e nocturneJ Bnfli+eraiton une amende
>me %4antecVurJ
-(un des 4ommes touc4ait sa cas7uette. Q
>onsieur -ouis %4antecVur, s(il vous #laWt...
ditil.
X >on mari n(est #as l, r#ondit
>me %4antecVur dj un #eu in7ui"te. Bl est
>ontral #our le tourna+e d(un film. stce 7ue
je #eu6 le rem#lacerJ Ce suis sa femme.
X Bl s(a+it d(une en7u@te, dit le #olicier.
ous voulions interro+er >. %4antecVur ausujet d(un certain... Cose#4 rem!la'.
X -e +rand CoJ s(cria >arie 7ui venait
d(a##araWtre et s(a##roc4ait de sa m"re,
comme #our la dfendre. ous le connaissons
tous. Kue lui veutonJ R
3H
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-e #olicier avait un visa+e sv"re, son
coll"+ue n(tait +u"re #lus souriant.
Q -(une de vos voisines, >me Ceanne-a#ointe, dit le #remier, a t moleste et
cam!riole cette nuit. lle a cru reconnaWtre l(un
de ses assaillants. lle #ense 7ue ce #ouvait @tre
Cose#4 rem!la'.
X >on DieuI murmura >me %4antecVur
#ortant la main sa #oitrine. Ceanne-a#ointeI %omment #euton s(atta7uer
une vieille femme, c(est affreu6. -ui aton fait
du malJ Fous dites 7u(elle a t molesteJ
X &sse srieusement, oui, dit le #olicier.
lle a surtout t tr"s effra'e. lle est
l(4#ital, elle souffre d(un c4oc nerveu6. R
Penn' ouvrait des 'eu6 affols, sa sVur
aWne avait les larmes au6 'eu6.
Q ntre, messieurs R, dit >me %4antecVur.
4omas referma la #orte derri"re les
#oliciers, ses mains trem!laient un #eu. Pol'n(tait #as en cause, mais la #auvre Ceanne
-a#ointe, si A+e... Kuelle 4orreurI t le +rand
Co, !rutal, cam!rioleurJ %e n(tait #as
ima+ina!le.
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>me %4antecVur conduisait les #oliciers
vers la cuisine, en s(e6cusant L
Q Ta ne vous fait rienJ ous #renions notre#etit djeuner... j(ai des Vufs sur le feu... >arieI
occu#etoi des Vufs. Penn'I a##orte des !ols
#our ces messieurs. Fous #rendre !ien un #eu
de cafJ
X Gien #endant le service, madame.X =ien sr. ;U aije la t@teJ &sse'evous,
messieurs. R
lle ne savait #lus tr"s !ien ce 7u(elle faisait,
>me %4antecVur. %e fut >arie 7ui #rsenta des
c4aises au6 #oliciers. r"s cette !ouffe
d(motion 7ui lui avait em!u les 'eu6, ellere#renait son a#lom!, son re+ard ardent se #osa
sur un joli #ic4et de faYence #lac sur le !uffet.
%(tait un cadeau de Cose#4 rem!la' X le
+rand Co X, Penn' l(avait dit 4omas. -e
re+ard de >arie revint au6 #oliciers.
Q >me Ceanne -a#ointe s(est trom#e, dit
elle. lle ne #eut #as avoir reconnu Cose#4
rem!la'. Bl #araWt #eut@tre un #eu !iarre
7uand on ne le connaWt #as, mais il est inca#a!le
de !rutaliser et de voler une vieille femme.
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X aiton jamais, mademoiselleI R articula
tran7uillement le #olicier et il ajouta L Q Pour le
moment, nous faisons une en7u@te, nousn(accusons #ersonne. R
Bl commena son interro+atoire. on
coll"+ue avait sorti un carnet et #renait des
notes.
>me %4antecVur retrouvait son calme. lle
s(em#ressa de dire 7u(elle connaissait Cose#4
rem!la' de#uis #lus de vin+t ans.
Q BB avait 4uit ans, racontatelle, 7uand je
l(ai vu #our la #remi"re fois. >on mari et moi
0
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tions maris de#uis #eu, nous venions de
nous installer dans cette maison. %elleci, oU
nous sommes encore. Cose#4 et ses #arents4a!itaient la maison ct. ous sommes
devenus tr"s amis. En an a#r"s notre
emmna+ement, les #arents de Cose#4 se sont
tus en voiture. En accident #ouvanta!le.
Cose#4 tait dans la voiture. Bl a t !less la
t@te. Kuel7ues mois #lus tard, alors 7u(on lecro'ait rta!li, il a eu sa #remi"re crise
d(#ile#sie. %omme vous le save, messieurs,
c(est une maladie effra'ante. Cadis, on l(a##elait
le haut mal, sans doute #arce 7ue, durant les
crises, le malade sem!le 4a!it #ar le dmon.
nsuite, il ne se souvient #as de l(tat dans le7uel
il tait. Bl redevient normal. R
>me %4antecVur ferma les 'eu6 un instant,
#uis elle re#rit L
Q Cose#4 a t !ien soi+n, les crises se sont
es#aces. a +randm"re l(levait. lle l(adorait.Kuand elle est morte, il est rest seul dans le
#etit lo+ement 7u(elle #ossdait, il ne s(est #as
mari. Pauvre +aronI Bl est #ourtant coura+eu6,
il a !eaucou# travaill. >ais c4a7ue fois 7ue les
+ens dcouvrent 7u(il est #ile#ti7ue, il #erd son
travail. es crises sont
1
5/21/2018 Aubry Ccile Poly 17 Poly Au Quebec 1982
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devenues rares, 4eureusement, mais 7uand
elles arrivent elles effraient tout le monde. &lors
il s(isole. >al ada#t la socit, il ne s(attac4e7u( 7uel7ues #ersonnes, celles 7ui ne se mfient
#as de lui. Bl aime surtout les enfants, les
animau6. Bl ne leur fait jamais aucun mal. -es
enfants l(adorent et les animau6 ne le crai+nent
#as. Bl se sent #roc4e d(eu6. R
>me %4antecVur eut un sou#ir. llecontinua L
Q Gcemment, mon mari l(a aid trouver un
em#loi dans une #a#eterie. Co est
manutentionnaire. Bl est si +rand et si fort 7u(il
#eut #orter sans fati+ue des #oids normes. on
em#lo'eur sem!le tr"s satisfait de son travail.
Foil tout ce 7ue je sais de Cose#4 rem!la',
messieurs. ;n le dit un #eu innocent, il est
4andica# d(une certaine faon, mais c(est un
!rave +aron. Ce suis de l(avis de ma fille L il est
inca#a!le de faire le mal. Bl ne #eut #as avoircommis une action aussi atroce, r#u+nante, 7ue
d(atta7uer et voler une #ersonne A+e. Fous le
verrie, vous en serie convaincus. Pour7uoi ne
l(interro+evous #asJ
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X ous ne l(avons #as trouv c4e lui, dit
+ravement celui des #oliciers 7ui #arlait le #lus
et ne #renait #as de notes. ;n le rec4erc4e. RBB ' eut un silence.
Q BB n(est #as c4e luiJ murmura enfin >arie.
Ku(estce 7ue a #rouveJ
X Pas +randc4ose, mademoiselle, r#li7ua
le #olicier. t #ourtant... il sem!le 7u(il n(ait #as
#ass la nuit son domicile. %ela le rend tr"ssus#ect. R
4omas rencontra le re+ard de Penn', elle lui
fit un si+ne. Personne ne le remar7ua L Penn' et
4omas taient tro# jeunes #our 7ue leur
tmoi+na+e ait la moindre im#ortance. -es
#oliciers ne s(intressaient #as eu6.
Penn' entraWnait 4omas vers la #orte de la
cuisine, celle 7ui donnait sur le jardin. Kuand ils
furent de4ors, l(a!ri des re+ards indiscrets, ne
#ouvant @tre entendus de #ersonne, Penn', se
#enc4ant vers 4omas, lui c4uc4ota l(oreille LQ Pol'. Pol' sait la vrit. Ce suis sre 7u(il a
vu des tas de c4oses cette nuit. & nous de
com#rendreI R
4omas c4erc4a des 'eu6 son #one'. Pol'
3
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tait tout au fond du jardin, #r"s du #ortail.
Paisi!le, il sem!lait +uetter les rares voitures 7ui
#assaient.Q BB a #eut@tre vu, murmura 4omas, mais
a nous avance 7uoiJ Bl ne sait 7ue 4ennir. %e
n(est #as la meilleure faon de tmoi+nerI R
Penn' 4aussa les #aules.
Q BB sait, affirmatelle. Ce te le r#"te L
nous de com#rendreIX %om#rendre 7uoiJ
X Ce ne sais #asI %(est justement le
#ro!l"me rsoudre.
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X u t(ima+ines 7ue Pol' est #lus fort 7ue
la #oliceJ
X ;ui, 4omas. D(une certaine mani"re ilest #lus fort... s(il a t tmoin de ce 7ui s(est
#ass cette nuit. u sais !ien 7ue le +rand Co
avait une sorte d(adoration #our lui. Bls
taient tr"s souvent ensem!le. %om!ien de fois
estil arriv Pol' d(aller c4erc4er le +rand Co
la sortie de l(usineJ Co 7ui avait toujours desfriandises #our luiJ
X u crois 7ue Pol' saurait oU trouver CoJ
X ;ui. R
Penn' resta silencieuse un instant avant
d(ajouter L
Q u com#rends, il ne suffit #as d(@tre
#ersuads 7ue le +rand Co n(est #as cou#a!le. Bl
faut le #rouver. t #our le #rouver, il faut d(a!ord
le retrouver. %(est luim@me 7ui #eut se justifier.
Bl a srement... comment a##elleton aJ
X En ali!iJX %(est a. Bl dira la #olice oU il tait cette
nuit, des +ens #ourront tmoi+ner 7u(il tait
au#r"s d(eu6, et voil, ce sera fini, il sera 4ors de
cause. u es d(accord #our aider le +rand CoJ
X =ien srI dit 4omas.
*
5/21/2018 Aubry Ccile Poly 17 Poly Au Quebec 1982
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X &lors, murmura Penn' en re+ardant
Pol', c(est ton #one' 7ui va nous +uider. %(est lui
7ui tient la clef de l(ni+me.X r"s #ossi!le, murmura 4omas. >ais
#as vident. R
Penn' tourna vers lui un visa+e souriant L
Q Ce me demande si, au Ku!ec, mal+r nos
+ratteciel et nos +rosses voitures, nous ne
sommes #as #lus r@veurs 7ue vous autres en5rance. Fos vieilles cat4drales devraient vous
#ousser vous envoler vers le ciel et vous @tes
#arfois affreusement terre terre. R
4omas riait L
Q e fais #as de +nralits, c(est toujours
idiot.
X stce 7ue tu admets 7u(un #one' #uisse
rendre vidente l(innocence d(un sus#ectJ
X Pour7uoi #asJ
X &lors a va, tu commences devenir
#o"te R, dit Penn'.Bls taient com#lices et 4eureu6 en ce
dimanc4e ensoleill. Bls savaient !ien, #ourtant,
7u(un drame avait eu lieu cette nuit. Ene
innocente vieille femme avait souffert. -(#reuve
serait difficile su##orter l(A+e
)
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de Ceanne -a#ointe. Peut@tre mourraitelle
de l(odieuse aventure. -e ou les cou#a!les
restaient li!res. %elui 7ue l(on sou#onnait n(taitsans doute #as le vrai res#onsa!le.
Kue d(injustice de tout ctI
Penn' et 4omas se re+ard"rent, ils n(avaient
#lus envie de rire.
Q Fiens R, dit !rus7uement 4omas.
t tous deu6 coururent vers le #one'.
H
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III
-ors7ue 4omas et Penn' voulurent le
caresser, Pol' #iaffa d(im#atience.
Q D(accord, dit 4omas, on a %om#ris etcette fois, on est #r@ts. Fas', mon !on4omme,
on te suit. R
Pol' se ecouaS un lon+ frmissement le
#arcourut, de la t@te la 7ueue. Bl 4ennit, se
8
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redressa sur ses jam!es arri"re, retom!a sur
les sa!ots de devant, secoua encore la t@te et,
d(un seul cou#, il #artit. Bl filait au trot dans larueS clac, clac, clac, clac, clac, faisaient les #etits
sa!ots. Ge#u et dsaltr, Pol' retrouvait des
forces nouvelles.
Q /laI cria Penn' a#r"s 7uel7ues secondes
de course. DoucementI
X & ce r't4me nous n(irons #as loin R,souffla 4omas dj 4aletant.
Pol' ralentit un #eu le trot, ce 7ui #ermit
ses deu6 amis de le rejoindre. -e jour ne
dissi#ait #as cette c4aleur lourde 7ui avait rendu
la nuit touffante. >ais maintenant 7ue le soleil
montait, l(air devenait #lus sec. >al+r cela on
trans#irait au moindre effort. Pol' tait dj
mouill sous sa crini"re, au creu6 de son #oitrail.
Penn' et 4omas sentaient couler la sueur dans
leur dos, sur leur #oitrine.
Q %(est +aiI sou#ira 4omas. i a continuecomme a... R
BB em#oi+na la crini"re de Pol'.
Q 5ais comme moi, Penn', conseillatil. Bl
va nous servir de locomotive, nous serons moins
fati+us.
9
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X >ais lui le sera !eaucou# #lusI R o!jecta
Penn'.
lle courut ce#endant de l(autre ct du#one' et saisit une #oi+ne de crins. -a crini"re
!ouriffe tait si touffue 7ue les mains de
4omas et de Penn' se #erdaient dans cette
masse !londe.
Q i on me tirait les c4eveu6 d(une faon
#areilleI... s(cria Penn'.X e t(in7ui"te #as, r#li7ua 4omas. Pol'
est moins douillet 7ue toi. D(ailleurs, nous ne lui
faisons aucun mal. R
-e #one', en effet, ne sem!lait #as souffrir
d(@tre tiraill, il ne refusa #as son aide. 5lan7u
de ses deu6 amis accroc4s lui, il #oussa
l(allure. Bl commena m@me +alo#er et il tait
#res7ue facile de courir la m@me vitesse, du
moment 7u(on ne lAc4ait #as la crini"re. Penn' et
4omas avaient l(im#ression de volerI
Pol' les entraWna jus7u(au !out de la rue. Bltourna +auc4e, lon+ea la maison de la famille
=er+eron, #uis celle des aut4ier 7ui se trouvait
en face de celle des %4ar!onneau. ous des
amisI >ais Pol' ne s(arr@tait #as.
*0
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BB tourna droite, encore +auc4e, attei+nit
enfin cette #etite maison 7ui com#renait, comme
celle des %4antecVur, un jardin. Devant la +rille,il ' avait un attrou#ement. -es +ens discutaient.
Pol' s(arr@ta.
Q Pense, disait une dame, il suffisait de
casser un carreau une fen@tre #our entrer c4e
elle.
X %(est !ien vrai, r#ondit un vieil 4omme.Pauvre CeanneI lle avait confiance, elle ne
vo'ait le mal nulle #art, jamais je ne l(ai vue se
!arricader, elle ne fermait m@me #as ses volets.
X Pauvre CeanneI entendit encore 4omas.
X Pauvre >me -a#ointeI
X Ene si +entille +emmeI
X Ene si !onne voisineI
X -a voil l(4#ital, maintenant. En c4oc
#areilI %(est se demander si elle s(en remettra.
Kui a #u faire aJ Kui a #u oser malmener et
voler une #auvre vieilleJX >oi, dit une voi6 de crcelle, je n(ai
jamais aim Cose#4 rem!la'. %(est un
4omme 7ui me fait #eur. Kuand je le vo'ais
tourner autour de mes enfants...
X Fous accuse un innocent, madame
*1
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a+non, cria Penn'. Fous devrie avoir
4onte. R
BB ' eut un silence. -es !adauds seretournaient vers les deu6 enfants et le #one'.
Q &4I s(e6clama enfin >me a+non. C(en ai
le souffle cou#. -a #etite effronteI %(est toi 7ui
devrais avoir 4onte, Penn' %4antecVur, de te
m@ler de ce 7ui ne te re+arde #as. Ce n(accuse
#ersonneI Ce sou#onne. Foil tout. -e +rand Coest asse s#cial, tout le monde me l(accordera. Bl
a l(es#rit dran+, une force #eu commune, et
c(est un malade. Kui #eut dire le contraireJ
X out le mondeI r#li7ua sans se laisser
dsaronner cette Q effronte R de Penn'. Co a t
malade, il ne l(est #lus. Bl n(a #as l(es#rit dran+
et sa force n(a rien 7ui #uisse #rovo7uer autre
c4ose 7ue l(admiration.
X coutelaI +la#it >me a+non.
on #"re n(est jamais l, sa m"re lui #asse tout et
voil le rsultat L une mc4ante +osse, malleve. R
-es larmes venaient au6 'eu6 de Penn', la
col"re lui nouait la +or+e. 4omas lui #rit la
main L
Q (insiste #as, viens R, ditil.
*2
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>ais Penn' n(entendait #as se laisser faire.
a main s(c4a##a de celle de 4omas. Pendant
la #etite foule, elle vint se #lacer devant >mea+nonS elle levait le ne et aussi son re+ard
ardent vers la femme mai+re 7ui la re+ardait L
Q Personne n(a le droit de sus#ecter Cose#4,
ditelle, et sa voi6, !ien 7u(assure, trem!lait un
#eu tant son motion tait +rande. Personne n(a
le droit de dire du mal de lui sim#lement #arce7u(il est #lus +rand, #lus fort 7ue les autres et
sim#le d(es#rit au !on sens du terme. Ce suis
#eut@tre mal leve, madame a+non, et j(ai tort
de vous #arler sur ce ton, a c(est vrai. >ais je
me mets en ra+e 7uand j(entends dire 7ue le
+rand Co #eut ou #ourrait @tre res#onsa!le de ce
7ui s(est #ass cette nuit. Foil.
X FoilI sin+ea Culie a+non. coutelaI
lle se croit tout #ermis. R
Penn' allait 4urler on ne sait 7uelle
im#rcation lors7u(une main ferme lui saisit le!ras, ce 7ui lui cloua le !ec. -a main solide la
tirait, la renvo'ait vers 4omas en m@me tem#s
7u(une voi6 sv"re lui c4uc4otait l(oreille S
*3
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Q aistoi, Penn'. u n(o!tiendras rien de
cette vilaine c4i#ie, elle a le cVur dur et la voi6
ai+relette. >ais dans un sens, elle a raison Lm@letoi de ce 7ui te re+arde. R
%(tait Gomo, Gomo -an+lois 7ue Pol',
4omas et Penn' connaissaient !ien #uis7ue,
d"s 7u(il avait un dimanc4e ou une soire li!res,
il les #assait la maison. Gomo -an+lois tait
em#lo' dans une entre#rise de trans#orts, ilconduisait des #oids lourds normes et il tait
amoureu6 de >arie %4antecVur. entiment
tendre 7ue #arta+eait sans doute >arie. >ais
#our rien au monde elle ne l(aurait avouI lle
disait L Q GomoJ &4 ouiI il est +entil. R es
confidences s(arr@taient l.
Penn' e6#dia Gomo un re+ard noir L Q Ce
n(ai #as le droit de dfendre CoJ R Gomo lui fit
si+ne de #arler moins fort, il lui serrait le !ras au
#oint de lui faire mal. Q Bnutile de #arler de lui
#our le moment, ditil. %e n(est #as une !onnefaon de lui rendre service. u sais com!ien il
est vulnra!le. (il entend dire 7u(il est la ci!le
de tous les racontars du 7uartier, il ne reviendra
#as c4e lui, il se cac4era je ne sais oU et, #our le
*
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**
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cou#, il sera vraiment sus#ect. &lle, Penn'.
Fa jouer avec 4omas et Pol'.
X CouerJ s(cria Penn'. u nous #rends#our des im!ciles, des d!iles ou des !!sJ u
em#loies de drles de mots, #ar moments,
Gomo. CouerI ous avons autre c4ose faire, je
te le jure.
X =onI fit Gomo. e te fAc4e #asI Kuel
caract"reI &rran+evous comme vousvoudre, mais ne reste #as ici. R
Penn' allait r#ondre en lan+a+e vert 7ue
l(as#4alte de la rue a##artenait tout le monde et
7u(elle s(' #rom"nerait autant 7u(elle le voudrait,
lors7ue 4omas, son tour, l(em#oi+na #ar le
!ras.
Q/I s(criatil. Pol' est #arti, re+ardele, il
file sans nous. R
Penn', aussitt, #i7ua un s#rint, non sans
lancer #ardessus son #aule L
Q i tu laisses accuser un innocent, Gomo,jamais tu n(#ouseras ma sVur. R
-e jeune 4omme leva les !ras au ciel, 4aussa
les #aulesS #ourtant, il riait.
Q atane fille, mau+ratil. lle sera
toujours la m@me. R
BB adorait Penn', #ensait 7u(elle serait la
*)
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#lus dlicieuse des !ellessVurs, mais
trouvait 7u(elle avait la t@te un #eu #r"s du
!onnet. &utrement dit, Gomo se demandait siPenn' cesserait un jour de se com#orter comme
une corneille a!at des noi6, de #asser en trente
secondes du rire la fureur et ice ersa, de se
laisser em#orter dans des col"res folles 7ui,
4eureusement, cessaient aussitt. -e
tem#rament de Penn' tait #lutt vifI Q %(estsi+ne de !onne sant R, son+ea Gomo. Bl n(tait
#as loin de donner raison Penn', du moins en
ce 7ui concernait son anti#at4ie #our l(acer!e
>me a+non, toujours #r@te mdire de
c4acun, 4ar+neuse et s"c4e de cVur. -uim@me,
Gomo, ne #ouvait #as souffrir Culie a+non. Bl
se retourna vers elle L
Q &llons, ditil, nous #erdons notre tem#s,
ici. %e n(est #as notre #rsence 7ui va faire
dcouvrir les cou#a!les ni +urir de son c4oc
nerveu6 la #auvre >me -a#ointe.X iens, tiensI s(cria Culie -a#ointe et sa
voi6 dure cla7ua dans l(air comme un cou# de
fouet. oi aussi, Gomo, tu te crois o!li+ de
dfendre ce triste individu 7u(est Cose#4
rem!la'J ans doute #arce 7u(il est l(ami des
%4antecVur et 7ue tu fr7uentes >arieI
*H
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u crois 7ue je ne vous ai #as vus, tous les
deu6, !ras dessus !ras dessous, dimanc4e der
nier dans les alles du #arcJ RGomo avait rou+i, il sentait la moutarde lui
monter au ne L
Q Kue vous a fait le +rand Co, madame
a+non, #our 7ue vous le dtestie ce #ointJ
demandatil.
X Bl ,ne m(a rien fait et je ne le dteste #as,r#ondit la voi6 ai+re. >ais j(ai toujours dit 7ue
cet 4ommel tait dan+ereu6. Bl n(est #as
normal. Ce l(ai vu se #romener un jour avec un
moineau #os sur le dos de sa mainI Bl marc4ait
au milieu des voitures, roucoulant des 4istoires
ce #auvre moineau 7ui tait fascin et ne
s(envolait #as. R
BB ' eut des rires. -e re+ard froce de Culie
a+non !ala'a la foule.
Q Pas de 7uoi rireI lanatelle. Bl ' a
lon+tem#s 7ue le +rand Co devrait @tre dans unasile #s'c4iatri7ue ou dans une maison de sant.
Bl n(a #as sa #lace #armi nous. %e n(est #as sa
faute s(il est malade et demeur, mais je le
r#"teL il est dan+ereu6. ;n ne sait jamais %e 7ui
#eut +ermer dans un es#rit dtra7u. R
Des 4ommes et des femmes 4oc4aient la
*8
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t@te autour d(elle. Pas mal de +ens, dans
l(assistance, lui donnaient raison.
Gomo 4aussa les #aules et s(en alla. r"stout, il n(avait #as discuter avec les 7uel7ues
affams de catastro#4es 7ui se trouvaient l. t
#uis on tait dimanc4eI Gomo avait le cVur en
f@te, son #atron venait de lui cder #our #res7ue
rien une camionnette d(occasion. stce 7ue
>arie acce#terait une #artie de #@c4e dans unjoli coin, au#r"s d(un lacJ i la #artie de #@c4e
ne lui convenait #as, on #ourrait rouler en
voiture, visiter les 3H 00 4ectares de la Gserve
Coliette, aller m@me jus7u( aint>ic4eldes
aints, #our7uoi #asJ Bl fallait #artir de !onne
4eure, #as de tem#s #erdreI
Pol' trottait dans une rue, non loin de la
maison de Ceanne -a#ointe et de ce
rassem!lement de curieu6 7ui continuaient couter la malveillante Culie a+non tout en
c4an+eant des #enses #lus lu+u!res les unes
7ue les autres.
De nouveau #endus la crini"re !londe,
4omas et Penn' se laissaient entraWner. -e
*9
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#one' d#assa le +rand immeu!le en 4autdu7uel se trouvait le modeste lo+ement de
Cose#4 rem!la' L deu6 #i"ces et une cuisine.
Q &rr@tonsnous, cria Penn'. &llons voir si le
+rand Co est rentr c4e lui. R
>ais Pol' continua, tout droit, sans 4siter.
Bl 4umait l(air et trottait rsolument. Bl #araissaitvident 7u(il avait un !ut.
Q i on le lAc4e, dit 4omas, il ne nous
attendra #as et on ne le trouvera #lus. u vois
!ien 7u(il a une ide dans la t@teI R
%ertes, il sem!lait en avoir uneI Bl tait
)0
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m@me curieu6 de constater 7uel #oint cette
ide le #oussait L il allait en li+ne directe vers un
lieu #rcis. >ais le7uelJ Bl filait sur le trottoir,c(tait tout juste s(il ne !ousculait #as les #itons.
Kuel7uesuns riaient, les autres #araissaient
a4uris ou furieu6. 4omas et Penn' renonc"rent
tenir la crini"re. & trois, ils taient tro#
encom!rants sur un trottoir. Pol' allait devant.
Penn' et 4omas couraient derri"re le #one' etn(en #ouvaient #lus. /aletants, !out de souffle,
ils ne #arvenaient #lus c4an+er un mot, se
contentaient de suivre, mettant toutes leurs
forces dans leurs jam!es, essa'ant de ne #as se
laisser distancer.
Pol' #rofita d(un feu rou+e #our traverser le
!oulevard. Kuel !oulevardJ ;n a!ordait un
7uartier de Coliette 7ue Penn' ne connaissait 7u(
#eine et 4omas #as du tout. Pol' fonait
toujours, mal+r les 7uoli!ets et les interjections
7ue lanaient certains conducteurs furieu6 ouamuss L
Q t alorsI %(est le cir7ueJ
X Pas la #eine de courir, les enfants, vous ne
le rattra#ere #asI R
Pol' +alo#aitI ;n #ouvait ima+iner 7u(il
)1
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s(tait c4a## d(un oo, d(un man"+e, d(un
#arc. %omment les automo!ilistes et les #itons
a4uris auraientils #u #enser 7u(il conduisait toutsim#lement deu6 de ses amis vers un !ut dont ils
i+noraient tout, mais 7ui, #our le #one', sem!lait
facile atteindre et #rcis J
Pol' o!li7ua !rus7uement dans une rue 7ue
lon+eait une #alissade. -, il ralentit. t enfin, il
marc4a au #as. Bl soufflait tr"s fort, les narinesdilates. Bl n(' avait #res7ue #ersonne dans cette
rue. ur la #alissade, un +rand #anneau indi7uait
des travau6 en cours, le nom d(une entre#rise.
>ais on tait dimanc4eI 4omas et Penn',
essa'ant de re#rendre leur souffle, s(taient
immo!iliss, re+ardant les +rues immo!iles dont
ils a#ercevaient, audessus de la #alissade, les
!ras #uissants, les lourdes articulations.
Pol' lon+eait la #alissade. 4omas et Penn'
se d#@c4"rent de le rattra#er. -e #one'
s(en+a+ea, sur la droite, dans une sorted(im#asse, elle aussi !orde des deu6 cts #ar
une clture, mais de +rilla+e, cellel. ;n vo'ait,
au travers, un immense terrain va+ue avec de
+rands trous creuss, des monta+nes de terre
)2
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ct, des en+ins normes monts sur
c4enilles 7ui taient a!andonns l.
Pol' trotta vers le fond de l(im#asse. Enelon+ue c4aWne tendue entre les deu6 cltures
em#@c4ait d(aller #lus loin. t si on avait eu
envie d(enjam!er la c4aWne ou de #asser dessous,
un #anneau !ien en vue annonait L
D&GI%/&BG D %;GE%B;
4cc#s interdit
Pol' m#risa cette mise en +arde. =aissant la
t@te, #lo'ant un #eu les jam!es, il #assa sous la
c4aWne. nsuite il se retourna et 4ennitS il invitait
Penn' et 4omas le suivre, mais eu6 lui
jetaient des re+ards a#eurs.
Q Geviens tout de suiteI ordonna 4omas.
Feu6tu venir, Pol'I u ne t(ima+ines #as 7ue
nous allons te suivre ldedansI Pour tom!erdans un trou ou recevoir je ne sais 7uoi sur la
t@teJ
X Bl insiste, murmura Penn'. Ge+ardele... Bl
s(nerve de nouveau. R
Pol' #iaffait, ruait, tournait sur luim@me. n
#roie, comme cette nuit, une im#atience
)3
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ou une col"re folles, il +rattait le sol,
soufflait furieusement.4omas re+arda autour de lui L #ersonne. Pas
de maisons 4a!ites, aucun #assant...
Q (il nous arrivait un accident, on ne
#ourrait a##eler #ersonne, ditil. Kui nous
entendraitJ R
Penn' 4aussa les #aules.Q Pour7uoi veu6tu 7u(il nous arrive un
accidentJ Bl suffit de faire attention. ous
n(avons 7u( suivre Pol', il n(est #as asse !@te
#our se jeter dans un trouI t #uis on se tiendra
loin de ce d!ut de construction, l!as.
)
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;n ne #assera #as sous les +rues. u viensJ
>oi, j(' vais.
X on, Penn'.X iI R
%ette ent@te de Penn' se !aissait dj #our
#asser sous la c4aWne. lle rejoi+nit Pol' 7ui
n(attendit #as 4omas #our s(en+a+er #lus
#rofondment dans le dan+ereu6 c4antier.
4omas les a##ela, mais rien n(' fit L ilscontinuaient. Bl fallait !ien les suivre #our les
em#@c4er de faire tro# de sottisesI
Pol' avanait doucement, #rudemment.
Q u vois, dit Penn'. Bl n(est #as fouI Bl veut
nous montrer 7uel7ue c4ose.
X Ce ne te dis #as le contraire, mau+ra
4omas. >ais tout de m@me, un endroit
#areil... R
Bls contourn"rent un +rand trou #r#ar sans
doute #our recevoir ce 7ui serait #lus tard le
soussol d(un immeu!le, des +ara+es. Bl fallutescalader un norme amas de terre et de +laise
7ue les +ros en+ins c4enilles n(avaient #as
encore tal. Pol' alla jus7u(au6 +rues, il #assa
entre des arcades de !ton... En futur
su#ermarc4J 4omas et Penn' ne c4erc4aient
#as ima+iner ce 7ue seraient
)*
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ces constructions, ils avaient un #eu #eur. -a
curiosit les o!li+eait ce#endant suivre le
#one' 7ui #assait maintenant derri"re un murconstruit en +ros !locs de ciment. %(tait rude et
asse sinistre comme dcor. Bl ne marc4ait #lus,
il trottait. t tout cou#, il dis#arut l(an+le du
mur. 4omas et Penn' l(entendirent 4ennir. Bls se
re+ard"rent, in7uiets. Puis ils se mirent courir
#our rejoindre le #one'.Kuand, enfin, ils a#erurent de nouveau
Pol', ils rest"rent mduss. -e dcor, ici, leur
#araissait insens L un amas de ferrailles tordues,
des +ravats. %ela ressem!lait une dc4ar+e
#u!li7ue, c(tait affreu6. Pol' tait l, au#r"s
d(un entassement de toutes sortes d(o!jets
#rovenant des maisons dmolies, de lo+ements
anciens 7ui allaient @tre reconstruits. >ais #our
le moment c(tait d(une tristesseI
4omas devint !rus7uement tr"s #Ale.
Q Pr"s de Pol', murmuratil, re+ardeIKu(estce 7ue c(estJ R
-e #one' s(tait immo!ilis. Bl !aissait le ne
vers une forme allon+e.
Q ;n dirait... un cor#sI c4uc4ota Penn',
#ouvante.
X -e !louson... articula 4omas, la +or+e
))
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s"c4e. -e !louson de CoIX >ais non, souffla Penn' 7ui #ouvait
#eine #arler. out le monde #orte des !lousons de
ce +enre. Pour7uoi veu6tu 7ue ce soit celui du
+rand CoJ R
Penn' se sentait inca#a!le de faire un #as de
#lus. 4omas lui #rit la main.
Q Fiens, ditil. Kue ce soit Co ou un autre, il
faut voir si c(est un mort ou un vivant, et si c(est unvivant, il faut lui #orter secours.
X t si c(est un mortJ articula Penn', la voi6
c4avire.
X i c(est un mort, il faudra #rvenir la
#oliceR, affirma 4omas 7ui voulait se montrer
coura+eu6, mais dont la voi6 c4evrotait.Bls avanc"rent, le cVur !attant tr"s fort. Kuand
ils eurent rejoint Pol', ils rest"rent fi+s, ne
#ouvant dtac4er les 'eu6 de ce cor#s allon+
7u(ils reconnaissaient.
%(tait le +rand CoI >ais dans 7uel tatI -e
visa+e tumfi, la !ouc4e en san+.Penn' sentait sa t@te tourner, elle faillit
s(vanouir. 4omas se !aissa, il touc4a la main du
+rand Co.
Q Bl vitI R s(e6clamatil.
Penny sentait sa tte tourner. -5
)H
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-e +rand Co !less, mais iant 1 Penn'
retrouva tout son coura+e. lle s(accrou#it au#r"s
de 4omas, elle caressa doucement les c4eveu6 de
l(4omme inanim, elle sortit un mouc4oir #our lui
essu'er la !ouc4e.
Q Co... murmuratelle. Pauvre +rand CoI Kue
t(estil arrivJ Kue t(aton faitJ ;uvre les 'eu6, je
t(en su##lie. CoI %(est nous, tes amis... R
lle #leurait. t !rus7uement, levant les 'eu6vers 4omas, elle cria L
Q BB faut un mdecin, 4omas, une am!ulance,
viteI %ours c4erc4er du secoursI R
taitce le son de cette voi6 amie 7ui rveillait
enfin le +rand CoJ Bl entrouvrit les 'eu6. Des 'eu6
!leus comme le ciel d(aujourd(4ui. t il souriaitinnocemment, on et dit 7u(il mer+eait d(un
son+e. Bl essa'a m@me de se redresser, mais cela
lui arrac4a un +missement de douleur, sa t@te
retom!a, il referma les 'eu6. Bl avait sa conscience,
#ourtant, #uis7u(il essa'ait de #arler. e !aissant
#lus encore, 4omas et Penn' c4erc4aient ca#terles mots #eine murmurs. Bls entendirentL
Q (a'e... #as #eur. %e... n(est rien. oif...
C(ai... soif... R
;U trouver !oire #our Co dans ce dsertJ
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I"
Q ;u 4a!ite DlimaJ R demanda tout cou#
4omas.
Penn' le re+ardait sans com#rendre L Q
Pour7uoi #arlestu de DlimaJ X Parce 7ue c(estune fille !ien, on #eut lui faire confiance. lle
est la meilleure amie de ta sVur, elle connaWt Co,
elle l(aime !eaucou# et #uis surtout, elle est
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mdecin. lle saurait 7uoi faire #our lui.
X >decinJ lle n(est encore 7u(tudiante.
X Ene tudiante en mdecine, dans le cas#rsent, c(est mieu6 7ue rien.
X Ce te dis, 4omas, 7u(il faut #rvenir la
#olice ou l(4#ital. R
-es 'eu6 fi6s sur le +rand Co 7ui sem!lait
s(@tre vanoui de nouveau, 4omas secoua la
t@te. Penn' lui jeta un cou# d(Vil sv"re LQ u as #eur #our CoJ & cause de ce 7ui s(est
#ass cette nuitJ oi aussi tu le crois cou#a!leJ
X =ien sr 7ue non. >ais je #ense 7u(il
n(est #as en tat de se dfendre, il r#ondrait
n(im#orte 7uoi si on l(interro+eait. R
Penn' 4aussa les #aules.
Q &vant de #enser son futur interro+atoire,
ditelle, il faudrait d(a!ord le soi+ner et, #our
commencer, lui donner !oire. u te dcides,
4omasJ Fa c4erc4er de l(eau. ;u !ien reste
au#r"s de Co, si tu veu6 et moi, je...X Dlima 4a!ite tout #r"s d(ici, cou#a
4omas. u te souviensJ c4e toi, l(autre jour,
elle disait 7ue des fen@tres de son studio elle ne
voit #lus 7u(un c4antier et 7ue !ientt, au
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lieu des vieilles maisons de jadis, elle aurait
des !uildin+s sous le ne 7ui lui !ouc4eraient la
vue. lle #arlait du c4antier de l(entre#rise=ourassa, j(en suis srI
X 5ourassa, murmura Penn'. C(ai vu ce
noml 7uel7ue #art.
X ur la #alissade. -e +rand #anneau, tu te
ra##ellesJ
X >ais ouiI... u as raison, 4omasI %e7ue je suis !@teI Ce me re#"re, maintenant. Pol'
a fait des tours et des i+a+s... en fait, nous ne
sommes #as loin de c4e nous. t tout #r"s de
c4e Dlima.
X u vas la c4erc4erJ >oi, je ris7ue de me
#erdre, je ne suis jamais all c4e elle... Dislui
7u(elle #renne sa voiture #our trans#orter Co. R
Penn' frona les sourcils L Q u crois
vraiment 7ue...
X ;ui, Penn'.
X t si Dlima n(est #as c4e elleJX &lors nous serons !ien o!li+s de
#rvenir la #olice.
X -(4#ital, surtoutI
X Ta reviendra au m@me. andis 7ue
Dlima...
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X =on, cou#a Penn', j(' vais. Feille !ien sur
Co en attendant. R
Penn' s(lana.Q &ttention au6 trous R, cria 4omas.
Pol' 4sita un instant. Bl voulait
accom#a+ner Penn', mais en m@me tem#s ne #as
7uitter le +rand Co et 4omas. =rus7uement, il se
dcida, il #artit au trot, rejoi+nit Penn' 7ui
courait. Bl s(a##roc4a d(elle, la #oussa du neSune faon de lui dire L Q &ttra#e ma crini"re,
comme tout l(4eure. R Penn' em#oi+na une
touffe de crins et 4omas se sentit un #eu #lus
rassur L avec Pol', elle ne ris7uait rien. Bl les
re+arda dis#araWtre derri"re le mur de ciment,
#uis son re+ard revint Co.
-e #auvre Co re#renait de nouveau
conscience. Bl essa'a d(entrouvrir les 'eu6, les
referma. Bl marmonnait des c4oses
incom#r4ensi!les. De ses l"vres meurtries,
+onfles, sortaient des sons inarticuls. 4omastenait sa main, il la serra un #eu.
Q e t(in7ui"te #as, Co, murmuratil.
=ientt, tu seras dans un !on lit, on te soi+nera,
tu te sentiras mieu6. R
BB lui sem!la 7ue la main de Co se cris#ait un
#eu. ntendaitilJ %om#renaitilJ Bl !auc4a
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l(om!re d(un sourire et cela fit du !ien
4omas L Co ne #araissait #as souffrir. on
souffle se fit r+ulier, tran7uille... il n(tait #asvanoui, il dormait.
Penn' courait le lon+ de la #alissade et Pol'
trottait au#r"s d(elle. Bl s(a+issait de trouver cetteruelle... Fraiment, le 7uartier avait c4an+ de#uis
7u(on avait a!attu les vieilles maisonsI Bl ' avait
lon+tem#s 7ue Penn' n(tait #as venue c4e
Dlima, elle ne reconnaissait rien. -!as, #eut
@tre, cette rue, juste en face du #anneau
indi7uant le nom de l(entre#riseJ ;ui, c(tait l.
Dlima 4a!itait juste au coin.
Penn' re#ra la maison. >aintenant, elle la
reconnaissait L trois ta+es, un as#ect un #eu
vieillot... -e studio de Dlima se trouvait au
troisi"me.Q &ttendsmoi, Pol', reste devant la #orte R,
dit Penn'.
lle entra. Ddai+nant l(ascenseur, elle
monta l(escalier. lle s(tonnait de ne rencontrer
#ersonne, ni dans la rue tout l(4eure, ni dans cet
escalier. taitce #arce 7ue les +ens
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se rveillent tard le dimanc4e matinJ ;u
#arce 7u(ils #artent en :ee?endJ Q ant mieu6IR
se disaitelle. >ais Dlima seraitelle c4e elleJPenn' sonna au troisi"me. &ussitt, elle
entendit des #as derri"re la #orte et elle en
#rouva une +rande joie.
Q %(est moi, c(est Penn'I R lanatelle.
-a #orte s(ouvrit aussitt, laissant a##araWtre
la mince sil4ouette et le joli visa+e de Dlima7ui souriait.
Q Kuelle !onne sur#riseI s(criatelle.
=onjour, ma c4rieI R
-es deu6 filles s(em!rass"rent. Dlima avait
di6neuf ans, l(A+e de >arie, et elle tait
Bndienne. on accent la fois +uttural et
c4antant, son visa+e tr"s t'# lui donnaient un
c4arme dlicieu6.
Q ntre viteI Ce #renais mon #etit djeuner, le
caf est c4aud. n veu6tuJ
X >erci, Dlima, je n(ai #as le tem#s, ditPenn'. ous avons !esoin de ton aide, je venais
te c4erc4er. R
t sans autre #ram!ule, Penn' ajouta L
Q 4omas, Pol' et moi, nous venons de
trouver Cose#4 rem!la', l!as, dans le
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c4antier en face de c4e toi. Bl est !less. -a
#olice le rec4erc4e cause de...
X Ce sais, murmura Dlima dont le visa+etait devenu an6ieu6. Ce suis au courant, ta sVur
vient de m(a##eler. >arie m(a dit 7ue la #olice le
rec4erc4e #our l(interro+er. %(est tout juste si on
ne le sou#onne #as d(avoir...
X ;ui, oui, c(est a, cou#a Penn'. t
justement cause de ces stu#ides sou#ons,4omas #ense 7u(il ne faut #as #rvenir la
#olice. stce 7ue tu ne #ourrais #as soi+ner
Co, DlimaJ i on #ouvait l(amener c4e toi...
-e tem#s 7u(il re#renne des forces, tu
com#rendsJ R
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-es larmes montaient au6 'eu6 de Penn'.
Q u sais !ien 7u(il est ca#a!le d(avouer
n(im#orte 7uoi si on l(interro+e. u le connaisICe t(en su##lie, Dlima, aidele, aidenous. R
-a jeune fille secoua ses c4eveu6 noirs, ses
'eu6 allon+s en forme d(amande eurent une
e6#ression effra'e L
Q u te rends com#te de ce 7ue tu me
demandes JX ;ui, murmura Penn', je sais, nous ne
res#ectons #as la loi. >ais l(amiti, c(est l(ami
ti, nonJ stce 7ue tu ne veu6 #as aider le
+rand CoJ
X =ien sr 7ue siI s(e6clama la jeuneBndienne. >ais... R
lle n(ac4eva #as, elle #araissait
!ouleverse.
Q =on, ditelle tout cou#, allons'. R
-aissant Penn' sur le #as de la #orte, elle
courut vers sa salle de !ain. n m@me tem#s,elle #osait des 7uestions L
Q u dis 7u(il est !lessJ
X ;ui, r#ondit Penn'. &u visa+e. %omme
HH
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s(il avait reu des cou#s de #oin+. Bl a ouvert
les 'eu6 et il a dit 7u(il avait soif.
X Bl est tr"s #AleJX &sse, oui. Peut@tre 7u(il a #ass toute la
nuit dans ce c4antierI
X Fa dans la cuisine, Penn'. Bl ' a un sac
#endu au dossier d(une c4aise. Gem#lisle de
tout ce 7ue tu verras sur la ta!le. u trouveras
une !outeille vide dans le #lacard, mets du cafdedans et !ouc4ela. (ou!lie #as le sucre.
Pendant ce tem#s, je #r#are une trousse
avec ce 7u(il faut #our soi+ner les !lessures de
Co. C(es#"re 7ue ce n(est #as tro# +rave, sinon je
ne #ourrai rien #our lui, il faudra avertir un
mdecin. R
n 7uel7ues minutes, tout fut #r@t L
victuailles, !oisson et trousse d(ur+ence.
-(essentiel. Dlima cla7ua la #orte de son studio,
se #rci#ita dans l(ascenseur, entraWnant Penn'.
En instant #lus tard, sa voiture dmarrait ausoussol, #uis +rim#ait la ram#e 7ui menait vers
la sortie. & #eine arrive dans la rue, elle vira en
faisant crisser les #neusS Dlima a##u'ait sur
l(acclrateur, fonant +rande allure vers la
c4aWne 7ui !arrait l(entre du c4antier. Pol'
+alo#ait derri"re.
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En cou# de frein sto##a la voiture devant la
c4aWne et Pol', em#ort dans l(lan, faillit !uter
contre la carrosserie.Q BB faut ouvrir R, dit Dlima.
lle sauta de la voiture. Penn' aussi. lles
#arvinrent dcroc4er la c4aWne 7ui tom!a sur le
sol avec un +rand !ruit. rente secondes #lus
tard, la voiture roulait dans le c4antier, mais
cette fois derri"re Pol' 7ui servait de +uide.4omas les vit arriver. Coli s#ectacleI Pol'
+alo#ait au milieu des monta+nes de terre, des
trous et du !ton. -a voiture suivait et on avait
l(im#ression 7u(elle faisait des !onds. ant #is
#our les amortisseursI ;n devait @tre !ien, l
dedansI Penn' sautait sur son si"+e, Dlima sur
le sien, mais elle tenait ferme le volant et
a##u'ait toujours sur l(acclrateur, le moteur
vrom!issait. En nua+e de #oussi"re se formait
derri"re la voiture 7ui fit un dernier !ond et le
moteur cala, deu6 m"tres de 4omas et du+rand Co toujours allon+.
Dlima sauta de la voiture, courut vers eu6,
sa trousse la main. lle lana un va+ue !onjour
4omas et s(a+enouilla #r"s du !less. lle #rit
un #oi+net, #uis l(autre.
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Q -e #ouls est normal R, ditelle.
Co ouvrit les 'eu6, la reconnut. Bl lui sourit.
%(tait #lutt un rictus tant le visa+e taitdform, les l"vres +onfles. Dlima essa'a de
#laisanter L
Q &llon+, tu #arais encore #lus +rand 7ue
de!out, CoI >ais je te #rf"re de!out. ssaie de
!ou+er tes jam!es. R
BB essa'a. Dlima l(aidait.Q Gien de cass de ce ctl, ditelle. -es
!ras et le dos, maintenant. u #eu6 te souleverJR
Co fit un effort, il #arvint s(asseoir. 4omas
le soutenait, Penn' aussi et Pol', +entiment,
s(efforait de le #ousser du ne.
Q Ta va, dit Dlima. t la t@teJ u as tr"s
malJ
X =ofI R fit le +rand Co.
Bl tourna la t@te, d(un ct, de l(autre, la
#enc4a en arri"re, en avant. Dlima eut un rire.
lle re+arda Penn', #uis 4omas et lanajo'eusement L
Q Ce crois 7ue je vais #ouvoir le remettre
d(a#lom!. Pr#arelui du caf !ien sucr,
Penn'.R
-ors7ue Co eut aval le caf encore ti"de,
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son re+ard s(veilla, il se sentait !eaucou#
mieu6. Bl man+ea et ce fut #res7ue une
rsurrectionS il voulait se mettre de!out.Q &ttends R, dit Dlima.
lle lui lava le visa+e, e6amina ses #laies.
Q Kui t(a mis dans cet tatJ demandatelle.
u t(es !attuJ Gacontenous ce 7ui s(est #ass.
%omment estu arriv dans ce c4antierJ R
Co ne r#ondait #as. Bl #romenait un re+ardtonn sur le c4antier, comme s(il le dcouvrait.
Q Ku(estce 7ue je fais lJ murmuratil
enfin. ;U estceJ
X out #r"s de c4e moi, r#ondit Dlima.
u venais me voirJ ssaie de te souvenir... ;Utaistu, cette nuitJ u n(as #as dormi c4e toiJR
Co secoua la t@te. on visa+e tumfi se
cris#ait tant l(effort 7u(il faisait #our se souvenir
tait +rand. Bl secoua encore la t@te.
Q Ce ne sais #as, ditil. Ce ne sais #lus. R
on re+ard erra encore sur le mur deciment, l(amas de +ravats et de dtritus, de
ferrailles tordues, #uis le m@me re+ardmal4eureu6 se #osa sur 4omas, sur Penn',
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sur Dlima, s(attarda enfin sur Pol'. En
sourire naissait, comme un es#oir.
Q -ui, dit le +rand Co, lui je l(ai vu. Bl estvenu me c4erc4er la #a#eterie.
X Ta lui arrive souvent, dit 4omas. >ais
4ier il n(a #as #u le faire #arce 7ue c(tait samedi
et le samedi tu ne travailles #as.
X Ce l(ai vu, r#ta le +rand Co avec une
sorte d(ent@tement. Bl tait avec moi.X %ette nuitJ su++ra Penn'. Fous vous
@tes #romens ensem!le #endant la nuit,
n(estce #asJ -e tem#s tait lourd, tr"s c4aud et il
' avait un !eau clair de lune. u te souviens, CoJ
X En !eau clair de lune R, r#ta Co d(une
voi6 #eine audi!le.
;n et dit 7u(il r@vait.
Q Ce ne sais #as ce 7ui lui est arriv, dit
Dlima, mais il est encore sous le c4oc. Ce vais
l(emmener c4e moi, il faut 7u(il dorme. Kuand il
sera !ien re#os, je #ense 7ue la mmoire luireviendra. R
Co #arvint monter dans la voiture. nsuite,
c4e Dlima, il #rit l(ascenseur. ;n l(installa sur
le divan, dans le studio. Pendant
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7u(il dormait, Pol', 7ui attendait en !as,
trottait d(un !out l(autre de la rue, il trouvait letem#s lon+. -4aut, Penn' et 4omas le
#assaient, ce tem#s, comme ils #ouvaient.
Dlima faisait un #eu de mna+e, ran+eait,
s(occu#ait.
&u !out de deu6 4eures, Co se rveilla. Bl
tait en #leine forme, ou #res7ue. En #eu mal#artout, mais rien de +rave. >al4eureusement, la
mmoire ne revenait 7ue #artiellement. Bl se
souvenait #eu #r"s de ce 7ui s(tait #ass dans
la soire L il raconta 7u(il
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avait dWn c4e lui, tout seul comme
d(4a!itude. t #uis il s(tait install sur son lit
#our lire un livre 7ue lui avait #r@t >me%4antecVur. nsuite, il avait teint la lumi"re. &
cause de la c4aleur, il ne #arvenait #as dormir.
Bl faisait nuit lors7u(il entendit le !ruit des
sa!ots de Pol' dans la rue. Bl se ra##elait ce
!ruit... Bl tait descendu #arce 7u(il #ensait 7u(il
#ourrait se #romener un #eu avec le #one', #uisle raccom#a+ner jus7u(au jardin des %4antecVur,
le mener son curie, et fermer le #ortail en
re#artant.
Bl se souvenait d(avoir marc4 dans les rues
avec Pol', de lui avoir donn les morceau6 de
sucre 7u(il avait em#orts dans sa #oc4e. on
souvenir le menait jus7u( cette rue oU 4a!itait
Ceanne -a#ointe L Pol' s(tait nerv. Bl ' avait
une voiture arr@te au !ord du trottoir, avec un
4omme dedans. En autre 4omme tait sorti de
c4e la vieille >me -a#ointe et Co s(taitdemand 7ui #ouvait lui rendre visite une
4eure aussi avance de la nuitJ Bl tait !ien deu6
4eures du matin.
-e rcit de Co s(arr@tait l. nsuite, #lus rien.
;n avait !eau le 4arceler, le 7uestionner, son
re+ard s(attristait et il ne r#ondait #lus.
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& #ro#os des deu6 4ommes 7u(il avait vus,
celui 7ui sortait de c4e >me -a#ointe et l(autre
7ui tait rest dans la voiture, il ne #ouvait dire7ue des c4oses tr"s va+ues L
Q %elui 7ui tait dans la voiture avait un lon+
ne. %elui 7ui sortait de c4e >me -a#ointe
#ortait des jeans et un !louson de toile crue
comme le mien. Bl tait tr"s +rand et lar+e
d(#aules. Pas tout fait aussi +rand 7ue moi,mais #res7ue. R
Penn', 4omas et Dlima se re+ardaient,
atterrs. i Co ne se souvenait #as de ce 7ui
s(tait #ass apr#s, 7ui croirait sa version
rocam!oles7ueJ Ene #romenade nocturne avec
le #one', la rencontre X justement devant la
maison de la vieille dame 7ui avait t moleste
et vole X avec des inconnus dont l(un
ressem!lait tran+ement Co luim@meJ %(tait
insens. En vrai conte. Ene coYncidence
effarante, ou un menson+e.-a #olice croirait #lutt un menson+e.
Co devait aller #lus loin dans ses rvlations,
ou !ien il tait #erdu.
Pourtant, Penn' et 4omas cro'aient son
8*
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4istoire. Bls racont"rent Dlima leur
aventure de la nuit, vers trois 4eures du matin,
l(nervement de Pol'. Bls insistaient LQ Pol' a tout vu, dit 4omas. %(est lui le vrai
tmoin. R
Dlima rflc4issait L convaincre la #oliceJ
&vec un #one' #our seul tmoinJ -e rcit des
deu6 enfants n(a##ortait #as +randc4ose, celui
du #rsum cou#a!le le mettait en cause au lieude le discul#er. &lorsJ Kue faireJ
-e +rand Co #osait sur elle un re+ard
tellement naYfI Pauvre CoI Bl i+norait l(affreuse
accusation 7ui allait !ientt #eser sur lui. Bl ne
fallait #as l(effra'er. Dlima lui #rit la main.
Q Ge#osetoi, Co, ditelle doucement.
&llon+etoi sur le divan et dors encore un #eu.
e t(in7ui"te de rien. u as d avoir une crise,
cette nuit. a maladie...
X Ene crise, r#ta tristement Co. ;ui, c(est
a, une crise. t a#r"s je ne me souviens #lus derien. C(ai d tom!er. R
es 'eu6 s(em!u"rent de larmes L
Q Ce n(avais #lus de crises de#uis lon+tem#s,
Dlima. -e docteur m(avait dit 7ue... j(allais !ien.
Ce me cro'ais +uri. R
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-a jeune Bndienne #osa une main sur le front
du +rand Co. Q e te tracasse #as.
X t mon travailJ stce 7ue je vaisencore le #erdreJ stce 7u(on va m(envo'er
l(4#italJ
X aistoi, Co. u es tran7uille, ici. (aie
#as #eur. u as toute la journe #our te re#oser et
tu es entour d(amis. Geste calme, ne #ense
rien. RDlima effleurait de sa main le front de Co,
elle lui #arlait comme un enfant.
Q &llon+etoi. ssaie de dormir. R
BB o!issait. Bl s(tendit sur le divan et ferma
les 'eu6. =ouleverss, Penn' et 4omas le
re+ardaient. Bl tait tellement mouvant de voir
ce +rand cor#s 7ui n(aurait d @tre 7ue force et
sant rduit cet tat de fai!lesseI -ors7ue le
souffle de Co se fit r+ulier, Dlima fit si+ne
4omas et Penn' de la suivre. lle sortit de la
#i"ce, referma la #orte derri"re elle et entraWnases jeunes amis vers la cuisine.
lle se laissa tom!er sur une c4aise. lle
cac4ait son visa+e dans ses mains.
Q &4 nonI s(cria Penn'. i tu te mets
#leurer, toi aussi...
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X Ce ne #leure #as, dit Dlima. C(essaie de
com#rendre. R
lle resta silencieuse un instant, #uis, levantun re+ard calme vers Penn' et 4omas, elle dit L
Q Ce vais le faire dis#araWtre. R
Penn' et 4omas rest"rent muets. ffars, il
contem#laient la jeune Bndienne.
Q Dis#araWtreJ articula enfin 4omas. Ku(est
ce 7ue tu veu6 direJ R
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"
&vec son re+ard ni+mati7ue, Dlima
ressem!lait un s#4in6. %omment voulaitelle
faire dis#araWtre le +rand CoJ Par un cou# de
ma+ie indienneJ Des ides sau+renueseffleuraient l(es#rit de 4omas et celui de Penn'.
-e rire de Dlima les rconforta.
Q & 7uoi #ensevous J demandatelle. Fous
en faites une t@teI
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X %(est cette... cette Q dis#arition R de Co
7ui nous intri+ue, !redouilla Penn'. Kue vastu
inventer #our luiJ u acce#tes de le +arder c4etoi, je su##ose. inon, oU se cac4eraitilJ R
Dlima fi6a son re+ard dans celui de Penn',
#uis dans celui de 4omas L
Q e c4erc4e #as savoir. Fous @tes venus
me trouver, n(estce#asJ Fous ave rclam mon
aide. 4 !ien, je #rends la res#onsa!ilit de Co.- oU je l(enverrai, il sera l(a!ri. e m(en
demande #as davanta+e. Ce vous aime
!eaucou#, mais je ne veu6 rien vous dire de #lus.
D(ailleurs, il vaut mieu6, #our nous tous, 7ue
vous ne so'e #as au courant. R
BB aurait t vain d(insister L Dlima tenait
+arder le secret sur ses intentions.
Q -e #rinci#al est 7ue Co ne soit #as jet en
#rison, dit 4omas.
X %(est e6actement ce 7ue je #ense R,
r#li7ua Dlima.lle avait un #etit air t@tu 7ui ins#irait le
res#ect. lle faisait #reuve d(une !elle
dtermination, 4omas en fut asse satisfait. Bl
jeta un cou# d(Vil Penn', 7ui 4oc4a la t@te, et il
com#rit 7u(elle #arta+eait son o#inion L on
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#ouvait faire confiance Dlima, elle
#rot+erait Co. r"s !ien. >ais comment le
#rot+eraitelleJ >'st"re.Q ssa'ons d(ima+iner ce 7ui s(est #ass cette
nuit, dit Dlima. =ien entendu, nous #artons du
#rinci#e 7ue Co est innocent.
X %(est vident, affirma Penn' avec
vi+ueur.
X Peut@tre, re#rit Dlima, mais il faut le#rouver. Donc, #our le moment, ce n(est 7u(un
#rinci#e ou une su##osition.
X Bl avait !ien le droit de se #romener dans
la rue avec Pol', fit remar7uer 4omas. >@me
deu6 4eures du matin. R
Dlima eut un +este a+ac.
Q e m(em!rouille #asI C(essaie de
reconstituer les faits et j(ima+ine le reste L il se
#rom"ne avec Pol'. Bls arrivent tous les deu6
#r"s de la maison de Ceanne -a#ointe. -(4omme
X le v
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